Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

« La notion de client a disparu au RCS »

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Récemment débarqué du Racing, Philippe Chauveau a souhaité s'exprimer sur racingstub.com. Nous livrons brut de décoffrage le résultat de ce long échange.

Les tensions au sein du club, révélées par la presse depuis le début de l'année, et le peu d'informations sur les attributions précises de différents collaborateurs de Frédéric Sitterlé n'ont pas manqué d'interpeller de nombreux supporters du Racing. Parmi ces chargés de mission, l'on retrouve notamment Philippe Chauveau, alias Polo Breitner pour les auditeurs de RMC, qui a depuis quitté le club, tout comme Matthieu Rabby.

Contacté par Philippe Chauveau, racingstub.com a accepté sa proposition de s'adresser par notre biais aux fans du RCS. Pour des raisons pratiques indépendantes de notre volonté et de la sienne - et au détriment des avantages offerts par une discussion de vive voix - les propos ont été recueillis par mail avec toutes les limites inhérentes à ce moyen de communication.

Au cours de cet entretien, l'ancien collaborateur de Frédéric Sitterlé présente longuement son parcours, ses motivations et son approche de la gestion d'un club comme le Racing. Il évoque également les obstacles qu'il a pu rencontrer dans sa mission de restructuration, et n'épargne pas certaines personnes encore actuellement au club, Henri Ancel et Patrick Spielmann en tête. Un témoignage sans concessions, évidemment subjectif et pas dénué d'une certaine frustration, mais qui a le mérite de préciser de nombreuses allusions entendues ici où là sur le fameux « environnement » évoqué, entre autres, par Frédéric Sitterlé dernièrement.

Contactés par nos soins, Patrick Spielmann et Henri Ancel n'ont pas souhaité réagir en détail aux accusations d'un Philippe Chauveau qui aurait, selon eux, rapidement fédéré l'hostilité de beaucoup de salariés et de partenaires du club.


(racingstub.com) Si votre voix est bien identifiée par les auditeurs d'une station de radio réputée (RMC), votre parcours l'est moins des supporters du RCS. Pouvez-vous nous le présenter ? Comment avez-vous été repéré par la radio ?

(Philippe Chauveau) C'est une histoire paradoxalement assez banale. J'ai passé une dizaine d'années en Allemagne à travailler sur des restructurations d'entreprises, notamment pour un grand groupe automobile français et sa division logistique.

J'ai aussi oeuvré dans les anciens pays de l'Est. Pour être plus précis, j'étais responsable des « dossiers spécifiques » de ce groupe, entendez par là responsable des dossiers qui n'étaient pas acceptables du point de vue de l'actionnaire.
J'avais l'oreille du directeur financier, j'étais très libre de mes actes. On appelle cela un « nettoyeur », « Léon » ou un « man in black » dans le métier.
Je m'occupais plus spécifiquement de l'exploitation, m'impliquais à l'améliorer dans les filiales et les agences défectueuses. Je précise que je n'ai jamais demandé la fermeture d'un site. Encore une fois, mon boulot était de présenter des résultats acceptables pour le Board. Comment je les obtenais, ce n'était pas sa problématique.

Parallèlement, je suis un fan du football allemand depuis trente ans et lors de mes week-ends je me déplaçais dans tous les stades de la première à la 3. Liga.
Lorsque je suis revenu en France, j'ai eu l'occasion d'écrire sur la Bundesliga, en simple amateur, sur le blog de Daniel Riolo, à l'époque basé sur Eurosport. J'ai également écrit pour So Foot.
Une opportunité a fait que l'After Foot de RMC, émission sportive la plus écoutée en France sur sa tranche horaire avec entre 250000 et 400000 auditeurs et où travaille Daniel Riolo, que je considère comme le meilleur journaliste sportif français, cherchait un chroniqueur pour le foot germanique. J'ai donc intégré l'équipe, et aussi celle Larqué Foot.
Sporadiquement, je m'occupe aussi de la L1 et de la L2 à l'antenne. J'ai dans la foulée rejoint les équipes d'Eurosport, où je signe des papiers sur le blog Euro-visions.

