Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Jean Staune : Darwin a manqué l'âme

Chargement...

Flux RSS 5 messages · 458 lectures · Premier message par polo · Dernier message par takl

  • ...
    Le darwinisme ne nous a pas apporté l'idée d'évolution, qui se trouvait déjà chez Lamarck, mais l'idée que cette évolution est explicable entièrement par le hasard et la sélection naturelle.
    Cela implique que toute la créativité de la nature est le fruit de la "lutte pour la vie". Si c'est vrai il faut l'admettre, mais cela a des conséquences redoutables. Darwin disait déjà que les peuples les plus évolués élimineraient en quelques siècles les moins évolués de la surface de la Terre, et trouvait cela normal. ....
    Mais les deux principes clés du darwinisme (évolution graduelle et absence de toute signification, de toute directivité dans l'évolution) sont sérieusement contestés ... la structure des fossiles déjà trouvés (et non les chaînons manquants, comme on le dit parfois) est incompatible avec une généralisation du gradualisme.
    En effet, on trouve plus de fossiles pour couvrir de petites transitions évolutives que pour les grandes, à l'inverse de ce qu'exige le gradualisme.
    Stephen Jay Gould, paléontologue, dit : "L'extrême rareté des formes fossiles transitoires reste le secret professionnel de la paléontologie. Les arbres généalogiques des lignées de l'évolution qui ornent nos manuels n'ont de données qu'aux extrémités et aux noeuds de leurs branches; le reste est constitué de déductions, certes plausibles, mais qu'aucun fossile ne vient confirmer. L'histoire de la plupart des espèces fossiles présente deux caractéristiques particulièrement incompatibles avec le gradualisme :
    1) La stabilité : la plupart des espèces ne présentent aucun changement directionnel pendant toute la durée de leur vie sur Terre. Les premiers fossiles que l'on possède ressemblent beaucoup aux derniers.
    2) L'apparition soudaine : dans une zone donnée, une espèce n'apparaît pas progressivement à la suite de la transformation régulière de ses ancêtres; elle surgit d'un seul coup et complètement formée." (in Le Pouce du panda, pp. 175-176) .
    Gould se dit encore darwinien car si l'évolution est non-graduelle, elle se déroule toujours par hasard, selon lui.
    Dawkins, grand défenseur du gradualisme orthodoxe, montre bien (dans L'Horloger aveugle) qu'aucun changement non-graduel d'une certaine importance ne peut se dérouler par hasard. Comme il a posé au départ de son raisonnement qu'il ne pouvait exister rien d'autre que le hasard, il en conclut que Gould se trompe.
    Ainsi nous avons deux écoles darwiniennes. L'une, gradualiste, a une théorie pourvue d'une cohérence interne mais n'est pas cohérente avec les faits. L'autre, non-gradualiste, est cohérente avec les faits mais n'a pas de cohérence interne.
    C'est dire l'importance des travaux d'Anne Dambricourt-Malassé (parus dans La Recherche d'avril 1996).
    En analysant la structure des crânes des ancêtres de l'homme sur soixante millions d'années, elle montre qu'il y a à la fois non-gradualisme et non-hasard. Pour des raisons d'ordre embryologique on passe sans intermédiaire possible d'un plan d'organisation à un autre. La notion d'espèce retrouve donc une réalité (et donc la protection des espèces un sens !).
    Mais surtout elle montre qu'il y a dans cette évolution un "déterminisme interne reproductible", un processus qui se répète étape après étape, et qui se joue des modifications de l'environnement, de la sélection naturelle, des mutations aléatoires.
    Ainsi notre propre apparition ne serait pas contingente. Nous serions apparus, peut-être un peu plus tôt ou un plus tard, même si l'évolution avait été différente !
    C'est là une découverte qui bouleverse tous les concepts établis dans ce domaine et qui nous montre qu'en biologie de l'évolution aussi, la quête d'un sens caché derrière les faits scientifiques n'est plus à priori absurde.
    De même qu'un Richard Dawkins ne puisse même pas imaginer qu'il existe autre chose que le hasard qui agisse sur l'évolution, les neurologues pensent que la conscience est réductible à l'activité neuronale du cerveau, car il ne peut rien exister d'autre.
    C'est pour cela que Jean Pierre Changeux affirme : "L'homme n'a plus rien à faire de l'esprit, il lui suffit d'être un homme neuronal", et que, selon lui, "l'identité entre un état mental et un état neuronal s'impose en toute légitimité". ...
    Benjamin Libet, de l'université d'État de Californie, a réalisé de nombreuses expériences mettant en lumière les indices cérébraux de la conscience. Sa conclusion est que la relation entre l'expérience subjective, éprouvée par le patient, et l'activité neuronale n'est pas déductible à priori de l'observation physique. Selon lui, une connaissance complète des événements neuronaux ne permet pas en soi de décrire ou de prédire l'activité mentale à laquelle ils sont associés....
    Y a-t-il un processus d'antédatage de la perception, comme le pense Libet ? La conscience peut-elle remonter le temps ? Dans tous les cas, ce que cette expérience prouve de façon éclatante, c'est que le temps de la conscience n'est pas le temps des neurones.
    Certes, tout ceci ne prouve pas l'existence de l'âme.
    D'ailleurs on ne peut pas prouver directement l'existence de l'âme. Si elle existe elle est d'un autre ordre que la matière, on ne peut ni la peser, ni la mesurer...
    Libet est le premier à dire que le matérialisme est encore possible après ses expériences. Mais pas toutes les formes de matérialisme. Entre autres le matérialisme éliminationiste qui affirme, à l'image de notre rationaliste, que la question d'un esprit ou d'une âme indépendants de la matière ne peut même pas être posée, est lui-même... éliminé ! ...
    Le philosophe Daniel Dennett, spécialiste des sciences cognitives et l'un des leaders du matérialisme outre-atlantique, a pu écrire au moment de la publication des premiers résultats de Libet que "si les expériences en question devaient être vérifiées, ce serait un jour sombre pour le matérialisme".
    Selon Jean-François Lambert, qui a lui-même réalisé des expériences montrant qu'il n'y a pas identité entre un état neuronal et un état mental, l'esprit joue le même rôle sur le cerveau qu'un arbitre dans un match de football, il ne touche jamais le ballon (il n'intervient donc pas physiquement) mais exerce pourtant une influence déterminante sur le résultat du match. ...
    À une vision où l'homme n'est qu'une machine perfectionnée, où le hasard règne en maître, où l'univers ne saurait avoir de sens, se substitue peu à peu une vision où il y a une dimension intangible dans l'univers, qui échappe au temps, à l'espace, à l'énergie, à la matière, où il y a une dimension dans l'homme qui échappe à tout calcul, à toute représentation, et où la question de savoir si l'univers possède un sens, et un projet redevient une question scientifique, même si sa réponse reste en dehors du champ de la science.
    Jean Staune - UIP - extraits - voir aussi "Science et Quête de Sens" www.uip.edu
  • Jean Staune s'enchante quand la pensée fait de l'Homme un élément essentiel de la création.
    Homme de foi, il engage ses remarquables capacités intellectuelles dans le réenchantement du monde.
    Pour lui, la pensée scientifique athée aurait désenchanté notre époque et en aurait engendré la morosité.
    Mais inutile aujourd'hui d'attendre encore pour y voir plus clair, les dernières avancées scientifiques sont probantes, l'appel du crédo supérieur est irrépressible, et il fait partager son plaisir d'avoir, peut-être, raison.
    Il reste que, raisonnablement, quand on ne sait pas et qu'on n'a pas de preuve suffisante, la sagesse recommande de faire de sa conviction une hypothèse.
    Vaste débat.
  • polo a écrit :

