Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Complainte d'un supporter en détresse

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Par paolo
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Le Racing s'apprête à démarrer la saison en National, pour la première fois de son histoire. Et quand on le réalise un peu trop brutalement ça fait mal, donc forcément on a besoin d'en parler. Ou en l'occurrence d'écrire...

Torino, le 7 août 2010.

C'est en cette chaleureuse soirée d'été qu'il me vient la pulsion d'écrire les lignes qui vont suivre. Je suis en vacances depuis plusieurs jours, loin de Strasbourg, loin du Racing. Pour la première fois depuis des mois, voire des années, le Racing n'occupait plus mes pensées quotidiennes. Je m'étais même surpris à passer des matinées et des après-midis entiers sans subir de flash sur Hilali, Plessis, le National, bref sur le désastre actuel. Cela faisait en tous cas fort longtemps que je ne ressassais plus sans cesse toutes les humiliations infligées dans ce passé encore trop récent : de l'affront des onze défaites à cette maudite relégation à la cave du foot pro français.

J'étais bien, paisible, profitant tranquillement de la dolce vita à l'italienne, et puis tout est remonté. Vlan, d'un coup, comme ça, sans crier gare. Je me suis mis à repenser à tous les déboires accumulés, provoquant rapidement en moi un cinglant malaise. Afin de dissiper cette nausée ô combien inopportune (en pleines vacances, merde !), je me suis instinctivement mis sur la voie de l'écriture : la vraie, la brute, la spontanée ; celle qui possède le pouvoir thérapeutique de purger le mal-être passager. Ce que je ressens, précisément au moment où j'écris, est une impression de prime abord peu évidente à cerner. En y réfléchissant deux secondes, un mot me vient subitement à l'esprit : aliénation. Aliénation, car ma passion Racing agit à présent en moi comme un corps étranger, hostile. Je n'en profite plus, je la subis plus que je n'en jouis. Une véritable dépossession de moi-même, une souffrance en bonne et due forme.

Plus on aime, plus on souffre. Plus le RCS est mal, plus je l'aime. CQFD

J'aime le Racing, donc j'en souffre. Je souffre de le voir en cette piteuse posture. Je souffre de le savoir « dirigé » par les personnes que l'on sait. La passion, ça ne peut pas être que du calvaire. Même dans les moments délicats, on doit forcément pouvoir en retirer un minimum de vibrations positives. Que nenni, mon enthousiasme semble durablement être entré en léthargie.

Ce Racing-là, ce n'est plus le mien. C'est devenu un Autre, un ersatz, un avatar, une pâle copie. Comme on voudra. Vous avez dit aliénation ?

Pourtant, je me suis réabonné. A la dame de la billetterie, au moment de rempiler, j'ai confié : « Ca me fait chier, mais bon... ». Mais bon. Mais bon quoi ? Le prix déjà. A 32,50 euros, je n'hypothèque de loin pas ma modeste fortune. Et au moins, je m'épargnerai toute contrainte pratique les fois où je viendrai admirer le club de la septième ville de France se dépêtrer en troisième division. Mais surtout, j'ai osé le réabonnement (le huitième consécutif quand même) car, tout simplement, j'adore aller au stade. J'adore la Meinau, j'adore le 1/4 de virage, j'adore éprouver ces sensations lorsque nous convergeons ensemble vers notre seconde maison. Que l'on soit 200, 2000 ou 20000, peu importe : nous sommes ensemble et nous ne nous sentons pas seuls.

« You'll never walk alone. »

Lorsque je vais au stade, j'y vais pour accomplir un acte d'amour. Et même si le Racing n'est plus l'attirante créature qu'il était naguère, j'apprécierai toujours de venir lui faire l'amour. Et de lui faire encore et encore... Je doute néanmoins fort que mon plaisir me satisfera ces prochains temps. Pour la première fois, j'ai peur de la lassitude.

Le Racing, pour moi comme pour beaucoup, représente une véritable histoire d'amour. Rien ne sert toutefois de se cacher la triste réalité : « ils » ont aliéné notre passion, « ils » ont rendu le Racing étranger à sa propre identité. Celle d'un club de l'élite, pas toujours fringant certes, mais capable de terrasser n'importe quel adversaire. « Ils » m'ont même donné la tentation d'écrire « racing » avec un tout petit r. Ce racing-là n'est plus le Racing. Ce n'est plus mon Racing. Derrière ce « ils », je laisse à chacun le soin d'y ranger les personnes voulues. Mon aversion à l'égard de « ces gens-là » n'a d'égal que le mépris qu'ils portent à l'institution RCS 1906.

Si j'écris ce texte, je le répète, c'est avant tout par souci thérapeutique, pour me soulager, pour balancer hors de moi toute cette énergie négative qui me tourmente dès que je pense à ce racing. Tout petit racing. Indigne racing.

Du Racing il ne reste que ses supporters. A ce titre, nous ne pouvons pas faire comme si tout était normal. Nous sommes en troisième division.

