Halet les bleus

Formé à Strasbourg jusqu'à ses 19 ans, Clément Halet (27 ans) a depuis belle lurette quitté un Racing qui, à l'époque, ne voulait plus de lui. En 2005, il se lance dans un tour d'Allemagne des clubs de tradition, ces[i] Traditionvereine qui drainent invariablement des milliers de spectateurs en D3 ou en D4. Sarrebruck, Düsseldorf et à présent Münster, depuis 2010, ont été ses principaux points de chute. Pour le Mojito Football Club et racingstub.com, Clément Halet retrace son parcours, jalonné aussi bien de satisfactions que de désillusions, sans manquer d'évoquer le Racing, son « club de coeur ».[/i]

(Mojito F.C./racingstub.com) Que retiens-tu de tes premières années de footballeur au Racing ?

(Clément Halet) D'abord, la finale de la coupe Gambardella en 2003. Une finale de coupe de jeunes c'est toujours bénéfique pour la suite. A l'époque, en attaque nous avions Eric Mouloungui, et Habid Bellaïd en défense, et aussi David Ulm, Gaétan Krebs, Jean-Christophe Vergerolle. En finale, nous avons joué contre une équipe de Rennes qui était vraiment au-dessus de nous, dont la plupart des joueurs ont d'ailleurs ensuite signé des contrats en première division ou à l'étranger, notamment Jimmy Briand, Sébastien Le Toux (Nda : actuellement à Philadelphie en Major League Soccer) ou Yoann Gourcuff bien-sûr. Ils étaient plus mûrs que nous et nous avons craqué très vite en première mi-temps. C'est dommage, mais ça reste quand même de bons souvenirs.

A cette époque tu as tout juste 19 ans et dans la foulée tu pars à Laval...

Si j'avais pu, je serai resté dans mon club formateur. On m'a fait comprendre que je n'étais pas assez mûr pour le CFA, voire plus haut. Au moment de jouer la finale de la Gambardella, je savais déjà que je ne resterai pas au Racing. J'avais 18-19 ans, on m'annonce ça, j'ai pris un bon coup. Mon match je ne l'ai pas fait à 100%, je n'étais pas dedans, mais ça ne m'a pas empêché après de signer à Laval pour deux saisons. Là-bas, j'ai démarré avec la réserve qui évoluait en CFA2 et la première année j'ai fait 4-5 matches en Ligue 2 avec Francis Smerecki, qui m'a donné une petite chance. L'année suivante, par contre, il y a eu un changement d'entraîneur dans l'équipe professionnelle. Denis Troch faisait plutôt confiance aux anciens et je n'ai pas eu ma chance quand il était là. Ça reste quand même de très bons souvenirs, Laval. J'ai passé deux superbes années et j'ai rencontré des gens formidables.

On est à présent en 2005, tu pars en Allemagne au FC Saarbrücken, en Bundesliga 2. Tu y passes trois saisons avec deux relégations à la clé...

Quand je suis arrivé la première année, l'équipe a fait un très mauvais début de saison. Ensuite, nous nous sommes battus mais nous avons fini par descendre à l'avant-dernière journée. Il fallait gagner contre Munich 1860 là-bas et nous perdons 1-0, devant 60 000 personnes. Pour moi, jeune joueur qui venait de faire sa première grosse saison dans le monde professionnel, ça a été très dur. Ensuite, j'aurais peut-être pu changer de club, mais avec mon agent nous avons décidé que ça valait le coup de rester au club et de repartir à zéro. Il y avait une équipe fantastique avec des joueurs comme Jonathan Jäger, qui a joué à Metz et à Fribourg, Mustapha Hadji, qui était ballon d'or africain (nda : en 1998). Le problème, c'est qu'il avait de très bons joueurs, mais pas d'équipe. Collectivement, nous étions moins bons que les autres.

En 2007/2008, lors de ta dernière saison à Sarrebruck, en Oberliga (D4), tu ne joues que deux matches contre 21 et 26 lors des deux précédentes années. Pourquoi ?

Déjà en Regionalliga (D3), je ne fais que 26 matches. Au cours d'un match, j'entre en jeu, je fais à peine deux secondes sur le terrain avant de me blesser aux ligaments croisés, ce qui fait six mois d'arrêt. Ensuite, je reprends à la trêve hivernale avec le groupe, je fais deux matches en Oberliga et j'ai un autre souci avec un bout de cartilage qui s'est détaché dans le genou. J'ai dû me refaire opérer, pour trois mois d'arrêt.