Je suis reconnu désormais médiatiquement sous le pseudonyme de « Polo Breitner », en hommage évidemment au grand joueur des années 1970-80 car je protège ma vie privée, n'étant pas une pure créature des médias.
Aussi, était-ce donc d'une certaine manière un scoop (rires), lorsque Frédéric Sitterlé a fait état de mon patronyme à l'occasion de son interview sur votre site. Je précise qu'il m'avait demandé aimablement l'autorisation d'opérer le rapprochement entre Philippe Chauveau et « Polo Breitner ». On peut regretter que RMC n'ait pas d'antenne à Strasbourg.

Comment êtes-vous entré en contact avec Frédéric Sitterlé ?

C'est bien simple, ma compagne est strasbourgeoise et la diaspora alsacienne, à l'image de sa région, est puissante à Paris. Se trouvant parmi les destinataires de la liste de diffusion de la Maison de l'Alsace, elle m'a forwardé une invitation pour écouter, le 17 octobre dernier, Frédéric Sitterlé parler de son projet, en m'enjoignant de m'y rendre. J'y suis allé, je l'ai interpellé sur le modèle allemand et l'identité alsacienne et c'est ainsi que nous avons fait connaissance.
De mémoire, je n'ai pas dormi cette nuit-là et j'ai dû lui adresser un courriel bourré de suggestions sur ce qu'est un club aujourd'hui et sur ce que devrait être, à mon sens, le RCS.

Nous nous sommes revus quelques semaines plus tard et Frédéric a souhaité utiliser mes anciennes compétences pour une mission commando afin de réduire les coûts de l'association. Certaines personnes n'ayant pas bien compris que l'ancienne SASP avait subi une liquidation judiciaire et que le club se trouvait aujourd'hui en CFA2.

Quel était votre intérêt à venir travailler à Strasbourg pour une rémunération relativement faible, alors que vous avez d'autres activités professionnelles par ailleurs ?

Concernant ma rémunération, elle était de 800€ par mois, plus un voyage Paris-Strasbourg aller-retour par semaine. J'ai, au passage, renoncé à 800€ en février.
Je dormais au centre de formation afin de ne pas alourdir les coûts. Auriez-vous préféré des notes d'hôtel ? Les virements sur mon compte ont été validés par le Président de l'association.

Compte tenu des économies réalisées, je pense que l'association a largement obtenu un bon retour sur investissement. Ce n'étaient pas en l'occurrence des honoraires, car je ne dispose pas d'une société pour facturation. Tout en sachant que je déplore ces pratiques, l'administration fiscale autorise des encaissements dans une certaine limite. Et je peux prouver mes résultats et mon travail, ce qui est le principal.

Ma première motivation est purement celle d'un amoureux du football dans son entièreté. Cela signifie que je n'accepte pas, n'accepterai jamais, qu'un club comme le Racing soit en cinquième division. Jamais.

Afin que vous compreniez bien ce que je veux dire, je souhaite vous donner un exemple. Avant de commencer ma mission, Frédéric Sitterlé m'avait demandé de venir à la Meinau pour le match contre Saint-Louis afin de lui concocter un petit rapport sur l'organisation du match, l'ambiance, etc. J'y suis allé avec la personne qui partage ma vie.
Durant le trajet entre Paris et Strasbourg, j'ai rencontré un retraité de la CUS qui se targuait de ne plus aller à la Meinau, suite à la descente aux enfers. Il se vantait aussi d'être invité à la grande époque. Je lui ai répondu que c'était maintenant que l'on avait besoin de lui et pas au moment où le club se trouvera de nouveau sous les feux de la rampe.

Que ce soit bien clair, j'exècre ce type de comportement, je ne bosse pas pour des personnes qui sont sur les photos ou ceux qui se gavent de petits fours. Le football est par définition un sport de masse, populaire au sens noble du terme et je compte respecter son histoire.

Deuxièmement ma belle famille est donc strasbourgeoise. J'entends parler du Racing depuis plusieurs années. Mon beau-frère et ma femme allaient à la Meinau dans les années 1970, tout petits. J'ai donc quelque part une filiation naturelle avec ce club.
A ce titre, je voudrais ajouter quelque chose. Vous n'imaginez pas aujourd'hui l'image dégradée de votre club dans les salles de rédaction. Ce qui se passe au sein du RCS depuis vingt ans ou trente ans, les guerres picrocholines par exemple, a complètement détruit la belle histoire du Racing. Les journaux nationaux ne veulent même plus entendre parler de votre club.

