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- Par magellan
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Si La Fontaine avait été Strasbourgeois, outre le fait qu'il aurait été supporter du Racing et abonné en tribune Ouest, il aurait pu ne pas écrire cela :
Un éléphant dans une surface de réparation
Pendant la saison passée, les attaquants strasbourgeois bénéficiaient de la présence d'un éléphant qu'on avait baptisé Mamadou, Cet éléphant venu d'Afrique était si gros qu'il avait d'abord dû perdre de son poids avant de bénéficier de sa véloce puissance, propice à tromper tous les gardiens ; c'est ce qu'il fit, notamment après l'hiver, à 12 reprises, car il savait compter, l'animal. Il recevait dans ses entreprises le précieux concours de Micka. Micka, en dépit de ses airs de chien battu, était un cocker intelligent qui savait remettre habilement le ballon à son ami Mamadou ou le pousser lui-même dans les buts avec le museau ou la papatte. Les autres animaux se mêlaient joyeusement aux attaquants du club : Bassila et Karim, les girafes, monopolisaient l'attention des gardiens sur corners, Salim, le zèbre, aimait à galoper à la lisière du terrain, là où l'herbe est épaisse, pour projeter le ballon devant les bois adverses, tandis que Yacine, un infatigable mulet, rapportait sans cesse le ballon à ses camarades de jeu. Tout cela faisait le plus grand bonheur du Racing !
A la nouvelle saison
Puis, lorsque la nouvelle saison fût venue, Mamadou souhaita connaître l'herbe des rivages méditerranéens, et Micka fût désemparé de jouer à la baballe au centre d'une étendue herbeuse inhabituellement verte. Alors les hommes qui venaient observer les animaux tous les quinze jours constatèrent que l'attaque du Racing était confiée à des animaux plus frêles que l'imposant éléphant, à commencer par Lulu, bien sûr, une antilope attachante et rapide, Gmandia, qui était selon les spécialistes animaliers une petite mangouste des sables prompte à foudroyer sa proie, Diané, une habile gazelle, sans compter Hosni, le talentueux fennec des sables égyptiens.
Adieu pachydermique Mamadou. La pelouse du Racing n'est plus communément habitée par des bêtes dont les impressionnantes mensurations en font les rois des animaux.
Mais curieusement, le règne animal n'appartient pas exclusivement à des grosses bêtes qui y régneraient en maîtres. Mais non, les éléphants ont toutes raisons de craindre les petites souris pendant que les rats prospèrent et que les singes savent échapper au danger.
Le renard va-t-il sortir de son terrier
Jacky et Marco, les deux vétérinaires, comptèrent alors sur Alex, un petit renard arraché aux trappeurs suédois et élevé au biberon depuis lors. Le petit Alex, dont le pelage ordinairement roux change avec les saisons jusqu'à parfois disparaître totalement, est un petit animal fort doué et très joueur. Avec son oeil illuminé et son coup de patte technique et malin, il a tout pour devenir un véritable renard des surfaces (renardus technicum surfacès par opposition au renardus tocardus vulgaris*), une variété capable tout autant de lancer la gazelle dans l'espace, de placer la mangouste en situation de face à face mortel avec le gardien, ou de glisser lui-même le ballon dans un trou de souris.
Las, en ce début de saison, notre petit renard ressemble encore à une belette désorientée, l'oeil terne, l'esprit perdu dans les étendues neigeuses scandinaves... Bien sûr, les autres animaux ne s'entendent pas davantage pour jouer de leur vivacité et faire tourner les adversaires en bourriques. Toujours est-il qu'Alex et ses amis n'arrivent pas, pour l'heure, à sortir du terrier et à récolter le moindre fromage auprès des hôtes de ces bois.
Moralité
Aujourd'hui les hommes retiennent leur souffle et leurs larmes.
Ont-ils péché par avarice en vendant l'éléphant, ou le garder aurait-il été de l'imprudence ?
Ont-ils été trop fourmi quand devait chanter la cigale ?
Faut-il attendre patiemment qu'Alex, le petit renard, sorte de son terrier pour que tous les animaux jouent comme larrons en foire ?
L'éléphant Mamadou a-t-il laissé un trou impossible à boucher? faut-il recruter un berger allemand ou un oiseau des îles ?
