- Note
- 0.0 / 5 (0 note)
- Date
- Catégorie
- Personnel
- Lectures
- Lu 1.855 fois
- Auteur(s)
- Par zottel
- Commentaires
- 3 comm.
Reportage exceptionnel de racingstub.com à Rodez, camping de la Cuvette Moussue. Lecteur, sache que la vie qu'on t'a donnée est faite pour ce championnat qui t'entraîne jusqu'au bout de la nuit.
(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)
« Le microbe n'est rien, le terrain est tout » disait l'inventeur de la médecine naturelle ; oublions donc un peu le Rodez Aveyron Football et parlons de l'Aveyron.
La faune et la flore du département se composent de vaches et de champignons. Des deux, les coins à vache sont les plus faciles à trouver. A leur confluent coule le Roquefort.
La géologie aveyronnaise ne serait rien sans son chef-d'oeuvre, le http://fr.wikipedia.org/wiki/Trou_de_Bozouls" target="_blank" class="st-target-blank">Trou de Bozouls.
Aux dires des géomètres, son diamètre comme sa concavité sont remarquables ; mordant largement sur le relief, il est garni de vide - un sédiment que la Nature tient pourtant en horreur - apposé là depuis le fond du val jusqu'à hauteur du Café des Sports.
Chaque année, de nombreux touristes attirés par les panneaux arrivent à Bozouls. On les trouve abimés dans la contemplation du Trou. Car immanquablement la plénitude les gagne ; ivres même parfois, ils tombent - un jour leurs dépouilles combleront le Trou.
Pour cette raison, les Aveyronnais se méfient du Trou. A sa seule évocation, ils se signent et se lancent dans des imprécations en franco-aveyronnais extrêmement difficiles à saisir. On se souvient à cet instant que jamais la grande araignée de l'Université, la machine à laver les accents régionaux, n'a posé de tentacule dans la région. On comprend quand même - il y a des gestes aussi - qu'il y est question du Tout-Puissant, mais sur un mode allusif, "Sacrebleu", "Pardiou", car ce puissant-là est du genre susceptible en plus d'être polyglotte. Décontenancé, le touriste photographie le rustaud.
Mais parfois, cela ne lui apporte pas entière satisfaction. Après un bref débat avec son épouse et son banquier, il achète une maison.
L'Aveyron, département de villégiature par excellence, est couvert de résidences secondaires. Il faut dire que le touriste tient de source sûre que l'affaire était belle : son beau-frère qui a la même, le dernier supplément « Le sexe chez les cadres - l'immobilier chez les ploucs » de l'Express...
A l'examen de cette littérature, il apparaît même logique que tous les villages de l'Aveyron soient Le Plus Beau Village de France. On s'interrogera quand même un peu sur la signification commerciale de ces distinctions ; il est rare qu'un migrant achète un village entier ! Du point de vue local, ce classement ex-æquo, particulièrement frustrant quoiqu'unique au monde, a déplacé la compétition inter-patelins sur des champs de bataille inattendus. Ainsi Monsieur R., de Cassuéjouls, détient de notoriété publique le Plus Beau Robinet de France ; il fonde aussi beaucoup d'espoirs sur une lunette de WC en moumoute de toute splendeur.
Plus important, et tous les agents immobiliers vous le diront, les maisons sont larges, solidement bâties en pierres de calcaire soudées d'un mortier de salive ou de lichen pulvérulent ; ces murs imposants résonnent parfois des premiers cris de grands hommes. Par exemple, l'entomologiste Jean-Henri Fabre salit des couches à Saint-Léon du Lévézou, avant de recevoir la légion d'honneur et d'être baptisé « L'Homère des insectes » par Victor Hugo ; cela vaut toujours mieux que « Le Genghis Khan des harengs-pommes à l'huile », dont nous parlerons le moins possible.
Beaucoup de résidences d'été sont garnies d'Anglais. C'est au point qu'il est permis dans l'Aveyron de conduire à la fois à droite et gauche, la priorité n'allant qu'aux troupeaux ; les voitures immatriculées 12 sont chassées à gros cailloux dans les autres coins du Midi.
Dans ces conditions, on comprend que l'Aveyronnais authentique ne se rencontre plus guère que dans des pâturages ventés, avec sa mise pauvre et son visage buriné. C'est bien simple, on dirait Victor l'enfant sauvage de l'Aveyron ! Ne pressons pas les choses. C'est à force de patience qu'on l'apprivoise ; quelques menus cadeaux - un Ipod presque neuf, un écrou qui brille... - peuvent y aider. S'il vous invite à sa table, ne soyez pas surpris, il survit à peine : un demi-kilo d'aligot, une cuisse de canard confit, trois livres de terrine d'ail au canard, un gâteau aux noix et à l'ail et un verre d'ail le sustentent quotidiennement. Le canard est considéré comme un légume.