Et pour attirer les sponsors, il faut avoir une belle image. Le surnom de « Marseille de l'Est » a ses limites. Et je suis désolé pour les nobliaux, les petits barons locaux, mais l'histoire du Racing a vocation a irradier en France et au-delà, loin en Europe.

Troisièmement et même si cela peut vous sembler prétentieux, j'ai « une vision » d'un Racing arrimé à la Révolution footballistique allemande des années 2000.
Strasbourg a considérablement changé en deux décennies, elle est une capitale européenne assumée et votre histoire en tant qu'Alsaciens est bi-culturelle, au moins. Lorsque l'on écrit que votre région est une terre de football, rappelez vous pourquoi.

Ne comptez pas sur moi pour vous refaire les vieux discours « des Français de l'intérieur » et des « Ja-Ja ». Hans im Schnokeloch, ce n'est pas moi.
Tout le monde se souvient de Séville 82 et de la collision entre Battiston entre Schumacher ainsi que de la polémique qui s'ensuivit mais qui se rappelle que la réconciliation entre les deux professionnels a eu lieu en 1984 à Strasbourg lors d'un France - Allemagne ? J'y ai toujours vu un signe.

J'en ai ras le carafon d'entendre les Alsaciens regarder Sportschau ou de les voir traverser la frontière le week-end pour aller suivre des rencontres de l'autre côté du Rhin, même en Oberliga. Il est temps aujourd'hui d'assumer votre double culture et le nouveau Racing de Frédéric Sitterlé doit être le fer de lance de cette épopée.

Je vous le dis droit dans les yeux, il n'y pas aujourd'hui un club en France qui dispose de plus d'avantages naturels que le RCS.

Avez-vous conseillé Frédéric Sitterlé sur le modèle de club qu'il veut construire à Strasbourg ? Notamment sur l'inspiration allemande ?

Je corrige votre question, s'il vous plait. Je ne suis pas le conseiller de M. Sitterlé. C'est du ressort de Dominique Crochu pour qui, et malgré quelques joutes verbales liées à nos parcours professionnels différents, j'ai une profonde admiration (NDLR : Dominique Crochu est une ancienne cadre de la Fédération française de football).
Et si je pouvais lui glisser un petit message d'encouragement, ce serait celui-ci : « ne lâchez pas l'affaire Dominique malgré ce qu'ils sont en train de vous faire, Matthieu et moi, nous sommes avec vous ! »

Concernant votre question, il faut que vous raisonniez globalement et non pas vous concentrer sur le RCS. L'Europe du football est en crise. La Premier League a perdu 500 millions d'euros l'année dernière, la moitié de ses clubs est passée sous pavillon étranger et les deux-tiers des joueurs ne sont pas en provenance du Royaume-Uni. Ne me parlez pas, s'il vous plaît, d'identité anglaise.

En Liga, la moitié des clubs espagnols sont asphyxiés financièrement, il y a dans certaines équipes plus de sept mois de retard pour le paiement des salaires, mais comme il n'y a pas de DNCG, on continue à jouer. Ce phénomène est accentué car les secteurs du bâtiment et de l'immobilier sont très présents dans le football ibérique. Deux activités très touchées par la crise actuelle.

En Italie, vous enlevez les mécènes comme Moratti, Berlusconi pour ne citer que les deux clubs milanais, que reste-t-il du football de la Botte ? Les stades sont vétustes, la législation grotesque. Aux Pays-Bas, et si ma mémoire est bonne, 13 clubs sur 16 en Euredivisie ont été interdits de recrutement en début de saison. L'endettement des clubs est colossal en Europe.

Et puis il y a la France qui limite les dégâts selon la doctrine officielle. Mais c'est faux, archi faux ! Le chiffre d'affaires a baissé entre 2010 et 2011, les clubs sont à la recherche de cash, l'OM est pendu au bon vouloir de son actionnaire Margarita Louis-Dreyfus, laquelle réclamait déjà l'exercice précédent une baisse de la masse salariale. L'OL est contraint de se retourner vers la formation pour avoir vu trop grand, le LOSC perd beaucoup d'argent. A Bordeaux il n'y a que de Tavernost pour croire qu'il « a un effectif capable de jouer la Ligue des Champions ». Le PSG achète-t-il des joueurs français ?

