Une jeunesse pleine de promesses

Le film de la saison

Championne de son groupe de CFA2 la saison dernière, au terme d'un superbe parcours, l'équipe réserve du Racing a été confrontée à toutes les turpitudes de la vie du club l'été dernier. Alors que ce dernier était embourbé dans une crise qui lui sera fatale, l'essentiel des effectifs du centre de formation, et notamment la génération 1992-93 qui constituait l'effectif de l'équipe 2, est allée voir ailleurs, libérée par la décision de Jafar Hilali de ne pas leur proposer de contrats au 30 avril. Exeunt donc les Rosenfelder, Benedick, Dicko et tous ces jeunes prometteurs qui iront exploser sous d'autres cieux. Au cours de l'été, François Keller, promu en équipe Une par la force des choses, ne dispose que d'une quinzaine de joueurs, dont la plupart ne sont même pas majeurs, pour « remplir » une équipe en CFA et une autre en CFA2. La réflexion autour de cette deuxième formation s'épaissit au mois d'août : est-il bien raisonnable de vouloir maintenir l'équipe 2 en CFA 2 avec des jeunes presque exclusivement nés en 1994 et 1995 ? Profitant d'une faveur de la Ligue d'Alsace de passer la Division d'Honneur de 14 à 15 clubs, le club décide donc de reléguer volontairement la troupe de Jean-Marc Kuentz au sein de l'élite régionale.

Avec des jeunes évoluant la saison dernière en U-17, et qui vont donc jouer pour la première fois en catégorie séniors, la réserve ne peut qu'annoncer un objectif de maintien. Son premier match contre l'ASIM II annonce la couleur. Malgré le renfort de Tommy De Jong, recruté pour encadrer ces minots, et le score de 1-1 à la mi temps, l'équipe s'incline finalement 4-3, vaincue par l'expérience des Haut-Rhinois. Mais la suite se déroulera bien mieux, grâce au talent indéniable des Robin Binder, Alexandre Gisselbrecht et Jordan Radisavljevic notamment : les Bleus enchaînent cinq victoires consécutives et montent sur le podium, derrière les deux favoris du championnat, Vauban et la réserve de Colmar. Surtout, les joueurs offrent du jeu et du spectacle au public, bien maigre toutefois, du stade Jean-Nicolas Muller.

Les mois d'octobre-novembre seront plus délicats à gérer. Touché par plusieurs blessures au sein de son effectif, François Keller est contraint de piocher à l'étage du dessous. Tour à tour, Tommy De Jong, Jordan Radisavljevic, Robin Binder et l'expérimenté Simphorien Noundou Kinding feront des apparitions en équipe première. Par effet de dominos, Jean-Marc Kuentz et Pascal Droenhlé, son nouvel adjoint, vont devoir piocher non pas chez les jeunes (difficiles d'aligner des gamins de 15-16 ans) mais dans l'équipe ... III du Racing. Inconnue jusqu'alors, il s'agit surtout d'une bande de potes évoluant en Promotion d'Excellence départementale, pyramide B. Évidemment, il est plus difficile d'enchaîner les résultats dans ces conditions, et la jeune troupe entre dans une série de six rencontres sans victoire, dont des revers contre Biesheim, Vauban et Colmar II. Ce dernier match est d'autant plus rageant que, malgré le renfort de nombreux joueurs de National (Wagner, Kersanne, Patin, Shaiek, Dieye), les Colmariens n'ont pas outrageusement dominé le Racing. Notons également ce match nul 2-2 à Obermodern, lanterne rouge du championnat, auquel ont pris part quatre joueurs de l'équipe III et durant lequel Junior N'Tima, gardien de formation, a dû évoluer en attaque, faute d'un nombre suffisant d'éléments. Heureusement, le cycle aller s'achèvera par deux succès précieux à Oberlauterbach et contre Haguenau. De l'aveu même de Jean-Marc Kuentz, « le bilan à la trêve est satisfaisant », avec une jolie 5ème place et sept victoires en quatorze matchs.

La reprise fin février sera elle aussi assez délicate puisqu'elle se fait par une défaite à Haguenau sur le score de 1-0, malgré une bonne seconde mi temps. Mais le réveil aura lieu début mars. A l'occasion du derby strasbourgeois contre Vauban, toujours candidat à l'accession en CFA2, les jeunes pousses sortent l'un de leurs meilleurs matchs de la saison et viennent à bout des Jaunes, grâce entre autre à l'inévitable Robin Binder. Bien lancés par ce succès, les Bleus alignent une jolie série de cinq victoires en sept matchs, entrecoupée par deux revers contre Illkirch (0-1) et surtout contre le Geispolsheim d'Omar Hassidou, auteur d'un triplé (0-3). Le maintien dans la poche, de plus en plus de joueurs des U-17, nés en 1995, sont testés, à l'image de Salim Mekkari, Berry Bartolomeu et Loris Ieraci. Les deux défaites de justesse à Biesheim et Colmar ne terniront pas le tableau, même si cette fin de saison est marquée par le grave accident de la route de Jordan Radisavljevic, qui, après plusieurs jours de coma, finira par s'en sortir. Ses coéquipiers n'auront pas manqué de lui rendre hommage.

