Amiens - RCS, côté tribunes

«Si on doit crever, on crèvera la tête haute, avec dignité»

Cette phrase, énoncée par chon au micro du kop à la Meinau ces dernières semaines, était bien présente dans les esprits des supporters ayant fait le déplacement en Picardie samedi soir, dont une centaine d'UB90, une trentaine de KCB et une bonne cinquantaine d'indépendants venus en voiture. Et ce, malgré une situation toujours aussi ubuesque dans les coulisses, avec un président qui se plait à jouer le jeu de la provocation envers tous les partis (voir DNA du 02/05/11), et une situation sportive presque entérinée depuis les deux matchs nuls face à Créteil et à Luzenac. Mais ce n'est sans doute pas l'enjeu sportif qui a poussé ces Strasbourgeois à faire le déplacement.

En effet, ce match revêtait un double objectif. Premièrement, fêter l'anniversaire des UB90, 20 ans de passion au service du club. Le groupe avait confectionné des t-shirts pour cet évènement, distribués gratuitement aux supporters présents dans les deux bus UB, qu'ils arboraient ensuite fièrement au stade de la Licorne.
Deuxièmement, montrer que le Racing ne sera jamais mort. Montrer aux joueurs qu'ils ne sont pas embarqués seuls dans cette galère. Montrer que, quoiqu'il advienne la saison prochaine, les fidèles présents à Amiens le seront toujours en 2012, peut-être pour des déplacements champêtres au fin fond de notre Alsace chérie.
C'est avec toute cette motivation, ce coeur, cette hargne, la tête haute et digne, que les Strasbourgeois arrivent à Amiens sur les coups de 18h.

Tandis que les UB90 sont contraints d'entrer dans l'enceinte bien avant le coup d'envoi et sans permission d'apporter drapeaux et matériel dans la tribune (problème qui sera finalement réglé après quelques discussions avec les forces de l'ordre), les supporters indépendants font un tour dans une ville plutôt charmante.

A une demi-heure du coup d'envoi, il est alors temps d'entrer dans le stade. Une buvette est présente au sein même de la tribune et propose des tarifs raisonnables pour un stade de foot, en comparaison des tarifs prohibitifs des buvettes du stade de la Meinau. L'ambiance ne tarde pas à monter dans le parcage visiteur, tandis qu'à l'opposée, le Kop de la Licorne Blanche (KLB) ne se fait pas trop entendre.

Le match

L'affluence est plus qu'honnête, puisque 9100 Amiénois sont venus assister à ce choc de National. Le stade est très bien garni, étant donné qu'il ne dispose que de 12 000 places assises. L'ASC a d'ailleurs voulu confectionner pour l'occasion un tifo géant à base de feuilles A4 blanches et noires. Ce sera un échec, l'effet étant à peine visible.
Du côté strasbourgeois, un superbe tifo à bandes verticales a été élaboré et mis en place à l'entrée des joueurs, du plus bel effet, présentant les couleurs bleues, blanches et noires du groupe ultra, et le logo au centre.

Le speaker tente de réveiller la Licorne en lançant un «Aux armes», mais rien n'y fera, les Strasbourgeois sont bel et bien les plus bouillants à l'entame de cette rencontre. Et ce n'est pas le but amiénois inscrits après seulement trois minutes de jeu qui viendra refroidir les ardeurs. Comme écrit précédemment, l'intérêt de ce match n'était pas en priorité le côté sportif.

L'ambiance est bon enfant, et aucun dérapage n'est à constater avec les supporters adverses, comme cela avait pu être observé à Montpellier en 2009. L'équipe se bat, les supporters poussent, et l'égalisation de Ledy après une superbe frappe enroulée de Damour sur le poteau donnera du baume au coeur. Alors que la tension monte sur le terrain en fin de première mi-temps, tout le monde se dirige petit à petit vers la buvette pour reprendre des forces.

La seconde mi-temps sera marquée par un chant qui durera une bonne demi-heure. La puissance vocale des UB90 et consorts est telle que la tribune vibre, et l'on n'entend même plus le public picard siffler une décision arbitrale ou encourager son équipe.
Petit séquence vidéo...



Les étendards sont ensuite sortis et les encouragements se poursuivent de plus belle, sans que le moindre supporter n'abdique alors que le Racing se dirige vers un match nul frustrant malgré la combativité affichée par les joueurs. En toute fin de rencontre, les locaux se procureront deux énormes occasions, mais au final, on reste sur ce score de parité, 1-1.

Les joueurs passent alors la barrière de sécurité constituées par des stadiers, pour venir taper dans les mains des supporters qui ont fait le déplacement. Une manière bien sympathique de remercier les fidèles dont le coeur vibre pour ce club. Ils sont raccompagnés dans les vestiaires par les hourras des supporters strasbourgeois, qui resteront encore plus d'une demi-heure au stade pour chanter et prendre quelques photos. En face, le KLB affichera son soutien aux Strasbourgeois en entonnant des chants anti-Hilali, qui seront salués par l'ensemble des visiteurs. Le retour se passe dans le calme, les bus et voitures sont escortés par la police jusqu'à l'autoroute.

Prochain rendez-vous à Rouen vendredi 13 mai, pour peut-être le dernier match du Racing de son ère professionnelle avant longtemps.

L'enseignement à tirer du déplacement à la Licorne est que le racing sera toujours soutenu. C'est à partir de bases saines, avec un projet et une union de tous les partis, que Strasbourg rebondira et redeviendra un grand club dans la hiérarchie du football français. Les 180 présents dans le parcage à Amiens ont montré que le Racing bénéficiait d'un soutien populaire inconditionnel et d'un public digne d'un club de L1. Ils peuvent être fiers de se dire qu'ils étaient là et qu'ils seront là quoiqu'il arrive pour vivre leur passion pour le football à travers ce club.

Allez Racing, et encore une fois, joyeux anniversaire aux UB90 !