L'ADN du football français est en L2 : Nantes, Monaco, Lens, Metz, le Mans et le Racing est en CFA2. Vous percutez sur l'état du football dans notre pays ? Faut-il parler de la baisse du nombre des licenciés ou de la pauvreté du jeu produit sur les terrains de foot hexagonaux ?
Le Portugal risque de nous passer devant au coefficient UEFA. La L1 ? Mais c'est devenu le Tour de France des villages de campagne lorsque tu vois chaque année les équipes engagées !
Il ne manque plus que Jean-Paul Ollivier aux commentaires d'avant saison et c'est un amoureux du cyclisme qui vous parle. On a des clubs qui ont des structures d'amateur dans des compétitions professionnelles.

Et tout ce beau monde est suspendu à la renégociation des droits télévisuels tellement le budget dépend de ces derniers. Le sponsoring, le ticketing et le merchandising en France, c'est trop compliqué à développer.
Quant à réformer le foot français, passer à 18 clubs, supprimer la coupe de la Ligue ou refondre le format de la coupe de France, c'est impensable ! On ne sait faire qu'une seule chose : faire plaisir à tout le monde, au football amateur, au monde pro donc rien ne change. Et après on s'étonne de nos résultats.

Vous me parlez du « modèle allemand » mais c'est quoi au juste ce modèle ? Un football historiquement offensif qui a révolutionné sa manière de produire des joueurs après la déroute de l'Euro 2000.
Des centres de formation au top ! Au niveau des recettes des clubs, ces dernières sont équilibrées avec 25% issues du ticketing, 25% issues du sponsoring, 25% issues des droits télé et 25% englobant les droits de mutation et le merchandising. Je vous rappelle que cette saison, la moyenne d'affluence par match sera entre 44000 et 45000 spectateurs en Allemagne alors qu'en France c'est moins de 19000.
Vous rajoutez une maîtrise de la masse salariale : environ 40% du CA réalisé avec une part de variable très importante permettant d'amortir les chocs en cas de mauvaises performances. A l'inverse de ce qui se passe en France avec une part fixe « pour perdre », puisque les joueurs passent leur temps à réclamer des primes à leur président - il faut en finir avec ce système de rémunération.
Avec tout cela, vous obtenez un championnat attractif lequel équilibre structurellement ses comptes.

Sauf que pour développer des politiques de merchandising et de ticketing adéquates, il faut respecter le supporter, l'Ultra. Vous êtes une composante essentielle du football. J'insiste là-dessus ainsi que sur la nécessité de développer un football offensif sur le terrain.
Une vision purement mercantile est vouée à l'échec. Le ballon rond dépasse ce cadre. Construire de beaux stades alors que le spectacle produit sur le terrain est risible, ne fait pas venir les supporters. Regardez les chiffres de Valenciennes ou du Mans concernant leurs nouvelles enceintes, c'est peu glorieux malheureusement.

C'est pour cela que je souhaitais, compte tenu de l'histoire du Racing, un centre de formation bi-culturel et je vais même plus loin, une Académie qui soit évidemment aux normes françaises - le Racing n'a aucune vocation à jouer en Bundesliga - mais soit aussi reconnue par les institutions allemandes, la DFL et la DFB.
Imaginez seulement les retombées médiatiques. Et c'est aussi pour cela que Dominique Crochu et Matthieu Rabby (NDLR : lui aussi ancien cadre de la FFF) sont précieux car ils sont issus du giron fédéral, ils connaissent toutes les procédures, toutes les personnes pour savoir ce qui est possible ou pas et surtout comment contourner les obstacles.

Je suis désolé de dire cela mais le plus important est de développer une philosophie de jeu et que chaque formation ait une identité comme l'Ajax d'Amsterdam ou le 4-3-3 du TSG Hoffenheim de Ralf Rangnick. Que les gamins dés 12-13 ans s'imprègnent de la philosophie de jeu du club et pensent comme l'équipe première, joue comme l'équipe première. Au risque de créer un mono-produit. En France, depuis Nantes, il n'y a plus d'école de football.
Lorient, avec Gourcuff, achète des joueurs pour un style de jeu bien spécifique, ce n'est pas pareil. Je peux vous donner un exemple sur un joueur qui m'intéresse au plus haut point, celui de Mathieu Bodmer. Il mesure 1,90m et c'est un beau gabarit. En L1, il a été meneur de jeu à Lille et, à Paris, on continue à lui confier des taches offensives. S'il était en Bundesliga, je peux vous assurer qu'il aurait déjà été placé en milieu relayeur depuis quelques années et qu'à 29 ans, les cadres techniques en auraient fait un grand libero avec son aisance technique lui permettant de s'engouffrer dans l'entrejeu et de relancer proprement.