Marre. J'en ai marre. Marre de subir, marre de me sentir humilié, marre de voir trop de gens se résigner à l'inacceptable. Un grand sentiment de ras-le-bol. La tentation de tout plaquer M. Chatouille, mais je dois vite me rendre à l'évidence : je suis un amoureux transi et l'éventualité d'une rupture me terrorise. Je continuerai donc, lorsque l'envie me poussera, de hanter ces gradins que j'aime tant. Et pourquoi pas (rêvons un peu), je me surprendrai à encourager des combattants sur le terrain. Des combattants qui feraient (enfin) honneur à la tunique qu'ils endossent. Pour l'heure, je n'ai malheureusement plus l'envie, plus de désir. Ma libido Racing frôle le zéro absolu.

Je ne souhaite qu'une chose : que ma flamme intérieure se ravive, que la ferveur s'empare à nouveau de moi. Quoi qu'il en soit, l'écusson historique me mettra toujours en transe à sa seule contemplation. C'est bien ce qui me donne encore la force de gueuler :

« Rendez-moi mon Racing ! »
« Rendez-nous notre Racing ! »

A buon intenditore poche parole...
A bon entendeur, salut.

paolo

Commentaires (11)

Flux RSS 11 messages · Premier message par deldongo · Dernier message par captainflirt

  • Comme Paolo , supporter mais malheureux que le club , c'est Strasbourg quand même , soit en National . J'ai vu que certains ne sont pas choqués, chacun ses idées .
    Je me tate encore pour m'abonner car je ne perdrai pas beaucoup.
  • Noi odiamo Tutti.
    Article d'un nouveau genre qui en appellera d'autre et peut être même la confession d'Hilali sur les raisons de sa venue chez nous.
  • Détresse partagée par un grand nombre d'entre-nous sans doute, je suis dans un état d'esprit très proche quand je pense à ce qu'est devenu le R(r)acing.
  • Très joli écrit. Bravo ! Je regrette juste qu'il n'y ait pas un hommage (même rapide) au vrai responsable de ce gachis : Philippe Ginestet !
  • Le racing avant était une sacré poulette, quand tu allais lui rendre visite c'était impossible de pas succomber à son charme (la meinau, le côté punk, ces amis, sa résonance etc), ducoup tout les week les seules pensées était pour madame.
    Aujourd'hui, elle a un cancer profond, général, et terriblement lent qui saison après saison lui fait perdre ces atouts. Qu'elle tristesse, l'accompagner dans ce dernier souffle et prendre sur soit, ou la laisser partir seul pour se préserver... tel est certainement le dilemme qui se pose en chacun de nous!
  • L'amour fait souffrir...
  • C'est très fort!
    Le foot me dépasse depuis un certain VA - OM avec Tapie and Co.
    Je ne suis pas allé au stade l'année dernière, mais contre Evian, je me suis dit, allez, vas-y, et franchement il sent bon ce stade, j'ai vu un match sympa, mais depuis avec ces histoires qui resortent toujours en encore, je ne sais plus!!!
  • Merci Paolo pour ce joli texte, même à des centaines de bornes de Strasbourg, je ressens la même souffrance (Amour?) pour ce club que j'aime depuis l'enfance!
  • Pète un coup mon gars, ça ira mieux !
  • Perfecto.
    Ca ressemble à un scénario de film ... de Série B.
  • Bravo pour ce premier article qui vient du coeur.
    Je ressens le même genre de sentiments actuellement, mais je n'ai pas encore franchi le cap du réabonnement. En plus du spectacle affligeant qui se trame à l'âme hainault, je ne sais pas si j'ai envie de voir mes amis stubistes souffrir.

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Stammtisch
  • gohelforever et c'est pas de la provoc. aucun autre. c'est dire si on va revivre une saison de merde.
  • gohelforever j'ajouterais senaya qui je pense a une marge de progrès et une très chouette mentalité ' mais c'est tout. absolument tout.
  • gohelforever oui. perrin pour l'engagement et la personnalité. Pas pour viser plus haut. la remarque vaut pour guilbert.
  • raukoras Bakwa et Guilbert, et suivant le schéma Perrin. Ça ne fait pas lourd.
  • gohelforever tu veux repartir l'an prochain jouer au foot, y'a pas 3 joueurs à conserver dans cette équipe de guignols. Pas 3.
  • gohelforever 24 millions
  • gohelforever l'action qui mène à la signature de sylla pour 24 mérite d'être montrée dans toutes les bonnes écoles d'agents. du génie pur.
  • domes Le reste vaudrait mieux pas fanfaronner
  • domes Heureux de pouvoir participer au cortège et de voir la rencontre sans pression
  • lafoudre2 Moi je.suos.heureux du maintien même si c'est une saison de merde
  • gohelforever comment oser fanfaronner ??
  • gohelforever on s'en fout. On joue avec des poussins. on a un fond de jeu de merde techniquement et tactiquement
  • alainh68 C'est super
  • alainh68 On est en ligue 1 , on est on est on est en ligue 1
  • alainh68 On est , on est , en ligue 1
  • domes Sa va donc se jouer entre Metz et Le Havre
  • kitl un bon match nul peut éviter cette perspective
  • tenseur Et aussi pour éviter de finir avec 5 défaites d'affilés
  • kitl faut espérer que cet enjeu transcende l'équipe
  • steph1978 Ben juste pour finir correctement, moi perso j'ai rien contre Metz je veux juste voir une dernière victoire a la Meinau

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