La mort au loin, le havre de près

Fenêtre sur passé

Souvenirs, souvenirs. Non ce n'était déjà plus les années yéyés, mais des années d'insouciances comparées à celles que nous connaissons aujourd'hui. Comme un pied de nez à l'histoire, la venue des Havrais à la Meinau correspond d'avantage à des moments de fête que d'angoisses. C'était il y a huit ans, quasiment jour pour jour. 23.000 âmes s'étaient rassemblées pour assister à un anecdotique 1-1. S'en était suivi, feu d'artifice et envahissement du terrain. C'était le 3 mai 2002, Strasbourg venait de retrouver l'élite. Les José Luis Chilavert, Habib Beye, Teddy Bertin, Corentin Martins, Danijel Ljuboja n'avaient pas failli à leur mission. Dans les buts havrais, un certain Alex Vencel assistait au sacre de ses anciens potes.

C'est aussi face au doyen des clubs français que le Racing fêta son centenaire. On se souvient des « tifos » déployés dans toutes les tribunes. En ce mois de septembre 2006, le Racing cherchait encore ses marques, mais la bande à JPP finira aussi par connaître le succès et l'accession. Côté havrais, la paire Jean-Michel Lesage – Kandia Traoré enquillait les buts, tandis qu'un certain Steve Mandanda officiait dans les cages.

Sueurs froides

Clap. Action. La scène se déroule aujourd'hui, et l'histoire préfère jouer avec les nerfs du (télé-)spectateur. Ce n'est pas Valérie Damidot qu'on voudrait emplâtrer dans ses murs prunes et taupes, mais plutôt des joueurs de foot encore une fois apathiques lors de leur dernière sortie. Le générique de fin est proche.

Les dirigeants ne sachant plus à quel saint se vouer ont même fait appel à un magicien. Jean-Claude Plessis vogue entre optimisme (« un club comme Strasbourg ne peut pas être relégué ») et prise de conscience désabusée. On l'a entendu faire le constat cinglant après Guingamp : « mon équipe manque de talent ». Côté Pascal Janin, c'est l'aveu d'impuissance. Le coach semble plus esseulé que jamais. Comme si la saison était trop longue de trois ou quatre matches pour continuer à fédérer autour de son discours. Le pire, c'est que les joueurs n'ont pas lâché leur entraineur, contrairement à ce qui a pu se passer avec Antoine Kombouaré par exemple.

A propos de joueurs, on ne compte plus les interviews où on nous vend de la remobilisation au kilomètre, de la rigueur à n'en plus savoir quoi faire et de l'esprit de groupe à la pelle. Les actes ne suivent pas, et le Racing, 17ème se trouve dans une sacrée mouise.

Les oiseaux

Les oiseaux de mauvais augure rôdent route de Colmar. Ceux de la mafia s'en sont allés, d'autres les ont supplées. Même si la réaction est tardive, l'équipe dirigeante fait tout pour remplir le stade. Billets offerts aux abonnés, aux licenciés, même NRJ va s'en mêler. Preuve s'il en est que tout le monde tire dans le même sens, en ce soir de fête du foot, et que les enjeux sont clairs pour tout le monde.

Plus loin d'autres piafs n'attendent qu'une chose : que la carcasse inerte du Racing chancelle définitivement, pour ne plus se relever. Et dans ce rôle, Guingamp, Istres, Châteauroux ou Vannes excellent. Ces clubs s'inscrivent dans une spirale positive, trop positive, et franchement inquiétante pour le RCS.

Le HAC pourrait être la cerise sur le gâteau. On croyait Nîmes démobilisé, il n'en a rien été. On peut penser la même chose du Havre. Pourtant, à écouter l'entraîneur Cédric Daury, il ne s'agira pas de faire de la figuration en terre alsacienne, mais de faire tourner l'effectif afin de préparer d'ores et déjà la saison prochaine. Ajoutons qu'éliminer un concurrent à la montée pour 2011 - j'en entends qui ricanent - représente une motivation supplémentaire. Motif d'espoir pour les Strasbourgeois, la fébrilité de la défense de l'équipe visiteuse : au moins un but encaissé lors des treize derniers matches, et trois défaites lors des trois dernières sorties.

Même si l'objectif de début de saison n'est clairement pas atteint, le groupe havrais se compose de quelques jeunes prometteurs, épaulé par des connaisseurs de la Ligue 2, en particulier le capitaine Nicolas Gillet (33 ans), ou Jérémy Hénin. Le buteur Mamadou Diallo (12 réalisations), sera le principal danger à l'avant de l'attaque.

Psychose

On n'ose plus parler de l'effectif strasbourgeois, et essayer de prévoir ses réactions. La fin de saison ressemble à une longue descente vers l'enfer, difficile à stopper. Pourtant les racingmen ont encore leur avenir entre les mains. Le dernier joker brûlé en Bretagne, Pascal Janin fera confiance à une défense et un milieu défensif classique. Guillaume Lacour, Milovan Sikimic, Arnaud Maire et Jean-Alain Fanchone, et la paire Rodrigo – Albert Baning semble incontournable. La suite est plus floue, mis à part l'absence définitive du Fauv', tout porte à croire que Mamadou Bah fera son retour d'entrée et épaulera un duo d'attaquants David Ledy – Magaye Gueye.

Sur les coups de 23h le sort en sera jeté. Et de suspens il n'y en aura peut-être plus.

A moins que...

Le crime était presque parfait

Pourquoi sombrer dans la sinistrose ? Pourquoi, au terme d'une saison pourrie comme rarement, la biscotte ne pourrait-elle pas tomber du bon côté ? Juste une fois... Et si c'était demain ? Et si l'histoire se disait qu'après onze défaites consécutives, qu'après une frappe ratée de Kandia Traoré, cela suffisait. Que non, le Racing ne peut pas mourir.

Peut-on encore espérer un coup de pouce du destin ? Oublions la victoire contre Reims l'an dernier, et l'arrangement nordiste. Des défaites pas impossible d'Istres et de Guingamp, des Strasbourgeois qui font le boulot et nous voilà maintenus. C'est pas plus compliqué. Ce sont parfois les scenarii les plus simples qui sont les plus efficaces. Nous aussi, on a droit à notre happy end.