Maintenant je vais clairement répondre à la question que vous pourriez vous poser : a t-on aujourd'hui, au RCS, les compétences techniques et sportives pour amorcer ce changement, pour insuffler une nouvelle dynamique dans la philosophie de jeu ? Malheureusement, je ne le pense pas.

Je sais très bien les liens qui unissent le RCS à Karlsruhe ou bien au Hertha Berlin (NDLR : un des principaux groupes de supporters du RCS - les UB90 - sont proches des fans de ces deux clubs allemands) mais aujourd'hui au niveau de la formation, pouvez-vous me citer des grands noms ? Stindl, Zimmermann, Lukas Rupp à la rigueur sont sortis de Karlsruhe dernièrement. On est loin des Kahn et Mehmet Scholl, non ?
Si vous faites un Benchmarking, le modèle doit être le VfB Stuttgart. Il ne s'agit nullement de copier mais de comprendre et lorsque j'apprends que Peter Reichert traîne souvent à la Meinau, je fulmine ! Qu'attend t-on pour développer des passerelles ? Comment le VfB fait-il pour sortir en si peu de temps des Gomez, Khedira, Ulreich, Leno, Beck, Tasci, Rudy, Schieber et j'en oublie ?

Et puis merci de ne pas oublier quel est l'actionnaire principal du Verein de Stuttgart (NDLR : Mercedes-Benz). Lorsque Frédéric Sitterlé parle d'ouverture du capital, j'aimerais bien avoir un grand Konzern allemand (NDLR : nom donné à un ensemble d'entreprises industrielles) et sa puissance financière plutôt que d'avoir des sponsors régionaux. Cette réflexion n'engage que moi, bien évidemment. En aucun cas le Président de la SAS.

Je passe sur le développement de la « Fankultur », de l'engagement social ou d'un RCS en prise avec la société civile. Le Racing doit développer une nouvelle identité comme un label international et stopper le particularisme.
Rappelez-vous les propos de Schumacher : « si nous pouvions associer la qualité technique des Français et la volonté de vaincre des Allemands, nous serions invincibles ». Moi je veux voir cette phrase sur le fronton de l'Académie du Racing !

Vous voyez le travail de Titan qu'il aurait fallu accomplir et quel était le projet, en tout cas le mien ? Vous ne développez pas une nouvelle philosophie de jeu en quelques mois. Il y en avait pour une décennie.
Aussi lorsque j'entends, en conférence de presse, le Président de l'association affirmer qu'on va « acheter deux ou trjis oueurs allemands », je ne peux m'empêcher de m'étouffer. Ah bon ? C'est donc en achetant deux ou trois joueurs catalans qu'on sait jouer comme le Barça ? C'est ubuesque !

Très concrètement, quelle était votre mission à Strasbourg ?

Frédéric Sitterlé m'avait demandé de mener à bien, jusqu'à fin février, une mission commando. Pour simplifier, je devais vérifier l'ensemble des factures et tous les contrats de prestataires et gérer la trésorerie. L'objectif principal étant d'assurer au minimum le paiement des salaires de l'ensemble des employés du club, le plus longtemps possible. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir les us et coutumes locaux, comprenez le fonctionnement du club.

La notion de client a complètement disparu au RCS. Ce sont les fournisseurs qui font la loi, tout du moins certains, qui aiment à se faire appeler partenaires, alors que ce ne sont là que de simples prestataires de service. Je rappelle qu'un partenaire véritable achète des loges, aide au développement du club
Cette mainmise des fournisseurs est due bien entendu à une déresponsabilisation du RCS. Ce que j'ai ironiquement appelé : « 3615 allo fournisseurs » ! Tu as un problème au RCS alors tu fais le « 3615 allo fournisseurs », y compris lorsque tu as les compétences techniques à l'intérieur du club !

Le personnel s'est embourgeoisé, il y a eu une « gentrification » des esprits. Et ne comptez pas sur moi pour être un adepte du « responsable mais pas coupable ». « Qui ne dit mot, consent ! » me sied mieux.
Et je ne vous parle pas de la facturation, pardon de la surfacturation, par rapport aux prix du marché. Cela me rappelle un conseiller municipal qui s'est exprimé lorsqu'il y a eu « unité » des politiques contre Frédéric Sitterlé au Conseil municipal : « il y a beaucoup d'entreprises et d'emplois qui dépendent du Racing » (NDLR : Conseil Municipal de la ville de Strasbourg le 19 février). Tu m'étonnes ! Vu ce qu'il sort comme cash du RCS !