A l'été 2008, tu pars au Fortuna Düsseldorf qui évolue en 3. Liga, championnat professionnel venu s'intercaler entre la 2. Bundesliga et la Regionalliga, tu joues 25 matches et le club monte en fin de saison.

Ca a été une très bonne année, sauf la fin puisque je me suis blessé au ménisque à l'avant-dernière journée. Comme je n'avais qu'un contrat d'un an et que le club montait en deuxième division, ils ne m'ont pas gardé.

Tu vis ensuite six mois d'inactivité au second semestre de l'année 2009, ce qui est sans doute dur à vivre.

C'est très dur à vivre. Je suis rentré chez mes parents pendant six mois. Vraiment six mois horribles. Être au chômage est la pire chose qui puisse arriver à un footballeur. Tu es à la maison, il n'y a rien à faire.

Finalement tu retrouves un club, le VfR Aalen en Regionalliga (D4), au début du premier semestre 2010. Par contre, tu ne joues pas un seul match.

J'y suis allé pour faire un essai. Je venais de troisième division, donc un étage au-dessus, et l'entraîneur s'est dit que je pouvais faire du bien. Ils m'ont pris. Par la suite, ça ne s'est pas bien passé avec lui. Il n'y avait pas de feeling. Je ne peux pas dire pourquoi : je suis toujours ponctuel aux entraînements et je me donne toujours à fond. C'est difficile à expliquer.

Saison 2010/2011 : tu signes au Preussen Münster qui à ce moment-là évolue en Regionalliga. Vous montez, tu joues 19 matches, tu marques un but, mais encore une fois tu te blesses...

Je démarre la saison titulaire, l'équipe réalise un bon début de saison et je fais de très bons matches. Arrivé à la onzième journée, je me fracture la clavicule. Dans la foulée, le président m'appelle pour me dire qu'il ne faut pas que je me fasse de souci et qu'on va discuter pour signer un nouveau contrat. Malgré la blessure, ils ne m'ont pas laissé tomber, et ça fait du bien.

On en vient à la saison en cours. Pour l'instant, tu en es à 20 matches en 3. Liga et tu es tout le temps titulaire.

Tout se passe bien. Vu que le club vient de monter, la première ambition est le maintien mais plus en essayant de voir un peu plus haut. Nous avons fait un très bon début de saison dans l'euphorie de la montée, ensuite il y a eu beaucoup de cartons rouges et de blessures. Nous avons perdu des matches un peu bêtement, mais pour l'instant tout se passe très bien.

Vis-à-vis de Strasbourg, le Racing est-il un club qui compte toujours pour toi ?

Bien-sûr, j'ai été formé ici, c'est en grande partie grâce à la formation dans ce club-là que j'ai fait cette petite carrière et ça fait ch... Je ne sais pas si je peux le dire, mais ça fait ch... de voir le Racing où il est en ce moment. Après, il fallait s'y attendre. Le Racing, c'est le fleuron de l'Alsace. Le Racing doit être aux Alsaciens.

Avec Frédéric Sitterlé, le Racing est à nouveau alsacien.

Quand il a pris la présidence, je l'ai félicité sur internet. J'ai discuté de temps en temps avec lui et pour l'instant il fait un super boulot. Je pense que ce sont les bonnes personnes. Ça ne va pas être facile non plus, il va faire des erreurs comme tout le monde, mais il ne peut pas faire pire qu'un Jafar Hilali ou un Philippe Ginestet.

Tu es en fin de contrat avec Münster en 2012, peut-être vas-tu prolonger. Mais si le Racing faisait appel à toi, est-ce que ça te tenterait d'y revenir ?

C'est mon club de coeur, j'ai été formé ici et ça s'est terminé un peu trop tôt pour moi. Pourquoi pas, j'ai toujours apprécié ce club. J'en ai voulu à certaines personnes, mais la page est tournée. Je vais de l'avant, j'ai fait ma petite carrière pour l'instant. Si je resigne à Münster tant mieux, si je ne resigne pas il y aura peut-être autre chose.



Merci à Clément Halet pour sa gentillesse et sa disponibilité. L'intégralité de l'échange avec Clément est écoutable sur le site du Mojito Football Club