Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Quand le Jazz est là...

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Flux RSS 978 messages · 61.861 lectures · Premier message par denpasar · Dernier message par speedy67

  • Sinon, je signale le festival de jazz au PMC au mois de juillet. On peut y voir des très grosse pointures. Alors certes, c'est pas très underground, mais voilà, y a moyen de se faire plaisir. C'est là que j'ai vu Grapelli, Petrucianni, Brubeck, etc.. Par contre, faut compter 20 € environ lorsqu'on est étudiant.... :-'
  • Pour ceux qui oseront s'aventurer dans ma ville Championne de France de Hockey :D

    Jazz à Mulhouse
  • Tiens, rachma, j'y étais aussi au concert de Petrucianni... Y'avait presque personne, du coup on avait pu se placer où on voulait! Et le Vitus à la basse, la grande classe...

    A part ça, BMS rules B-) , même si à long terme ça ruine les platines, leurs disques sont un peu cracra... =;
  • rachmaninov a écrit :
    Grapelli, Petrucianni,


    Alors les 2 là, qu'est-ce que je regrette de pas avoir été les voirs en concert :((
  • Punaise, ta remarque vaut pour beaucoup de noms figurant dans ce topic :(( :((
  • denpasar a écrit :
    Punaise, ta remarque vaut pour beaucoup de noms figurant dans ce topic :(( :((


    hehe...
    "Petruciani, brubeck..." sans-doute plus pour les autres d'ailleurs :-s
  • Hop, je mets une petite photo de la dédicace (d'un recueil de partitiondu "Maitre") que m'a faite Dave Brubeck à la "mi-temps" de son concert en juin dernier. B-) :D/


    http://server3.uploadit.org/files/rachmaninov-autographe.jpg
  • Nous avons donc affaire à Antoine Rachmaninov :-B
  • Dave Brubeck à vraiment une écriture de chien!
  • A ne pas rater sur Stras...

    THE ROUGH JAZZ WEEKS
    du 21 avril 2005 au 5 juin 2005

    20h30, Café des Anges, entrée 4 euros.

    Vendredi 29 avril
    LA FANFARE EN PETARD
    Fanfare festive déambulatoire. Mobile, agile, la bande rugissante distille un groove compact parsemé d'humour et d'ironie. Abase de Funk Ska Jazz et autres traditionnels de l'est de l'Alsakistan !
    Leur site

    Bon, c'est des amis, donc je suis pas super objectif, mais ça vaut vraiment le coup, sont de super zikos et on de l'humour, le tout avec un pur groove qui arrache.
    A découvrir ou revoir, bon moment garanti !!! (+) (+)

    Vendredi 6 mai
    TRIPLE FACE
    Laissant la part belle à l'improvisation, ces jeunes musiciens strasbourgeois vous convient à un cocktail électrique 220V qui mélange courants alternatifs et vibrations acoustiques.

    Ici, un trio trompette-basse-batterie plus classique que la Fanfare, à ne pas manquer cependant. D'ailleurs le trompettiste est celui de la Fanfare, et le bassiste un ancien de La Space Family. Ok, c'est aussi des potes, mais c'est des bons ! (+)

    De bons moments en perspective...
  • nicofanrcs68 a écrit :
    Dave Brubeck à vraiment une écriture de chien!

    C'est vrai que le père Dave écrit comme une burne, étonnant que ces mêmes doigts jouent encore divinement bien du piano :-'
  • je viens de chopper du Art Tatum, je n'ai donc pas encore grand chose à dire... mais il me semble que c'était là le pianiste reconnu par tous les grands comme plus Grand encore.

    Avez vous des choses a dire a ce sujet
    met d'm racing
    We are The Champion
  • Hop, voici le programme du 16ème jazz festival de Strasbourg, du 28 juin au 2 juillet 2005.

    programme

    Perso, je pense aller voir la soirée du jeudi avec Di Battista et McCoy Tyner ( (+) ) ainsi que la soirée du samedi ( Dee dee Bridgewater).
  • Mais oui, complètement, Di Battista et McCoy allez-y tous! (et n'oubliez pas d'allumer un cierge (ou un fumi :o) ) en mémoire de JC.

    http://www.musthear.com/new%20gallery/Jazz/Artists/TynerMcCoy/Tyn...

    http://www.jazzinamerica.org/images/photos/full/69.jpg
  • Libé sort aujourd'hui un hors série consacré au jazz de ces trois dernières décennies, accompagné d'un cd 12 titre pour la somme de 10 euros.