Gêné par le spectacle de son dénuement, votre hôte ne soutiendra votre regard qu'au moment de faire goûter la spécialité, le farçou : composé de vert de blette, de plumes de canard et de sciure de bois, « ça fait comme de la vraie viande en moins cher, car c'est pas tous les jours Noël ici ». Une piste que pourrait explorer, sans doute, l'atelier merguez du think tank investi dans la rénovation du Racing ?
Tout ceci constitue l'ordinaire des restaurants, pour un prix de 2 frs 50 qui n'a pas été indexé sur l'inflation depuis Napoléon III. Comme le paysan de Ravage, ils ignorent même parfois qu'il y a eu des guerres ; contrairement au Sud de Nino Ferrer, il est vraisemblable qu'elles passent toujours à côté.
Après ça, vous pouvez faire une croix sur la carte Michelin, rentrer dans votre HLM et manger du poulet aux hormones ; vous avez « fait » l'Aveyron. La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a.
Ce cheminement, par cercles concentriques comme les cernes de Wason Renteria revenant d'une retraite spirituelle en Colombie, nous amène au Rodez Aveyron Football.
Rodez est La Ville de l'Aveyron. L'accident. Le pêché moderne. Nul ne sait comment se mettent en place des circuits économiques complexes et l'accumulation des richesses dans des conditions naturelles si favorables à l'autonomie. Rodez est une Peugeot 403 montée par une tribu de chasseurs-cueilleurs.
Heureusement, le RAF est le Plus Beau Club de Foot de France, traditionnellement bâti de solides footballeurs, soudés d'un mortier de tactique ou d'enthousiasme rural. Son enceinte résonne parfois des premiers cris de grands hommes, comme par exemple Frédéric Hantz, « le Harry Klein du Midi-Pyrénées ». Mais cela pourrait changer, car il n'est pas exclu qu'il soit vendu à des Anglais... Tous ne sont pas nés pour planter la vigne et le rugby de par le monde, loin s'en faut ! On sait combien pullulent les traders londoniens lassés de Football Manager ! C'est un triste sort qui nous toucherait. Plût à Dieu que le Racing l'emporte.
« Le microbe n'est rien, le terrain est tout » disait l'inventeur de la médecine naturelle ; oublions donc un peu le Rodez Aveyron Football et parlons de l'Aveyron.
Rouerguo-thérapie
La faune et la flore du département se composent de vaches et de champignons. Des deux, les coins à vache sont les plus faciles à trouver. A leur confluent coule le Roquefort.
La géologie aveyronnaise ne serait rien sans son chef-d'oeuvre, le http://fr.wikipedia.org/wiki/Trou_de_Bozouls" target="_blank" class="st-target-blank">Trou de Bozouls.
Aux dires des géomètres, son diamètre comme sa concavité sont remarquables ; mordant largement sur le relief, il est garni de vide - un sédiment que la Nature tient pourtant en horreur - apposé là depuis le fond du val jusqu'à hauteur du Café des Sports.
Chaque année, de nombreux touristes attirés par les panneaux arrivent à Bozouls. On les trouve abimés dans la contemplation du Trou. Car immanquablement la plénitude les gagne ; ivres même parfois, ils tombent - un jour leurs dépouilles combleront le Trou.
Pour cette raison, les Aveyronnais se méfient du Trou. A sa seule évocation, ils se signent et se lancent dans des imprécations en franco-aveyronnais extrêmement difficiles à saisir. On se souvient à cet instant que jamais la grande araignée de l'Université, la machine à laver les accents régionaux, n'a posé de tentacule dans la région. On comprend quand même - il y a des gestes aussi - qu'il y est question du Tout-Puissant, mais sur un mode allusif, "Sacrebleu", "Pardiou", car ce puissant-là est du genre susceptible en plus d'être polyglotte. Décontenancé, le touriste photographie le rustaud.
Mais parfois, cela ne lui apporte pas entière satisfaction. Après un bref débat avec son épouse et son banquier, il achète une maison.
Aubrac c'est libre
L'Aveyron, département de villégiature par excellence, est couvert de résidences secondaires. Il faut dire que le touriste tient de source sûre que l'affaire était belle : son beau-frère qui a la même, le dernier supplément « Le sexe chez les cadres - l'immobilier chez les ploucs » de l'Express...