De son fauteuil en tribune ouest, Jean de La Fontaine aurait peut-être pensé :
De sagesse Marco ne semble pas dénué
Entre la fourmi et la cigale, le choix
En souhaitant qu'il trouve le chemin étroit
Qui conduira le Racing à la renommée
(*) note de l'éditeur (editorius bourrum)
Pendant la saison passée, les attaquants strasbourgeois bénéficiaient de la présence d'un éléphant qu'on avait baptisé Mamadou, Cet éléphant venu d'Afrique était si gros qu'il avait d'abord dû perdre de son poids avant de bénéficier de sa véloce puissance, propice à tromper tous les gardiens ; c'est ce qu'il fit, notamment après l'hiver, à 12 reprises, car il savait compter, l'animal. Il recevait dans ses entreprises le précieux concours de Micka. Micka, en dépit de ses airs de chien battu, était un cocker intelligent qui savait remettre habilement le ballon à son ami Mamadou ou le pousser lui-même dans les buts avec le museau ou la papatte. Les autres animaux se mêlaient joyeusement aux attaquants du club : Bassila et Karim, les girafes, monopolisaient l'attention des gardiens sur corners, Salim, le zèbre, aimait à galoper à la lisière du terrain, là où l'herbe est épaisse, pour projeter le ballon devant les bois adverses, tandis que Yacine, un infatigable mulet, rapportait sans cesse le ballon à ses camarades de jeu. Tout cela faisait le plus grand bonheur du Racing !
A la nouvelle saison
Puis, lorsque la nouvelle saison fût venue, Mamadou souhaita connaître l'herbe des rivages méditerranéens, et Micka fût désemparé de jouer à la baballe au centre d'une étendue herbeuse inhabituellement verte. Alors les hommes qui venaient observer les animaux tous les quinze jours constatèrent que l'attaque du Racing était confiée à des animaux plus frêles que l'imposant éléphant, à commencer par Lulu, bien sûr, une antilope attachante et rapide, Gmandia, qui était selon les spécialistes animaliers une petite mangouste des sables prompte à foudroyer sa proie, Diané, une habile gazelle, sans compter Hosni, le talentueux fennec des sables égyptiens.
Adieu pachydermique Mamadou. La pelouse du Racing n'est plus communément habitée par des bêtes dont les impressionnantes mensurations en font les rois des animaux.
Mais curieusement, le règne animal n'appartient pas exclusivement à des grosses bêtes qui y régneraient en maîtres. Mais non, les éléphants ont toutes raisons de craindre les petites souris pendant que les rats prospèrent et que les singes savent échapper au danger.
Le renard va-t-il sortir de son terrier
Jacky et Marco, les deux vétérinaires, comptèrent alors sur Alex, un petit renard arraché aux trappeurs suédois et élevé au biberon depuis lors. Le petit Alex, dont le pelage ordinairement roux change avec les saisons jusqu'à parfois disparaître totalement, est un petit animal fort doué et très joueur. Avec son oeil illuminé et son coup de patte technique et malin, il a tout pour devenir un véritable renard des surfaces (renardus technicum surfacès par opposition au renardus tocardus vulgaris*), une variété capable tout autant de lancer la gazelle dans l'espace, de placer la mangouste en situation de face à face mortel avec le gardien, ou de glisser lui-même le ballon dans un trou de souris.
Las, en ce début de saison, notre petit renard ressemble encore à une belette désorientée, l'oeil terne, l'esprit perdu dans les étendues neigeuses scandinaves... Bien sûr, les autres animaux ne s'entendent pas davantage pour jouer de leur vivacité et faire tourner les adversaires en bourriques. Toujours est-il qu'Alex et ses amis n'arrivent pas, pour l'heure, à sortir du terrier et à récolter le moindre fromage auprès des hôtes de ces bois.
Moralité
Aujourd'hui les hommes retiennent leur souffle et leurs larmes.
Ont-ils péché par avarice en vendant l'éléphant, ou le garder aurait-il été de l'imprudence ?
Ont-ils été trop fourmi quand devait chanter la cigale ?
Faut-il attendre patiemment qu'Alex, le petit renard, sorte de son terrier pour que tous les animaux jouent comme larrons en foire ?
L'éléphant Mamadou a-t-il laissé un trou impossible à boucher? faut-il recruter un berger allemand ou un oiseau des îles ?
De son fauteuil en tribune ouest, Jean de La Fontaine aurait peut-être pensé :
De sagesse Marco ne semble pas dénué
Entre la fourmi et la cigale, le choix
En souhaitant qu'il trouve le chemin étroit
Qui conduira le Racing à la renommée
(*) note de l'éditeur (editorius bourrum)
