Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

« Nous voulons le public alsacien avec nous ! »

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Avant-match
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Par juninho67
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© juninho67

Samedi sera un jour important pour la Meinau. Avant le baisser de rideau (RCS-ASIM) se tiendra la véritable affiche : Vendenheim-Lyon féminines. Focus sur trois Fédinoises avant cette rencontre.

En Alsace ils sont encore nombreux à ne pas bien connaître le niveau du football féminin, ce n'est pas pour autant qu'elles ne jouent pas tous les weekends. Le foot féminin a pris une belle place dans le football actuel. La saison dernière, la LAFA comptait 2328 joueuses toutes catégories confondues, réparties en 130 équipes dans 75 clubs et le phénomène ne fait que s'amplifier.

En accueillant pour l'ouverture de son championnat, le champion d'Europe en titre, L'Olympique Lyonnais, le FC Vendenheim, meilleure équipe alsacienne féminine, entend bien faire évoluer les mentalités régionales. Oui, les femmes aussi savent jouer au foot et plutôt bien : moins de simulations, moins de jeu haché, plus d'envie et de technique, voilà la recette proposée par ces dames. Une recette qui a bien fonctionné avec Lyon et l'équipe de France récemment. Les gens regardent, apprennent, apprécient ce football là.

J'ai pu m'entretenir avec trois joueuses aux profils bien différents. Entre Joanna Schwartz, l'attaquante et sa patte gauche terrible, Pauline Jaeck, la milieu qui effectue sa première saison en D1, à Vendenheim, et Jeanne Haag, l'expérimentée et son bagage de huit années de Bundesliga, il y a de quoi parfaire ses manques en matière de connaissance.

Si elles se rejoignent sur un même discours ? Oui, le public alsacien du Racing doit les soutenir elles, pas les Lyonnaises, et oui elles ont un groupe fort, qui vit bien et ont envie d'en étonner plus d'un pendant cette saison.



Petite présentation rapide :

Joanna Schwartz : Attaquante, née le 05/01/92, a joué à Westhoffen, Balbronn, Mutzig, Schiltigheim/Mars Bischheim, 7 sél. U19, 2 sél. U17. Études de secrétaire médicale

Pauline Jaeck : Milieu défensif, née le 10/11/88, a joué à Rech, Sarreguemines, Schiltigheim/Mars Bischheim, stage U17 en sélection. Kiné

Jeanne Haag : Milieu défensif, née le 26/10/83, a joué à Ostwald, Schiltigheim, Clairefontaine, La Roche-sur-Yon, Fribourg, 24 sél. U18. Factrice



(racingstub.com) D'où t'es venu cet amour du ballon rond?

Joanna Schwartz : En regardant mon frère jouer, je m'y suis mise aussi avec lui et d'autres amis.

Pauline Jaeck : Je viens d'un petit village, mon frère, mon père jouaient. Tous les dimanches on allait voir mon père jouer et quand j'ai été en âge d'être licenciée, mon père m'en a fait faire une sans me le demander. Après, je n'ai plus jamais arrêté.

Jeanne Haag : J'ai commencé dehors dans ma cité où j'habitais, avec mes copains. Toute ma famille jouait au foot.

Ton parcours de joueuse avant d'aller à Vendenheim?

J.S : J'ai joué en mixité dans quatre clubs, puis en féminines à Schiltigheim, Mars Bischheim. Je suis arrivée il y a quatre ans à Vendenheim

P.J : J'ai joué avec les garçons jusqu'à 13 ans puis, âge oblige, j'ai continué à Sarreguemines, près de chez moi. Ensuite, arrivée en seconde, je suis passée en sports-études à Strasbourg. C'est à ce moment que Schiltigheim m'a recrutée. J'y ai passé huit années, puis comme Vendenheim est la référence en Alsace, j'ai décidé des les rejoindre en D1.

J.H : J'ai commencé à Ostwald en cadette, ensuite au Sporting Schiltigheim, puis en séniors à Clairefontaine, La Roche sur Yon et l'étranger à Fribourg. Huit années inoubliables qui me serviront toute ma vie.


Tu travailles, tu fais des études?

J.S : Je commence en octobre une formation en secrétariat médical.

P.J : Je suis kiné, d'ailleurs le sujet "foot" revient souvent avec les patients.