    Ainsi nous avons deux écoles darwiniennes. L'une, gradualiste, a une théorie pourvue d'une cohérence interne mais n'est pas cohérente avec les faits. L'autre, non-gradualiste, est cohérente avec les faits mais n'a pas de cohérence interne.


    Je crois que je suis plutot gradualiste, mais je suis pas sûr non plus.

    Citation:
    C'est dire l'importance des travaux d'Anne Dambricourt-Malassé (parus dans La Recherche d'avril 1996)


    J'adore ce genre de phrase qui ne se réfère qu'à un éminent spécialiste d'un sous-domaine enigmatique et qui fait passer la pilule de la thèse à l'auditoire en ruinant une possible contestation. Source béton! =D
  • Sa fiche sur Wikipedia est intéressante à lire. Ainsi que tous les liens qui sont donnés, notamment sur le documentaire "Homo Sapiens ...".

    A voir également, la discussion qui entoure la modération de la fiche sur Wikipedia.
  • Sa principale découverte est le processus de contraction crânio-faciale (CCF) au cours du développement embryonnaire de l'homme et des autres primates actuels, c'est-à-dire la relation morphogénétique entre la mandibule et la flexion de la base. La succession phylogénétique des prosimiens à l'homme actuel[1] correspond selon elle à l'évolution de ce processus morphogénétique d'origine embryonnaire, lié à l'enroulement antéro-postérieur du cerveau embryonnaire (le tube neural).
    Elle conclut que l'origine d'une plus grande flexion serait la conséquence de l'évolution de l'information génétique codant pour l'ontogenèse, contrainte par des informations génétiques déjà présentes. Les implications pour la verticalisation du squelette axial[1] commencent à apparaître avec les premiers homininés (Ardipithecus, Australopithecus). L'origine de la verticalisation axiale qui implique l'équilibre locomoteur bipède permanent (de l'enfant à l'adulte) est donc interne (phylogénétique) et non pas environnementale (nécessité post-natale du redressement du corps imposé par la raréfaction du couvert forestier selon l'école française de tradition lamarckienne).

    source :wikipédia

    D'un coup je comprends mieux! :)
Il faut être inscrit et connecté pour ajouter un commentaire. Déjà inscrit ? Connectez-vous ! Sinon, inscrivez-vous.
Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch

Mode fenêtre Archives