Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le pari Ribas

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Par athor
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Sébastian Ribas (à droite) © denisub90

Recrue phare du mercato du Racing, Sebastian Ribas fut un buteur redoutable du côté de Dijon, en Ligue 2, avant de connaître un parcours sinueux. Portrait de celui qui joue peut-être sa dernière carte pour retrouver le haut niveau.

Fils de Julio César, ancien international uruguayen aux 15 sélections, Sebastian Ribas n'a pas tardé à perpétuer la tradition familiale en débutant le football dans le club de Bella Vista, à Montevideo, dont l'équipe première était alors coachée par son père. Sa progression est linéaire avant un premier gros changement en 2004. Dans le sillage paternel, il traverse l'Atlantique pour jouer dans les équipes de jeunes du club de Venise, en Italie. C'est là qu'il commence à taper dans l'oeil des sélections de jeunes, avec des convocations régulières en équipe des moins de 17 ans. Un an plus tard, Ribas revient au pays pour signer dans le club de la Juventud de Las Piedras, en deuxième division. Titulaire à 17 ans, il inscrit 8 buts, avant de s'envoler à nouveau pour l'Italie pour disputer le tournoi de Viareggio, sorte de foire-expo pour recruteurs transalpins. Ses 5 buts font de lui le meilleur buteur de la compétition et attisent l'intérêt de l'Inter Milan. Cette fois, c'est le grand saut vers le monde professionnel: « J'ai toujours voulu faire du foot au haut niveau. Je savais qu'il fallait partir de chez moi. En passer par là. » Par là, c'est à dire partager le quotidien d'attaquants du calibre de Recoba, Adriano et Ibrahimovic: « tous les joueurs te laissent quelque chose. Tous ont un truc différent de l'autre, que tu peux assimiler. J'étais dans une université du foot. Et puis, en dehors des terrains, j'ai beaucoup appris avec les Zanetti, les Cambiasso. » Avec la Primavera, il forme un duo d'enfer avec un certain Mario Balotelli et claque 26 buts dès sa première année. Roberto Mancini l'intègre alors dans le groupe de l'équipe première pour des matchs de coupe d'Italie. Néanmoins, la marche semble encore trop haute et même son prêt à La Spezia, en Serie B, ne lui permet pas de jouer régulièrement.

A l'été 2008, Dijon déroge à sa politique de recrutement malin dans les divisions inférieures et casse sa tirelire pour le jeune uruguayen. Un choix plutôt étonnant, mais rejoindre la L2 est « l'occasion de se montrer ». En Bourgogne, le joueur parle italien avec Pierre-Emerick Aubameyang, prêté par le Milan AC, et espagnol avec Faruk Hadzibegic, mais très vite, prend des cours de français trois fois par semaine pour parfaire son intégration: « lorsque je suis arrivé ici, j'ai tout de suite appris le français. C'est normal, je joue en France. » Sur le terrain également, Sebastian s'épanouit dans son rôle de titulaire, avec une combativité qui a de quoi ravir le public de Gaston Gérard: « la volonté, c'est important pour réussir. Depuis tout petit, j'ai toujours vu mon père et ma mère travailler dur. » Néanmoins, cette qualité s'est un peu trop faite remarquée lors de son premier match, à Lens, où il se fait expulser à l'heure de jeu, pour deux cartons jaunes. Sa première saison est tout de même une réussite, avec 32 rencontres disputées, 9 buts et 4 passes décisives, avec notamment une prestation remarquée à Brest. Entré en jeu à la 71ème minute, alors que son club est mené 1-0, il inscrit un doublé en un quart d'heure, pour offrir une victoire 2-1 au DFCO.

La seconde saison est celle de la confirmation. Patrice Carteron, le nouvel entraîneur, décide de construire son jeu offensif autour de son avant-centre, en misant sur ses qualités de finisseur, mais également de son jeu de remise. Aux côtés de Christophe Mandanne et Lynel Kitambala, Ribas anime la seconde meilleure attaque de L2 (52 buts, derrière les 53 buts de Brest), portant son compteur à 16 réalisations, dont ... 5 contre Châteauroux, 3 à l'aller, 2 au retour. Des clubs plus huppés commencent à regarder du côté de la Bourgogne, le Bétis Séville ayant tenté une approche concrète à la fin du mois d'août 2010. Mais le désormais capitaine du 11 à la chouette poursuit son aventure pour sa troisième et dernière année de contrat. Avec Eric Bauthéac et Benjamin Corgnet, l'équipe continue de produire un jeu très offensif, souvent conclu par Ribas. La reconnaissance nationale ne tarde pas: 3ème en 2009, l'uruguayen est sacré meilleur joueur de Ligue 2 par France Football en 2010. 6 mois, 23 buts et une montée historique en L1, c'est le trophée UNFP de meilleur joueur de la saison 2010/2011 qui vient garnir sa cheminée.