J.H : Je suis factrice, ça me permet d'avoir les après-midi de libre, on ne peut pas vivre du foot. Nous sommes obligées de travailler à coté.


Connais-tu d'autres équipes féminines alsaciennes, joueuses ?

J.S : Je connais des joueuses de Bischheim ou de Marienthal également.

P.J: J'ai gardé de bons contacts avec des filles de Bischheim, Musau ou du Suc aussi, mais surtout Bischheim.

J.H: Je connais beaucoup de monde en Alsace, un peu dans tous les clubs.

Le foot alsacien en général, plutôt RC Strasbourg, SR Colmar ou FC Mulhouse?

J.S : Je suis allée voir le Racing parfois mais je ne suis pas vraiment supportrice.

P. J : Supportrice du Racing, accessoirement du PSG, mais en Alsace c'est surtout le Racing même si je viens de Moselle. Mon premier match à la Meinau c'était Racing-Monaco lorsque j'étais au Lycée. J'y allais souvent en L1, aussi en L2 mais moins. Mais depuis les soucis qu'a connu le club, je n'y vais plus vraiment.

J.H : Aucun des trois. A choisir le Racing, mais par défaut, j'ai vu deux ou trois matches de première division mais c'est tout.

Qu'est-ce que ça fait de jouer dans un stade mythique comme La Meinau ?

J.S : C'est énorme, on ne vit pas ça tous les jours, c'est magnifique.

P.J : Ça va faire bizarre de jouer à la Meinau, j'ai plutôt hâte d'être à samedi, c'est exceptionnel. Je suis vraiment contente.

J.H : Ça va être super, c'est le stade mythique, ce sera une motivation en plus pour nous avec ce stade plein.

À l'image de "supporters marseillais" lors des RCS-OM passés, ne crains-tu pas que le public soit acquis à la cause des Lyonnaises?

J.S : Je pense qu'elles auront des supporters avec eux mais nous aurons aussi les nôtres, il y aura un Kop exprès pour nous.

P.J : Je pense que le club a bien organisé ça et qu'on aura les supporters locaux derrière nous.

J.H : J'espère que ça ne sera pas le cas. Le public alsacien, certes viendra pour Lyon et les internationales mais avant tout pour voir un match de foot. J'espère qu'ils soutiendront notre équipe.


Combien d'heures d'entraînement par semaine ? Comment concilie-t-on cela avec le travail?

J.S : Environ huit heures. En ce moment, c'est quatre entraînements par semaine. Parfois on est fatiguées mais faut qu'on bosse, pas le choix.

P.J : J'ai senti physiquement la différence avec Bischheim, c'est un autre monde, c'est beaucoup plus physique. On a bien travaillé avec notre préparateur.

J.H : C'est un rythme à prendre, j'ai de la chance d'avoir des après-midis de libre, on a un kiné et on a ce qu'il faut pour récupérer aussi.


Quelles sont les joueuses qui t'ont déjà impressionnées en les affrontant ou les côtoyant?

P.J : J'ai pas affronté encore de grandes joueuses mais je suis contente d'évoluer auprès d'Aurélie Mula, Kad Diawara ou encore Jeanne Haag qui vient de Fribourg. Ce sont des filles qui nous font progresser et je suis contente de jouer avec elles.

J.H : J'ai eu la chance de m'entraîner avec Sonia Bompastor, Camille Abily à Clairefontaine, mais c'est surtout le championnat allemand qui est à un autre niveau, surtout Postdam.


Quel est le meilleur conseil que l'on t-ai donné?

J.S : De me donner à fond, de montrer ce dont je suis capable.

P.J : Le conseil de mon père : la laisse pas partir, tacle un peu.

J.H : On m'a toujours dit, tu t'entraînes, tu te donnes à fond mais prends du plaisir. C'est le plus important.

Ce groupe que tu côtoies tous les jours, est-ce que tu le sens fort? Capable de jouer mieux que le maintien?

J.S : On est une bonne équipe, on a une bonne cohésion de groupe, une bonne ambiance, on est solidaires, je pense qu'on peut faire quelque chose et se maintenir.

P.J : Se maintenir c'est l'objectif, on a eu de bonnes recrues, Jeanne et les deux Algériennes. Je trouve qu'on a vraiment un groupe costaud, après on verra.