    Du bon son pour les jazzeux et une excellente découverte pour les novices, en passant par la fête des pères... ;)

    Tiré à 50000 exemplaire, ce numéro sera vendu pendant 2 mois. A vos kiosques!
  • http://www.jazzinmarciac.com/images/version5/intro.jpg

    Jazz in Marciac, avec quelques belles soirées en perspectives =P~

    c'est par ici
  • Je suis de retour du PMC. Voici un petit CR du concert de ce soir.

    1ère partie : Stefano di Battista et son quartet pour un hommage à Charlie Parker dont on "fête" le 50ème anniversaire de la disparition.

    http://www.nga.ch/sits/Jazz%20Gallery/J.%20Horns%20Frames/images/...

    Le saxophoniste italien alterne les standard à l'alto ou au soprano, en faisant preuve d'une belle virtuosité et d'une belle complicité avec ses musiciens. On sent que les 4 larrons prennent du plaisr. Di Battista n'hésite pas à communiquer avec le public, prenant le micro entre les morceaux, ironisant sur son mauvais français (alors qu'il le parle très bien...). Je reconnais les titres Laura, A night in Tunisia entre autre. Puis le public applaudit aux premières notes d'un voluptueux Round around midnight :x que di Battista, facétieux et séducteur dédie "aux femmes... et puis aux hommes... mais surtout aux femmes !" .
    Le clou de cette partie, c'est le rappel : Un Mack the knife (extrait de l'Opéra de Quat'sous de Brecht...) époustouflant, très chaloupé et swingué. Le public devient le centre du morceau un instant en sifflant le thème, accompagné par le batteur. Magique (+)

    Entracte : je vais dans les loges pour saluer di Battista et chercher un ptit autographe. Le quintet de Mc Coy Tyner s'échauffe et salue le quartet qui vient de sortit. Ambiance internationale... L'italien est très sympa, on échange quelques mots :)

    2ème partie : Mc Coy Tyner avec Ravi Coltrane, le "fils de"... Prestation d'un bon niveau, j'ai bien apprécié un morceau aux sonorités orientales, avec un solo de contrebasse époustouflant : le bassiste sait tout faire : slapper, y compris avec l'archet retourné, tirer des sanglots de son instrument en jouant avec l'archet de façon classique...
    La prestation du quintet est plus pro et un peu moins chaleureuse que la 1ère partie. Tyner présente ses musiciens avec une voix de bluesman venue d'outre tombe ! :O
    Fin du concert, Tyner qui semble pressé de partir fait néanmoins 2 rappels dont un blues fort sympa (+)

    http://www.jazzhouse.org/jpg/nart/skopje/10.McCOY_TYNER.jpg

    Bilan : pour moi le meilleur moment était la 1ère partie, plus léger, plus drôle, plus d'émotion... Une bonne soirée dans l'emsemble, avec deux bassistes en grande forme ! (+)
  • rachmaninov a écrit :
    Entracte : je vais dans les loges pour saluer di Battista et chercher un ptit autographe. Le quintet de Mc Coy Tyner s'échauffe et salue le quartet qui vient de sortit. Ambiance internationale... L'italien est très sympa, on échange quelques mots :)


    Comment ca se passe pour s'incruster (avec succes) dans les loges et tapper la discutte avec Di Batista? Tu etais en possession d'un pass? Ou alors a l'arrache? Ou le resultat d'un numero de seducteur aupres d'une ouvreuse? :'>
  • Non, aucun piston, il suffit de savoir où est la porte pour accéder aux loges. IL y a écrit Entrée interdite dessus, mais en fait on peut entrer sans problème. Peu de gens connaissent le truc, du coup à chaque fois que j'y vais on n'est pas très nombreux et les artistes sont disponibles :)-
    Humer l'ambiance de la loge est un truc à faire je crois ;)
  • KEITH JARRETT, pianiste, compositeur, aussi exigeant avec ses auditeurs qu'avec lui-même, se livre avec humour et lucidité. -

    "Le Swing est toujours un accident"