Sebastian ne le sait pas encore, mais il s'agit là du summum de sa carrière. En fin de contrat, il ne prolonge pas son bail bourguignon, alors qu'il a la possibilité d'évoluer en L1. Conseillé par son père, il reprend la direction de l'Italie (dont il détient un passeport) pour signer au Genoa, malgré les sollicitations de Saint-Etienne, Auxerre, Lorient, Caen, Manchester City ou encore Benfica. Malheureusement, il n'aura jamais la possibilité de démontrer ses qualités. Appelé seulement deux fois sur le banc de l'équipe première, dont une fois en championnat, en six mois, il se fait prêter au Sporting Portugal pour gagner un peu de temps de jeu dès le mercato hivernal, malgré une approche de Lille. A Lisbonne, le buteur retrouve un peu de temps de jeu, d'abord en coupe, puis en championnat, avec 5 matchs et 283 minutes sur le terrain. Mais dès le mois de mars, en raison d'une méforme et de performances insuffisantes, il est relégué hors du groupe, barré par le goléador Ricky van Wolfswinkel, voire par le jeune Diego Rubio.

Après une saison quasiment blanche, il n'y a plus de temps à perdre. Genoa ne comptant visiblement plus sur lui, Ribas fait son retour en L2, du côté de Monaco. Arrivé sur le Rocher au moment où le groupe venait de s'envoler pour un stage en Allemagne, il a demandé à s'entraîner en solitaire à la Turbie, le temps de rejoindre ses nouveaux coéquipiers quelques jours plus tard. Autant dire que sa volonté de rebond est bien réelle. Mais cette fois-ci, celui qui avait été épargné jusque là par les pépins physiques se blesse au mollet dès la préparation estivale. Il faut attendre le mois de septembre pour espérer le voir débuter une rencontre de CFA, mais une rechute vient contrarier ses plans. En janvier, toujours sur le carreau, ce sont deux fractures de fatigue aux tibias droit et gauche qui viennent enrichir le cauchemar. Finalement, le joueur retrouve les pelouses au mois d'avril avec l'équipe réserve. Devant l'impossibilité de rejoindre l'équipe première en pleine bataille pour la montée, il se contente de 5 rencontres, sans inscrire le moindre but. Inutile de dire que l'option d'achat n'est pas levée.

Comme un boomerang, le Genoa retrouve Sebastian Ribas et active ses réseaux pour le prêter une troisième fois. Grillé en Europe par ses deux années blanches, c'est en Equateur, au Barcelona Guayaquil (un club qui a eu l'honneur d'accueillir Diego Hector Garay en son temps) qu'il tente de rebondir. En Amérique du Sud, il retrouve du temps de jeu dès son arrivée, en étant titulaire aux deux matchs de Copa Sudamericana, puis en championnat. Mais dès la fin du mois de septembre, il est écarté de l'équipe, le club peinant en plus à honorer son salaire, sur lequel il avait pourtant fait un effort de près de 60%. A nouveau en galère, et à un tournant de sa carrière, c'est donc au Racing que l'Uruguayen, 25 ans, tentera de rebondir enfin, pour montrer que son excellent passage à Dijon n'était pas qu'un feu de paille, et justifier la description faite par son ancien coéquipier et ami Eric Bauthéac « C'est un très bon joueur. Il est sérieux et ne pense qu'au ballon. Physiquement il est impressionnant et vraiment imposant. Il chope quasiment tout de la tête et pèse vraiment sur les défenses adverses. Il joue beaucoup avec son corps. Il a une grosse frappe et il est adroit des deux pieds. Il est droitier mais il sait aussi mettre des mines du gauche. C'est un buteur, toujours bien placé, il sent bien les coups. Son seul petit point faible, c'est sa vitesse. S'il avait cette qualité en plus, il serait tout simplement monstrueux ! C'est pas le genre de mec que tu cherches dans la profondeur en espérant qu'il va déborder à lui tout seul la défense adverse. »


Citations extraites d'articles du quotidien Le Bien Public, sauf celle de Bauthéac, issue de l'Equipe.

athor

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