A l'examen de cette littérature, il apparaît même logique que tous les villages de l'Aveyron soient Le Plus Beau Village de France. On s'interrogera quand même un peu sur la signification commerciale de ces distinctions ; il est rare qu'un migrant achète un village entier ! Du point de vue local, ce classement ex-æquo, particulièrement frustrant quoiqu'unique au monde, a déplacé la compétition inter-patelins sur des champs de bataille inattendus. Ainsi Monsieur R., de Cassuéjouls, détient de notoriété publique le Plus Beau Robinet de France ; il fonde aussi beaucoup d'espoirs sur une lunette de WC en moumoute de toute splendeur.
Plus important, et tous les agents immobiliers vous le diront, les maisons sont larges, solidement bâties en pierres de calcaire soudées d'un mortier de salive ou de lichen pulvérulent ; ces murs imposants résonnent parfois des premiers cris de grands hommes. Par exemple, l'entomologiste Jean-Henri Fabre salit des couches à Saint-Léon du Lévézou, avant de recevoir la légion d'honneur et d'être baptisé « L'Homère des insectes » par Victor Hugo ; cela vaut toujours mieux que « Le Genghis Khan des harengs-pommes à l'huile », dont nous parlerons le moins possible.
Beaucoup de résidences d'été sont garnies d'Anglais. C'est au point qu'il est permis dans l'Aveyron de conduire à la fois à droite et gauche, la priorité n'allant qu'aux troupeaux ; les voitures immatriculées 12 sont chassées à gros cailloux dans les autres coins du Midi.
Go à Millau
Dans ces conditions, on comprend que l'Aveyronnais authentique ne se rencontre plus guère que dans des pâturages ventés, avec sa mise pauvre et son visage buriné. C'est bien simple, on dirait Victor l'enfant sauvage de l'Aveyron ! Ne pressons pas les choses. C'est à force de patience qu'on l'apprivoise ; quelques menus cadeaux - un Ipod presque neuf, un écrou qui brille... - peuvent y aider. S'il vous invite à sa table, ne soyez pas surpris, il survit à peine : un demi-kilo d'aligot, une cuisse de canard confit, trois livres de terrine d'ail au canard, un gâteau aux noix et à l'ail et un verre d'ail le sustentent quotidiennement. Le canard est considéré comme un légume.
Gêné par le spectacle de son dénuement, votre hôte ne soutiendra votre regard qu'au moment de faire goûter la spécialité, le farçou : composé de vert de blette, de plumes de canard et de sciure de bois, « ça fait comme de la vraie viande en moins cher, car c'est pas tous les jours Noël ici ». Une piste que pourrait explorer, sans doute, l'atelier merguez du think tank investi dans la rénovation du Racing ?
Tout ceci constitue l'ordinaire des restaurants, pour un prix de 2 frs 50 qui n'a pas été indexé sur l'inflation depuis Napoléon III. Comme le paysan de Ravage, ils ignorent même parfois qu'il y a eu des guerres ; contrairement au Sud de Nino Ferrer, il est vraisemblable qu'elles passent toujours à côté.
Après ça, vous pouvez faire une croix sur la carte Michelin, rentrer dans votre HLM et manger du poulet aux hormones ; vous avez « fait » l'Aveyron. La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a.
Les colosses de Rodez
Ce cheminement, par cercles concentriques comme les cernes de Wason Renteria revenant d'une retraite spirituelle en Colombie, nous amène au Rodez Aveyron Football.
Rodez est La Ville de l'Aveyron. L'accident. Le pêché moderne. Nul ne sait comment se mettent en place des circuits économiques complexes et l'accumulation des richesses dans des conditions naturelles si favorables à l'autonomie. Rodez est une Peugeot 403 montée par une tribu de chasseurs-cueilleurs.
Heureusement, le RAF est le Plus Beau Club de Foot de France, traditionnellement bâti de solides footballeurs, soudés d'un mortier de tactique ou d'enthousiasme rural. Son enceinte résonne parfois des premiers cris de grands hommes, comme par exemple Frédéric Hantz, « le Harry Klein du Midi-Pyrénées ». Mais cela pourrait changer, car il n'est pas exclu qu'il soit vendu à des Anglais... Tous ne sont pas nés pour planter la vigne et le rugby de par le monde, loin s'en faut ! On sait combien pullulent les traders londoniens lassés de Football Manager ! C'est un triste sort qui nous toucherait. Plût à Dieu que le Racing l'emporte.