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L'un des t-shirts portés en hommage à Jordan Radisavjlevic

Deux succès concluront finalement cet exercice, plaçant l'équipe à une 4ème place bien méritée. Le bilan de 15 succès, 3 matchs nul et 12 défaites reste honorable, compte tenu de toutes les péripéties liées à la gestion de l'effectif et à la jeunesse de celui-ci. Durant l'intersaison, l'équipe risque d'être relativement chamboulée, comme bon nombre d'équipes de ce niveau. Après plus de 20 ans au Racing, Jean-Marc Kuentz a déjà rejoint la sélection ivoirienne, où il sera l'adjoint de Sabri Lamouchi. Il laisse les clés du camion à son adjoint Pascal Droenhlé, qui devra composer avec les départs déjà acquis de Pierre Venturini (Linx), Vincent Decker (Colmar), Nicolas Delion (Valenciennes) mais aussi Tommy De Jong. Dans le sens des arrivées, le coach souhaitait l'arrivée de six éléments, maximum autorisé en DH, cinq se sont déjà engagés: Romain Bertoli (Schiltigheim), Nicolas Gross (Weyersheim), Kévin Lledo (Erstein), Franck Schwoob (Vauban) et Omar Hassidou (Geispolsheim) dont le cas est plutôt particulier puisqu'il est sous le coup d'une suspension d'un an suite à une affaire de falsification de certificat médical. On peut également ajouter Brian Amofa, que François Keller souhaite relancer, mais qui passera probablement par la case équipe 2, dans un premier temps. L'objectif avoué est le podium, mais il n'est pas exclu que cette équipe puisse viser la montée.

Les satisfactions individuelles

Cette saison aura permis de révéler certains jeunes talents, qui ont fait le choix risqué de rester au Racing. Malgré leurs 18 ou 19 ans, ils ont su s'imposer au sein d'un championnat de DH bien rugueux.

En défense, Sébastien Noé a été le joueur le plus utilisé durant la saison. Latéral droit, pouvant également occuper le flanc gauche, il possède de belles qualités d'accélérations et est capable d'apporter le surnombre en phase offensive. Malgré quelques absences défensives, à l'image de son match difficile à Colmar, il semble posséder une marge de progression suffisante pour taper à la porte de l'équipe Une, pourquoi pas dès la saison prochaine. A ses côtés, Ludovic Falk a su s'imposer comme l'un des piliers défensifs, malgré une coupe de cheveux à la Justin Bieber. Auteur de 25 matchs, il est capable de jouer aussi bien en défense centrale qu'au milieu de terrain. Ses prestations lui ont offert le droit de participer à la préparation estivale de François Keller.

Au milieu de terrain, Pierre Venturini a achevé la saison sur un titre de meilleur passeur de son équipe, avec six offrandes. Bon tireur de coups de pied arrêtés, il a toutefois semblé un peu plafonner au cours de l'année. La saison prochaine, il ira distiller ses passes en Allemagne, à Linx. Devant lui, Alexandre Gisselbrecht et Jordan Radisavljevic ont animé les côtés et fait tourner les reins de pas mal de défenseurs. Le premier, apparu plusieurs fois avec l'équipe première (pour deux buts en championnat et un en Coupe de France), a confirmé un potentiel certain et s'est même vu offrir un contrat fédéral. Le second a vécu une saison bien plus contrastée: très bon sur le terrain, que ce soit au poste de milieu droit ou de latéral droit, sa ligne statistique est bien remplie avec 6 buts et 4 passes décisives. Mais alors qu'il était en pleine bourre, Jordan est victime d'un grave accident. Difficile de savoir s'il sera en mesure de revenir à son meilleur niveau.

Enfin, difficile de passer à côté de la performance de Robin Binder, l'avant centre de cette équipe. Aligné, comme la plupart de ses coéquipiers, pour la première fois en équipe sénior, le jeune originaire de Sessenheim a fait parler la poudre et inscrit 19 buts, soit le meilleur total de la division. Du pied droit, du pied gauche ou de la tête, à deux ou à vingt-cinq mètres du but (ce lob contre Obernai), Robin possède la palette du vrai buteur. Pas étonnant que François Keller lui ait proposé de signer un contrat fédéral.