Et là je pose la question suivante aux supporters : pouvez-vous me décrypter cette phrase dans le contexte que je viens de vous exposer ? Pourquoi la presse régionale, si prompte à dégainer contre le Président de la SAS, n'analyse t-elle pas cette phrase du conseiller municipal ?

Pour en revenir à ma mission, j'ai donc renégocié certains contrats et tarifs.
Vous avez entendu parler de celui des espaces verts par exemple, je vous en cite d'autres : renégociation avec la société de transport des joueurs (-5% sur les encours 2011 plus établissement d'un nouveau prix kilométrique pour la saison en cours), idem pour les produits d'entretien (-15% en moyenne). Baisse de 6200 euros à 4800 euros du forfait mensuel de la société de nettoyage du Centre de Formation avec, et c'est le plus important, une sortie du volet social en 2013. Cela signifie que le RCS pourrait, s'il le désire, choisir librement son nouveau fournisseur ou internaliser la prestation à moindre coût.
Ce ne sont que quelques exemples. Je passe sur les ristournes obtenues sur les encours 2011.

Lorsque je suis parti, je venais de recevoir un devis concernant la maintenance technique du Centre. La proposition commerciale était plus de deux fois moins onéreuse que celle de l'habituel prestataire et le RCS respectait les obligations légales.
Cela a été résumé dans la presse régionale par « réduction des charges... au pas de charge ». Il est bien évident que cela ne plaisait pas à tout le monde, y compris en interne. « L'open-bar au Racing, c'est fini ! », tel est mon leitmotiv.

Mais un bon gestionnaire n'est pas focalisé uniquement sur le prix de la prestation, il attend de la qualité en retour et il souhaite que les dépenses soient justifiées. Et là on rigole au RCS.
Il n'y a jamais de mise en concurrence. Et surtout il y a des dépenses « récurrentes », pour reprendre un terme du Président de l'association Patrick Spielmann, tous les mois, qu'on pourrait qualifier d'« urgentes » selon la terminologie des preneurs d'ordre du club.
Aussi le 24 janvier, j'ai pondu une note interne sur les achats, en résumé une procédure où il était stipulé que chaque bon de commande devait être validé soit par le trésorier général, soit par la comptable, soit par votre serviteur.
Et, comme par hasard, les dépenses « récurrentes », « urgentes » ont disparu. Etonnant, non ? Cette note engageait la responsabilité du preneur d'ordre et Chauveau contrôlait.

C'est pour cela que je ne comprends pas que l'on puisse s'insurger sur la gestion des « deniers publics » en accusant presque Frédéric Sitterlé.
Si nous n'avions pas géré correctement la trésorerie mais nous aurions eu besoin des subventions bien plus tôt et je rappelle qu'il y avait une convention signée en octobre entre la CUS, la Mairie et l'association. Cet argent en février ne tombe pas du ciel ! (NDLR : les subventions de la CUS et de la Mairie s'élèvent à un total de 650000 €. 90% de cette somme a été virée, le reste le sera en fin d'année).

A ce titre je vais vous raconter une petite anecdote. Nous sommes fin janvier et je demande au Président de l'association, Patrick Spielmann, s'il peut passer au siège administratif.
Je lui avais préparé un tableau qui montrait le niveau de la trésorerie et qu'au 15 février, il fallait payer les charges sociales. Le RCS était à sec et M. Spielmann tombait des nues. Des exemples comme celui-là, j'en ai à la pelle et beaucoup par courriels.
Ce dernier ne peut se défausser puisqu'il a, depuis le 5 décembre 2011, la signature du carnet de chèque.

D'ailleurs, pour reprendre l'expression d'un ancien ministre de la Vème République, entre le Président Spielmann et moi, « c'était détendu d'abord, puis tendu, puis distendu. »

Pourquoi êtes-vous parti ?