J.H : Je l'ai déjà dit plusieurs fois, on peut étonner pas mal d'équipes, on a de très fortes individualités mais notre force c'est surtout l'esprit d'équipe, c'est ce qui va faire la force de Vendenheim. Les matches ne sont jamais gagnés d'avance. Juvisy, Lyon ne sont pas des extraterrestres.

Vos matchs de préparation ont été satisfaisants?

J.S : Il se sont bien passés, nous avons joué deux fois contre des garçons, puis contre Fribourg, on perd 4-3, belle équipe. D'ailleurs elles ont gagné contre le Bayern Munich hier 3-1.

P.J : Contre Fribourg on a vraiment bien joué, on a fait de bonnes choses.

J.H : Oui, difficile à analyser avec de nouvelles joueuses, on manque d'automatismes mais on peut faire quelque chose de super.


Es-tu superstitieuse avant un match, un rituel particulier, un grigri?

J.S : À l'engagement je regarde le ciel.

P.J : Avant le match, j'aime bien me mettre à l'écart pour me motiver, pour avoir la rage.

J.H : Rien du tout, je pense surtout à mon match, je ne suis pas quelqu'un qui met les mêmes sous-vêtements, les mêmes chaussettes.


Et si le public, samedi, soutenait plus Lyon que Vendenheim, ça donnerait encore plus la rage de vaincre?

J.S : Beaucoup plus, surtout lorsque l'on sait qu'elles sont championnes d'Europe, qu'elles ont gagnées leurs 22 matches la saison dernière, qu'elles possèdent des internationales, moi ça me motive encore plus.

P.J : Oui, envie de leur montrer qu'on peut aussi rivaliser avec Lyon, même si personne n'est derrière nous, ça donnerait la rage, ça c'est sûr.

J.H : Si, carrément. C'est une motivation en plus, qu'ils viennent contre Lyon, certes, mais qu'ils viennent aussi nous voir jouer les autres matchs.

L'avant-match se prépare-t-il à base de séances vidéos?

J.S : Toute l'équipe a suivi les Lyonnaises en finale de ligue des champions l'an dernier et les joueuses de l'équipe de France, mais sinon nous n'avons pas fait de séance vidéos pour l'instant.

P.J : On a pas encore parlé de Lyon, de leur système de jeu, on se concentre uniquement sur nous.

J.H : On en a pas encore vu, mais on a pas vraiment besoin de ça, on connaît les filles, on sait quand et comment les attaquer. On sait que Elodie Thomis va super vite mais techniquement elle n'est pas fabuleuse. Après, on se réfère à nos propres avis.


Ce genre de match face à un ogre footballistique, on l'aborde avec ou sans pression?

J.S : Un peu de pression mais il faudra passer au dessus sinon nous n'arriverons pas à jouer. Nous n'avons rien à perdre, elles oui.

P.J : Y aura de la pression, ça va booster surtout plus qu'autre chose.

J.H : Oui, on part dans l'optique de prendre du plaisir, au Stade la Meinau, si tu as peur de jouer contre Lyon, faut pas venir. On se donne à 100% après on fait les comptes.


As-tu peur que les plus jeunes soient trop respectueuses de ces adversaires là?

J.S : Je jouerai à fond, même si ce sont des internationales.

P.J : Au début ça va faire un peu bizarre mais je pense que le coach et les anciennes nous rappelleront de ne pas nous laisser marcher sur les pieds.

J.H : Je ne pense pas qu'elles auront peur du contact, si ça devait arriver, le coach sera là et saura quoi faire pour leur dire comment réagir, le connaissant, je ne me fais pas de soucis.


Justement, ces internationales, tu les as suivies pendant la dernière Coupe du Monde, tu es allée voir des matchs?

J.S : Je suis allée voir trois matchs face au Canada à l'Angleterre et aux Etats-Unis. Je suis fière de leur très beau parcours.

P.J : Je suis allée voir trois matchs, les 1/4, 1/2 et la 3ème place. On aurait pu aller en finale mais c'est déjà exceptionnel. Merci à elles.

J.H : Oui j'ai suivi, supporté aussi.


L'équipe de France, on y pense parfois?

J.S : C'est un rêve d'être en équipe de France, avoir son nom floqué sur le maillot, avoir des supporters derrière soi.

