Science sans conscience n'est que ruine de l'âme

Introduction

Après le drame de l'article sur Luzenac, la Rédaction a décidé de convier aujourd'hui un invité prestigieux : le professeur Blourg. Le Professeur a accepté aujourd'hui d'inaugurer la RAS (Rubrique A Stub). Professeur Blourg, à vous.

Ohé les amis, c'est le professeur Blourg qui vient remplacer au pied levé les deux tragiques personnages de sinistre mémoire qui ont sévi ici tantôt, dans un article sataniquement empli de sous-entendus douteux.

Mais foin de billevesées et d'introduction à rallonge, entrons tout de suite dans le vif du sujet derechef et immédiatement, sans coup férir. Je suis ici pour rationaliser les méthodes du club, pour le faire entrer de plain pied dans le XXIème siècle. Pendant que notre bienfaiteur oeuvre avec son casque jaune "Bob the Builder", nous nous devons d'appliquer les méthodes scientifiques du dernier cri pour instiller la win à nos joueurs. Papa à la truelle et nous au tableau noir, c'est la taylorisation post-moderne appliquée au football financiarisé et trans-national. Alors allons-y les copains. Soyons jeunes, fous et brillants comme un Jafar Hilali, on vous kiffe monsieur. Trop.

Matériel et Méthodes (i.e. pour vaincre Amiens, bien sûr)

Il nous faut échantillonner, avant toute chose. La fibre naturaliste vous démange, prenez casse-croûte et bouteille de blanc, et vous voilà dans le milieu naturel; vous êtes comme beerman sur les cimes, sauf que ça se passe à Amiens.

L'effort d'échantillonnage porte sur N=3 spécimens, choisis de préférence gentils et un peu gras parce que ça court moins vite. Attention tout de même : tous les individus par trop ressemblants à un actionnaire londonien du Racing sont écartés de l'étude.

Les sujets amiénois peuvent être piégés à l'aide d'un leurre mobile de couleur rouge; un humain couperosé, vêtu d'une écharpe CGT, fait l'affaire. La plupart des captures répondent au nom de "Marcel" ou "L'aut' con qui ressemb' à Dany Boon", mais, par souci de rigueur, nous les appelons A1, A2, et Marcel.

A1 et A2 sont disséqués immédiatement, sans préavis et en représailles au film « Bienvenue chez les Ch'tis ». Observations : la disposition des organes et des os est admirable, en tout point comparable à celle de l'être humain normal et du ragondin, bien que baignant dans une quantité de mauvais éthanol largement au dessus des normes fixées par la convention REACH et l'UE.

La troisième dissection est annulée quand nous apprenons que Sandrine Kiberlain n'est pas née à Amiens; c'est surprenant, mais réconcilie quelque peu avec la ville. A cet instant, notre étude rebondit sur des questions comportementales.

Nous nous introduisons dans l'estaminet « Chez Marcel ».

Résultats

Le personnage - Marcel, suivez un peu, merci - est avenant mais nous ne baissons pas la garde, et nous serrons un peu plus l'écharpe du Racing sur notre coeur.

Nous l'amenons aux meilleurs sentiments en lui faisant miroiter les mérites incomparables de l'Alsace et de Strasbourg. Les maisons larges et spacieuses, les activités agricoles au grand air. Notre stade rutilant que Jafar Hilali aura terminé dans six mois, si la météo tient. C'est ça, Strasbourg. Les coups portent ; l'inconnu doit avouer sa cahutte misérable, sa famille nombreuse de mineurs de charbon, qu'égayent à peine la culture de betterave dans des terres argileuses détrempées.

Le grand capital l'a fait esclave. Il s'en souvient maintenant à travers les brumes de mauvais alcool, c'était écrit sur le tract d'hier. Ah ! Ça y est, il concède sa région chérie balafrée par les catastrophes militaires, et industrielles, causées par un état scélérat à la solde du patronat bouffi de certitudes. C'est un bon point.

Nous embrayons sur Schongauer et la rosace de la cathédrale, et glissons pudiquement sur la décharge derrière la centrale de Fessenheim.

Pendant un instant nous tremblons ; l'individu évoque Jules Verne, le grand Amiénois. Ce sont là les ravages de Wikipédia, chaque bled connaît sa célébrité ! Heureusement, nous controns le coup avec Roger Siffert, et l'adversaire se tait.

Dernière forteresse à tomber ; il admet la supériorité de la Météor sur toute autre production nordique. C'est donc un homme neuf et libéré que nous laissons; hagard, il gît sur le sol et appelle sa mère, c'est à dire sa soeur, sa tante ou sa cousine donc, voire les trois, ô voluptés enchanteresses et mystères immémoriaux de la génétique intra-familiale. A ce moment, quelques considérations annexes nous viennent à l'esprit. Dans la lignée des travaux du Pr. Geneviève de Fontenay sur la faiblesse du brassage génétique dans la Sarthe. Mais nous en restons là, à chaque jour suffit son triomphe.

Discussion

Remis dans le contexte de la rencontre à venir, ces résultats, à la fois brillants et d'une rigueur difficilement égalable en l'état de la science actuelle, permettent d'envisager sereinement l'explosage délicat et satiné de l'équipe de football d'Amiens. Car oui, il y a du football à Amiens, et il y a bien une rencontre à jouer.

Ha, qu'il est loin le souvenir du bibendum bondissant un soir de printemps au SDF pour une victoire écrasante aux tirs-aux-buts face au SC Amiens d'un infâme entraîneur à moustaches. En ce temps la, la moustache c'était juste à chier. Les modes crétines d'incultes analphabètes en mal de singularité grégaire (oui, c'est fait exprès) ne s'écrasaient pas encore en vagues folles incessantes sur le sable mou des consciences moutonnières et bêlantes du grand public avachi.

Entretemps notre Racing a sombré, mais le SC Amiens, tel un phare dans la tempête, a su rester un repère dans la brume et ne pas évoluer, il reste le club sordide qu'il a toujours été, peut être juste légèrement plus sordide encore.

Le SC Amiens aujourd'hui est à l'image du Marcel ramené à la raison plus haut, facile à retourner. Un steak, une carte postale de la Cathédrale et une invitation avec nuit à l'Ibis du Pont Mathis pour venir au Marché de Noël et le tour est joué. Les Amiénois feront les piquets, ce qui devrait nous donner 63% de chances de l'emporter. Bill Tchato se chargera de transmettre les documents à Rafik Saïfi, ils ont tous les deux été figurants dans Goldorak (qu'est-ce qu'on rigole les copains, grosse blague subtile) et sont restés bons amis.

Conclusion

C'est donc ainsi que notre Racing nouveau et moderne, soutenu par les deux piliers; le génie financier et BTP d'une part, et par la science glacée et sophistiquée d'autre part, vaincra le péril du nord qui a fait tant de mal au cinéma, à l'auto-dérision et à la libre expression footbalistique français.

Au revoir les copains, et à la prochaine fois.

Note : The authors declare no competing financial interests