    C'EST UNE ZONE de petites résidences patriotiquement fleuries, sous les porches, de bannières étoilées. New Jersey très vert. Les villages portent des noms de vieille Europe : Oxford, Bayonne, Aberdeen... Le rendez-vous avec Keith Jarrett tient du jeu de piste, d' Objectif Lune et des rendez-vous secrets. Au bout du compte, la Highway 78 finit par mener quelque part. Un rien d'attention suffit à deviner l'arbre sur lequel est cloué le petit panneau indiquant le numéro 7 (celui de la maison). Il faut batailler pour dénicher le bouton blanc planqué sur le tronc d'un chêne : c'est lui qui commande la grille. Demi-tour vers la station-service du bled qu'on vient de traverser. Le rendez-vous est à 15 heures. Il est moins 8 : inutile de commencer par des contrariétés. L'artiste, on vous le serine assez, est susceptible, caractériel, intransigeant, diva bonne pour le divan. A l'heure pile, il ouvre : T-shirt de chaleur, jean, forêt, un ours y fait des siennes, sourires, deux heures de grande élégance. Keith Jarrett parle d'abondance, rit comme un enfant, pratique l'autodérision avec classe, aime jusqu'à s'en rendre malade la musique et les musiciens. Il est cultivé, élégant, caustique, et traque la pensée exacte. En deux heures, pas une pointe contre un confrère ou un style.

    Vous êtes un musicien underground pour grand public...

    C'est la situation idéale, non ? Sérieusement : je veux obtenir des harmonies de ce que je vois, de nuages qui se croisent. Un photographe dirait : « Tiens ! ce serait super qu'ils s'arrêtent là, je les pren drais. » Mais le nouveau moi, celui qui vient de publier Radiance -son nouvel album- en solo, est en train de dire : « Si les nuages s'arrêtent, ce ne sont plus des nuages. » Prenez Allan Pettersson. C'est un compositeur maladroit au bon sens du terme ; un compositeur pas contrôlé au point où tout devient trop parfait : peu lui importe si quelque chose ne fonctionne pas tout à fait. Une partie de sa musique est très, très difficile à écouter ; et puis d'un coup, quelque chose prend, juste au moment où vous n'y croyez plus : « Waow ! »

    Votre dernier album, Radiance, sonne si différent de tout ce que vous avez fait avant...

    Cela me fait plaisir. On me dit parfois que les dix-sept variations qui composent Radiance se ressemblent. Non seulement elles ne se ressemblent pas entre elles, mais elles ne ressemblent à rien.

    Comment vous êtes-vous préparé ? Dans l'improvisation pure ?

    Partons de ma maladie, deux longues années, ce que les médecins appellent le « syndrome de fatigue chronique ». Cet arrêt m'a donné du temps pour réfléchir et écouter mes enregistrements antérieurs. J'ai commencé à les détester à un point, non ! Vous ne pouvez pas vous figurer... J'ai cru aussi que je ne rejouerai jamais ; que ce serait un miracle si je pouvais jouer. Je voyais que je n'avais jamais assez bien dit ce que je cherchais à dire.

    Quand j'ai commencé à sortir de mes troubles, de mon empêchement, j'ai repris en trio. Le trio avec Gary Peacock : contrebasse et Jack DeJohnette : batterie, c'est la base, le repère. Je ne pensais plus jouer en solo, en raison de toute l'énergie dont j'aurais besoin pour donner un concert... Voilà qu'en 2001 mon producteur au Japon me propose ceci : « Nous aimerions que vous jouiez dans n'importe quelle formule, trio ou ce que vous voulez, mais c'est pour le 150e concert au Japon ; est-ce qu'il y a quelque chose de spécial que vous aimeriez faire ? » C'est le concert de Tokyo auquel vous avez assisté.

    Formidable !

    Vraiment ? Mon énergie n'était pas encore correcte : je considérais cet acte comme une expérience... De retour à la maison, je me suis mis à me préparer en improvisant. Chaque fois : « Non, je n'aime pas cela ; cette musique est vieille, ce n'est plus ce que j'entends... » Voilà ce que je me disais : « Je suis dans des habitudes du passé. » Je jouais : « Mais pourquoi ai-je joué cela ? Ce n'est plus ce que je sens à l'instant. Comment m'en débarrasser ? »

    Donc, je m'arrêtais tout simplement chaque fois que cela m'arrivait : d'où ces séquences de dix minutes qui font le principe de Radiance. Si les gens comparaient Radiance avec le concert de Cologne, je répondrais que Cologne est baroque, ce sont des variations sur les moyens. Radiance n'a rien de répétitif ni de redondant. Même s'il y a des traces de mélodie, l'intention est d'aller plus loin. Comme si j'avançais en permanence, comme si je me déplaçais, même pendant les sections séduisantes auxquelles le public pourrait se raccrocher comme à des chansons.