P.J : Oui, ça fait rêver mais je pense plutôt à jouer en D1, à progresser, atteindre un bon niveau D1 pour être titulaire. L'équipe de France c'est trop.

J.H : C'est toujours une fierté l'équipe de France, mon souhait c'était de découvrir un autre football, je suis peut-être passée à coté de quelque chose en partant de France mais je ne regrette absolument pas. C'est toujours, et ça restera toujours, un rêve de porter ce maillot.

Le professionnalisme à Lyon, ça fait rêver ça aussi?

J.S : Ça fait rêver. En Alsace, on y est pas encore, mais ce serait aussi un rêve d'y jouer.

P.J : Oui c'est sûr que de vivre de sa passion serait un rêve, au niveau foot féminin on est toutes fans de Lyon, elles ont de la chance de pouvoir s'entraîner sans avoir à travailler.

J.H : C'est un rêve mais faut aussi avoir un boulot dans la vie. Si tu vis de ta passion, c'est une chance, j'ai mon boulot, je m'entraîne et c'est très bien.


As-tu vu un "après Coupe du Monde féminine", un changement de mentalité?

J.S : Ça a permis une évolution du football féminin. A Bollaert pour France-Pologne, il y a eu 18.000 spectateurs, ça montre que le foot féminin évolue.

P.J : Oui, il y a eu un engouement, je sens ça au niveau de ma famille, à l'hôpital, de mes collègues, ça a vraiment changé.

J.H : Oui, c'est sûr, grâce à Lyon, à l'équipe de France, beaucoup de monde s'intéresse désormais à nous. Elles ont fait une bonne Coupe du Monde. Je savais ce que c'était en Allemagne, mais je ne pensais pas que ça se passerait comme ça en France.

Bruno Bini déclare sans cesse: "plus que les individualités, l'important, c'est la vie de groupe", es-tu d'accord avec lui?

J.S : Oui tout à fait, c'est important que le groupe soit solidaire, et qu'il y ait une cohésion de groupe.

PJ : Je suis d'accord, le principal c'est le groupe. Sans l'équipe, une joueuse ne peut pas s'exprimer, le plus important c'est toujours le groupe.

J.H : Oui, complètement. C'est bien beau d'avoir des individualités, mais ce qui prime c'est la vie de groupe, cet état d'esprit "tous ensemble".

As-tu des idoles dans le football masculin et féminin?

J.S : Oui, David Beckham et Lionel Messi.

P.J : Au niveau de mon poste j'ai toujours bien aimé Steven Gerrard, sinon là en ce moment c'est Lionel Messi. Il est vraiment au dessus du lot.

J.H : J'ai toujours bien aimé Zinedine Zidane, je ne sais pas pourquoi.


Et des clubs préférés, tu en as?

J.S : L'Olympique Lyonnais masculin-féminin et le FC Barcelone

P.J : J'aime bien regarder les championnats anglais, espagnols, allemands, je n'ai pas spécialement de club préféré.

J.H : J'aime bien les équipes qui jouent bien au ballon, j'aime bien le Real, pas spécialement fan sinon. Je regarde le championnat anglais, espagnol.


Un pronostic pour ce match?

J.S : On sait que ce sera dur, on essaiera d'être à la hauteur, un match nul nous irait.

P.J : Je ne sais vraiment pas, on s'est préparées pour les accrocher le mieux possible mais je préfère ne pas en donner.

J.H: On va tout faire pour au moins un match nul, mais si on peut gagner tant mieux, on ne sait jamais, rien n'est jamais gagné d'avance. 0-0.


Pour finir, un petit mot pour les gens qui liront cet article, pour les faire venir à vos matchs?

J.S : Venez nombreux, on affrontera de gros clubs comme l'Olympique Lyonnais, le PSG ou Montpellier, pour faire évoluer le football féminin car les filles savent aussi jouer au foot.

P.J : On joue au plus haut niveau, le foot féminin a progressé, il y a du beau jeu, des joueuses très fortes, ça vaut vraiment le coup de venir voir nos matches.

J.H : Venez nous encourager, le foot féminin, c'est un état d'esprit, c'est technique, venez, vous serez étonnés je pense.



Merci Johanna Schwartz, Pauline Jaeck et Jeanne Haag de s'être prêtées à cet exercice, et au FC Vendenheim pour son accueil. Il ne reste plus qu'à leur souhaiter bonne chance !

juninho67

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