Une journée particulière

Benoît Benvegnu doit commencer à se dire que toutes ses soirées alsaciennes se ressemblent. Très vite, il commence par encaisser un but. Peu après, un Strasbourgeois se fait expulser, ce qui a le don de piquer au vif ses partenaires réduits à dix. Et, au final, c'est le Racing qui l'emporte, les joueurs finissant même par embarquer avec eux un public initialement boudeur. Le portier du Vannes Olympique club (VOC) était en effet en 2008/2009 celui de l'Amiens Sporting club, défait dans des circonstances très similaires à la Meinau un jour d'armistice pour l'avant-dernier match de la saison à domicile. Entre ces deux rencontres pimentées il y a eu la succession d'épisodes que l'on sait et surtout bien peu de victoires, d'où l'intense impression de soulagement qui domine au sortir d'une rencontre globalement bien maîtrisée par un Racing que l'on espère retrouvé. Ce qui est rare est cher et, effectivement, les Bleus ont dû transpirer à grosses gouttes pour prendre les trois points.

Acte 1

Petite chambrée hier soir à la Meinau, et seul l'usage de substances hallucinogènes ou le comptage automatique des abonnés, voire les deux, permettent de voir 10 000 personnes dans les travées de la cathédrale du football alsacien. Le sémillant Jean-Luc Filser fait plutôt profil bas et le match débute dans une ambiance feutrée avec une première banderille bretonne dégagée au dessus de son but par Stéphane Cassard. Quelques instants plus tard le RCS se procure un bon coup-franc, invariablement gâché mais détourné par le mur du VOC dans les pieds de Magaye Gueye. Comme à son habitude, le buteur strasbourgeois est lucide, prend le temps de faire un crochet avant d'ajuster sereinement Benvegnu pour l'ouverture du score. Bien sûr, ça ne dure pas et, sur une mésentente de la défense centrale, Ghislain Gimbert part seul au but avant d'être stoppé irrégulièrement par Stéphane Cassard qui récolte un rouge pour l'occasion. Plutôt maître du ballon jusqu'ici, le Racing va désormais devoir subir et ne s'en sort pas trop mal. Bien disposés en défense, les Bleus parviennent à se dégager rapidement et obtiennent de bons ballons de contre, par exemple sur un coup du sombrero de Nicolas Fauvergue, très en verve hier soir. Les Vannetais, plutôt statiques, finiront par se montrer dangereux en fin de première mi-temps notamment par Gimbert mais le RCS tient le choc et parvient à regagner les vestiaires sur la marque de 1-0.

Acte 2

Si la fin de la première mi-temps avait pu susciter quelques inquiétudes, la pause a visiblement remis les choses en ordre côté alsacien et c'est un RCS revigoré et bien en place qui regagne la pelouse. Face à des Bretons toujours aussi apathiques, la solidarité est au rendez-vous et les techniciens Yassine Bezzaz et Emil Gargorov se permettent même quelques fantaisies aux dépens des défenseurs vannetais. Malheureusement, ces quelques amorces de contre-attaque ne débouchent sur rien de très concret et les Bleus ne parviennent pas à faire le break à mesure que les minutes s'égrènent. Forcément, la fin de match est crispante mais Vannes ne parvient toujours pas à faire quelque chose de ses 1640 corners malgré le sang neuf injecté en attaque par Stéphane Le Mignan. A mesure que la victoire se rapproche, la Meinau se réveille timidement pour faire autre chose que tancer Gimbert et l'homme en jaune. Acclamé à chacune de ses prises de balle, Régis Gurtner sauve l'essentiel en fin de match et, enfin, l'interrogation existentielle de DJ Ötzi - "Hé-hé, Bé-bé, ouh-ah, je veeeux savoir : Est-ce que tu seras ma mie ?!?", ou un truc du genre - peut retentir alors que le public quitte avec le sourire les travées de la Meinau.