    C'est une spirale qui commence en un lieu, avec des rapports qui se prolongeraient à l'infini, jamais identiques ni bouclés.

    Quels sont ces moments que vous appelez des moments de transformation ?

    Que serait le but de la musique, sinon ? Je n'en sais rien. Dans la composition, ce qui ne va pas, c'est que le corps n'est pas impliqué. Tu es assis avec ton crayon et ta gomme. Les interprètes d'un côté, les compositeurs de l'autre : ont-ils vraiment l'occasion de se transformer ?... Quand je ramène une bande chez moi, soudain je deviens celui qui écoute. Je me mets à avoir des préférences. Mais quand il me faut écouter quarante fois, cinquante fois la bande, certaines sections que je n'aimais pas deviennent absolument égales aux sections que je croyais bonnes.

    En scène, à quoi sentez-vous qu'une improvisation free est terminée ?

    Quelque chose de mystérieux se produit, je ne sais pas l'expliquer. Sur Radiance, il s'est passé un événement intéressant : quelqu'un a toussé dans le public et...

    Vous détestez ça, non ?

    Ça dépend. De fait, dans ce cas, la toux me signalait la fin ! Je jouais ce morceau très soft et je me disais « Je ne sais pas si je dois continuer ; ce serait peut-être mieux si j'en finissais. » J'hésitais ; et il y a eu cette espèce de... toux, un peu comme « Non, merci, c'est terminé ! » Du coup, c'est parti d'un fa vers un ré, et c'était bon.

    Vous pensez énormément en jouant. Pendant votre préparation, vous avez vos livres avec vous, vos philosophes ?

    Parfois, oui. Ces derniers temps, je me suis retrouvé assez libre à la maison. J'ai lu A New Kind of Science, un gros bouquin, du genre que l'on trouve sur une table basse... Comme il s'agissait d'informatique, je pensais ne jamais devoir m'y intéresser. Or : vous donnez un nombre fini de règles simples à un ordinateur, vous fabriquez une grille ; après des milliards et des milliards de calculs, des modèles rappliquent. La théorie de l'auteur : si vous commencez par des règles très simples, il arrive un moment où vous ne les reconnaissez plus, ce n'est même pas un modèle, cela devient horriblement complexe et puis c'est aléatoire. Si vous établissez des règles un peu plus complexes, l'ordinateur s'enlise toujours plus dans ses modèles.

    J'aimais cette idée, parce que c'est ce que j'éprouve en studio. Si je laisse mes mains jouer, mes seules règles sont : « Ne dis pas non à l'harmonie, ne dis pas non à la dissonance... » C'est une règle plus simple que de dire « Tiens, je vais jouer quarante-cinq minu tes. » La première fois que je me suis arrêté sans que le public applaudisse, c'était trop fort : j'étais donc capable de continuer mon expérience de studio avec des gens présents dans la salle. Les applaudissements tuent les pensées précédentes. Tout ce que tu as à espérer, c'est d'avoir terminé au moment des applaudissements. Je crois qu'il n'y a que les Japonais qui se sentent à l'aise quand ils n'applaudissent pas. Ils se disent : « On ne sait pas quoi faire, donc, ne faisons ri en. » C'est ce que j'attends de tous les publics.

    Les peintres zen passent soixante ans à ne pas peindre ! Et soudain, un truc d'un coup de brosse. C'est ça. -Rire-. L'analogie est parfaite. Cela dit, ce n'est pas tellement vrai dans notre culture ni dans la vôtre. Ça n'arrive jamais dans la culture américaine ! Y a-t-il une culture américaine, d'ailleurs ?

    Vous laissez une grande place au hasard, à l'accident, dans le jeu ?

    Oui, les accidents sont essentiels.

    Les accidents, c'est ce qui arrive...

    Vous voulez dire quand on joue ?

    Quand vous jouez, vous n'attendez pas l'accident, c'est quelque chose comme une erreur invitée.

