RCS – Bordeaux, les enjeux

En face, il y avait samedi dernier le triple champion en titre, auteur d'une nouvelle démonstration en Ligue des Champions, dans un stade hostile avec plus de 38 000 spectateurs. Un autre monde pour un Racing à des années lumières de ces hautes sphères. Et pourtant, les Strasbourgeois ont bien répondu présent comme lors de leurs deux derniers matchs donnant même du fil à retordre à l'ogre du championnat. Samedi, c'est du moins gros, qui plus est à domicile mais ça n'en reste pas moins une équipe de haut de tableau, n'ayant concédé qu'une seule défaite cette saison et composée de belles individualités.

Bordeaux donc. Un autre grand nom du football français. Un nom qui rappelle la grande époque du Racing des années 90 où une belle rivalité animait les deux clubs avant que Strasbourg ne sombre pendant que Bordeaux était sacré champion de France. Ce nom rappelle nombre de grands matchs, souvent décisifs, souvent mouvementés.

Une fois de plus, cette saison, Bordeaux sera supérieur sur le papier. Une fois de plus, les Strasbourgeois devront puiser dans leur coeur et leurs tripes des ressources considérables si ils veulent la victoire. Néanmoins, pour la première fois de la saison, l'optimisme semble permis chez les supporters. Tout d'abord parce que le Racing montre un tout nouveau visage depuis l'arrivée de Duguépéroux. Il est solidaire, combatif, enclin à se révolter, bref tout ce qui peut permettre de se sauver. Pour la première fois depuis des lustres, la défense strasbourgeoise s'est montrée héroïque à l'image de Cassard, Kanté, ou Deroff qui ont évité une probable humiliation dans le chaudron lyonnais. Parce que le Racing nous a montré qu'il était capable de tenir tête aux meilleurs, qu'il était capable de se battre même dans les pires difficultés.

Pourtant, si l'attitude des joueurs sur le terrain est toute autre depuis l'arrivée de « Dugué », la situation comptable du Racing reste sujette à toutes les peurs et angoisses. 19ème avec 8 points. Certes à un point du premier non relégable mais déjà bien distancé par le 16ème, Bastia (à 5 points). L'objectif sera toujours le même qui plus est à domicile : la victoire. Le Racing en a prit conscience, il peut gagner contre n'importe qui. Il sait qu'en faisant preuve de la même solidité défensive qu'à Gerland et qu'en reproduisant le même jeu que face à Nice, Bordeaux semble une proie tout à fait prenable. Une proie qui satisferait bien le Racing avant un périlleux déplacement à Marseille et qui pourrait déjà le sortir de la zone rouge. Si la défaite faisait partie des éventualités avant le match à Lyon, elle ne peut rentrer dans les plans de cette rencontre. Une énième contre performance à la Meinau allongerait encore un peu plus un chemin menant au maintien déjà bien brumeux et sinueux. Et un match nul ? Un nul aurait de bien curieuses conséquences en particulier chez les adversaires bordelais. Car en plus de ne rien apporter aux deux formations, il serait tout de même le 9ème de la saison pour une équipe girondine de plus en plus agacée et qui n'a gagné finalement que trois rencontres depuis le début de la saison. Ce résultat s'inscrirait toutefois dans la tendance générale, puisque le championnat de France n'a plus autant compter de matchs nuls depuis une décennie !

L'état d'esprit strasbourgeois, lui, n'a pas bougé malgré la défaite à Gerland. Les Alsaciens semblent toujours aussi déterminés et réalistes quant à leur chance de se maintenir en Ligue 1. Le temps où les joueurs faisaient part d'un incroyable optimisme alors que leur club s'enfonçait à la dernière place est définitivement révolu. Ils se sont donc mis à travailler, à tout remettre à plat et ont retrouvé cette valeur qu'on aimait tant, l'humilité. Et nul doute qu'ils récoltent déjà les fruits d'une telle mentalité instaurée par le coach. Ce qui avait été prédit s'est réalisé, à savoir une défaite avec les honneurs qui n'a pas altérer l'état d'esprit du Racing. Elle a même peut être encore plus revigorer la troupe de Kanté tant elle avait les moyens de repartir avec le point du match nul. Une troupe qui en venait presque à nourrir des regrets, un comble compte tenu de l'état d'esprit du groupe il y a encore un mois !


Optimistes,. on ne l'a que trop rarement été ces derniers temps pour ne pas dire pas du tout. Alors oui, on peut croire en une victoire samedi. Dans une Meinau sans doute peuplée de sa dizaine de milliers de passionnés, le Racing devra certes faire encore un gros match mais il en a cette fois les moyens. Tout comme il a eu les moyens de battre une équipe niçoise difficile à manoeuvrer et comme il avait les moyens de conserver le match nul dans l'enfer des Gones. Il est encore trop tôt pour dire si ce nouveau Racing pourra se maintenir. Mais le match contre Bordeaux apportera son lot de réponses. Pourvu qu'elles confortent les espoirs et laissent de coté les angoisses....