    Sans doute. Vous ne pouvez pas faire de faute si vous êtes dans le bon état d'esprit. Vous ne pouvez pas commettre d'erreur musicale si vous êtes préparé à des résultats plus importants que vos attentes. -Rire-. Dans ce contexte on pourrait en faire la définition d'une erreur. Quelque chose de plus grand que ce que vous auriez choisi serait une erreur.

    Vous avez beau être musicien et jouer d'un instrument, faire de la musique n'est pas aussi simple que cela. Un accident, donc... Le swing, par exemple, c'est toujours un accident ; il est impossible pour Gary et Jack et moi de nous installer en disant : « Tiens ! ici, on va swinguer... » On peut essayer ; on sait comment faire. On sait surtout quand ça arrive, mais on ne peut pas faire en sorte que ça se produise dans telle salle, à tel moment, devant tel public. Le swing, c'est très, très... Il faut totalement lâcher prise pour swinguer...

    Un soir, à Boston, on joue le blues. Il y avait un tel swing... En sortant de scène après ce blues, Gary fait le signe de croix devant moi et il me dit : « Waow, Keith, va-t'en, va-t'en ! Ç'a été le moment le plus swinguant de toute ma vie... Jamais je n'ai rêvé de pouvoir swinguer autant. Jamais je ne pensais le ressentir aussi fort que lorsque j'étais avec Mi les. »

    Il me demande une copie. Je le préviens : « Tu sais, Gary, il est possible que ce swing ne soit même pas sur la bande ! - Non, ce n'est pas possible ! » Je vais plus loin : « Je prends toujours les bandes et je les ramène chez moi ; j'écoute toujours des trucs que je croyais fantastiques... Et pour cause d'un équilibrage étrange, d'un son, ou d'un rapport singulier entre les instruments, ou parce que tout simplement tu n'es plus là... ça ne marche plus. La bande ne traduit plus le swing. - D'accord, écoute le swing de Boston, tu me diras. »

    Je l'ai écouté. Je l'ai rappelé : « Gary, le swing n'est pas sur la bande ! »

    Que se passe-t-il avec le trio ? C'est une équation ? un rapport analytique ? un courant d'électricité ?

    Eh bien, c'est la différence entre... être avec sa famille et passer du bon temps, tu vois ? Essaie d'imaginer une famille qui pourrait te faire passer un bon moment, il faut commencer par là ! Le trio, c'est un micro-organisme ; c'est un rendez-vous avec du sang. Chacun doit savoir quelque chose tout le temps : c'est l'inconvénient. Côté positif, en solo, personne n'a besoin de savoir quoi que ce soit, à aucun moment, moi compris. Même en trente ans avec des étudiants, je ne saurais comment expliquer mes règles de fonctionnement. Elles sont scellées en moi à une telle profondeur... Le vrai problème avec le solo, c'est qu'il n'y a que toi pour comprendre ce que tu fais !

    C'était pareil à Paris, au Caméléon, en 1970, avec Aldo Romano et Jean-François Jenny-Clark ?

    Non, encore heureux ! Je ne jouais pas suffisamment bien pour m'en inquiéter. Et le piano, ciel ! Mais c'étaient des moments formidables. Un soir, Aldo ne peut pas venir. Il est pris. Je savais qu'un autre bassiste, Gus Nemeth, était en ville. J'écris toute la nuit pour deux contrebasses. Je tiens la batterie. J'adore jouer de la batterie.

    Si j'avais un enregistrement de ça... Pas d'accords, rien, pas de mesure, on jouait comme des monstres, on a passé une nuit fantastique.

    C'est le moment où Miles Davis est venu vous écouter ?

    Il ne savait pas ce qu'on faisait, mais il nous aimait.

    Et vous, vous saviez ce que vous faisiez ?

    C'est sauter d'une falaise. C'est l'acte que les musiciens trouvent si difficile : sauter sans savoir où tu vas atterrir. C'est le point pour lequel Miles avait du respect. Il me disait : « Comment fais-tu ça ? » Quand j'ai rejoint son groupe, en scène, quand je sautais dans le vide avec quelques autres, il s'arrêtait et nous écoutait. Il se tenait accroupi. Il semblait heureux.

    Vous dites qu'à l'époque free, il y avait des musiciens qui ne savaient pas jouer de leurs instruments, et ça n'avait aucune importance...

    Mais oui, Giuseppe Logan, par exemple. Son nom me revient à l'instant ! Quand j'étais adolescent, mon plus jeune frère, Chris, déconnait au piano. Il ne savait rien du piano, et je me disais, « Waow ! Un type qui connaîtrait l'affaire ne jouerait pas ces trucs ! »

    Dans les années 1960, le monde avait besoin qu'on le bouge. Ornette Coleman, Don Cherry, l'ont bougé rien qu'en y allant. Albert Ayler arrivait. Depuis Coltrane et Pharoah Sanders, on jouait sans béquilles. C'était comme un manifeste politique : « Pourquoi pas ? Pourquoi pas ceci ? Dites-moi, pourquoi pas ? »

    Alors, connaître ou pas l'instrument... Epoque formidable...

    Pour autant, quand vous reprenez la route en trio avec des standards, c'est à contre-courant ?

    C'était un non-conformisme d'époque. Les producteurs n'en voulaient plus. Tout le monde jouait des compositions originales. Gary et Jack me disaient : « Mais on a joué When I Fall In Love plus de cent fois ! - C'est vrai, mais jamais ensemble ! »

    Quel est votre lieu ? Le classique, le jazz ?

    Partout. Avec des racines dans le classique, où, il y a très longtemps, il y avait beaucoup d'improvisation. La technique, c'est le classique. La liberté, le risque, le terrain philosophique, c'est le jazz. Franchement, que se passerait-il sans jazz ? Ce serait comme un cadre de tableau sans le tableau.

    On vous prétend difficile avec les questionneurs, les photographes...

    Ecoutez, il y a dix ans, un photographe vient d'Allemagne pour un magazine. J'étais OK. Il entre dans mon studio. Il parle normalement de choses et d'autres. Et soudain : « Ze que ze veux - zezi peut zembler bizarre, mais z'ai zette vision de toi nu à l'intérieur de ton piano... - Casse-toi de chez moi, putain, j'ai répondu. Ta vision, tu peux te la garder ! » -Rire.-

    Vous parlez de liberté, de risque et d'accidents, et votre vie paraît très carrée, calme...

    Oh, elle n'est pas calme du tout, détrompez-vous ! Carrée, peut-être... -Rire.-
    Propos recueillis par Francis Marmande


    Le Monde, 02.08.05
  • rachmaninov a écrit :
    La technique, c'est le classique. La liberté, le risque, le terrain philosophique, c'est le jazz. Franchement, que se passerait-il sans jazz ? Ce serait comme un cadre de tableau sans le tableau


    Belle formulation, non?

    Je suis (re)tombé sous le charme de Lee Morgan et de son "Sidewinder"

    http://www.bluenote.com/images/jpeg_165/2434953322.jpg

    Bien vu le site de Blue Note, où il ne donne pas la composition du band b-(

    De mémoire, on a Morgan à la trompette, Joe Anderson au sax, Barry Harris au piano, Billy Higgins (batterie) et Bob Cranshaw (basse) complétant la section rythmique (en fait j'ai triché je suis allé chercher la composition ailleurs :p).

    En tout cas, pour ceux qui veulent se plonger dans le hard bop au moment ou les "Jazz Messengers" de Horace Silver et Art Balckey (dont Lee Morgan fait régulièrement partie entre ses quelques plongées héroïnomanesques), créateurs du style, emportent tout sur leur passage, au début des Sixties (1963 précisément). Le quintet de Lee Morgan apporte lui aussi sa pierre à l'édifice : des constructions mélodiques magnifiques, jouées par une trompette et un sax qui se mêlent et se démêlent en vous donnant la chaire de poule, qui prennent leur envol sur un groove qui frise le rock'n roll, ni plus ni moins. Etrangement, les solos de piano semblent un peu ternes...

    On retiendra que Lee Morgan est mort à 33 ans en 1972, descendu sur scène par une de ses ex...
  • Juste un petit lien vers un site qui m'a l'air vraiment top moumoute, bien fait et très agréable à utiliser (+)

    plein de jazz dans ta face
  • Puisqu'effectivement nous sommes dans l'année Charlie Parker, je ne puis que témoigner du plaisir sans cesse renouvelé que me procure l'archiconnu "take five"...
  • Vache, je suis presque sûre de jamais l'avoir entendu... Pour moi "Take Five" c'est Brubeck et Paul Desmond... #-o
  • tu connais certainement sans connaître le nom du morceau et de son auteur
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