Mais pour ne pas cautionner ce qui se passe ! Et j'aimerais au passage rectifier certaines informations.
Je suis parti de moi-même et jamais à la demande de Henri Ancel. D'ailleurs, lorsque j'ai fait mes bagages, il n'était pas encore membre du Conseil d'administration et encore moins Président; si j'ai bien compris les désirs des uns et des autres.
De quel droit m'aurait-il fait partir d'ailleurs ? Il faut ajouter que lors du Conseil d'administration de février, notre mission avec Matthieu Rabby avait été prorogée. Allez vérifier l'information si vous ne me croyez pas.

Lorsque j'ai appris qu'Ancel risquait de revenir aux affaires, j'ai immédiatement décidé de rentrer à Paris. Matthieu s'était déjà exilé quelques jours avant. Je n'ai rencontré, à ma demande, cette personne qu'une seule fois, c'était en décembre, afin qu'il m'explique les contrats qu'il avait lui-même mis en place. Je m'en rappelle très bien.
Et ensuite Frédéric Sitterlé a reçu un mail, le 19 décembre, nous étions plusieurs en copie, où Henri Ancel stipulait qu'il avait négocié trois contrats pour le compte du RCS et qu'il s'offusquait que votre serviteur puisse passer derrière lui.

Mais j'ai obtenu des réductions tarifaires sur deux des trois contrats et le dernier, celui de l'Alsacienne de restauration au Centre de formation était en bonne voie avant que je ne parte, soit une réduction tarifaire et la sortie du volet social.
Je constate aussi le retour de l'Alsacienne de restauration lors de la rencontre à la Meinau contre Dijon. Cela me paraît totalement régressif. En effet Matthieu Rabby avait commencé un processus d'internalisation, d'où le retour de la Brasserie Saint-Pierre via la bière des supporters, lequel a pour énorme avantage de faire gagner plus d'argent au club plutôt que de passer par un intermédiaire, lequel vous reverse, via une redevance, royalement... des clopinettes.

Encore une fois nous gérions au mieux possible les deniers publics. Lorsque Henri Ancel affirme, en conférence de presse, n'avoir pas « confiance », j'aimerais qu'il précise sa pensée.

Pour en revenir à la bière des supporters, il faut savoir que cela n'aurait pas été possible sans les bénévoles du FC Vendenheim. Aussi, je voudrais ici exprimer toute ma gratitude au Président Campos ainsi qu'à ses équipes de bénévoles.
Des vrais, eux, qui ne jouent pas au Monopoly et qui ne passent pas par la case départ. Je rappelle que, fiscalement, il est interdit de recevoir chaque mois la même somme sans justificatif de notes de frais. L'administration fiscale ne connaît que les frais réels.

Je pense que vous vous souvenez de la rencontre contre Neuves-Maisons gagnée par le RCS 5-0. Ce jour-là, moi, je me suis pris un 5-0 puisque je tenais la buvette. Le FC Vendenheim nous donnait une leçon d'organisation alors que dans le discours communément revendiqué le Racing, supposé drainer l'adhésion locale, ne disposait pas de bénévoles.
Ce jour-là nous étions seuls. Le match suivant à la Meinau, c'était le Président Campos lui-même qui venait nous filer un coup de main.
Vous croyez que tous les ténors de l'association du Racing viendraient nous aider, Spielmann en tête ? Vous percevez le décalage ?

Pour en revenir au mail du 19 décembre, Henri Ancel stipule que rien ne s'oppose au paiement des fournisseurs, ce qui n'est pas complètement exact puisque la prestation de certains laissait à désirer.
Mais au-delà des litiges et j'inclus dans mon questionnement la façon de faire de Patrick Spielmann, c'est ce désir de toujours vouloir payer. Cette frénésie m'intrigue. C'est surprenant ! Dans toute entreprise classique on défend toujours les intérêts du site où l'on travaille, non ?

En voulez-vous aux personnes responsables de votre départ ? Avez-vous envie de renouveler l'expérience, à Strasbourg ou ailleurs ?

Ecoutez, je n'en veux à personne. Et encore une fois je suis parti de mon propre chef.
La seule chose qui me révulse, c'est que le Racing, c'est une femme qu'on a tabassé pendant vingt ans et qui a honte de sortir de sa cuisine. Beaucoup trop de personnes se sont arrogées des droits en s'appropriant le Racing alors que lorsque tu as la chance d'oeuvrer pour cette institution, tu n'as que des devoirs.

Un club est une entité qui porte le poids complexe de l'histoire de sa région, spécialement en Alsace. Moi je m'interdis de dire que c'est « notre club », comme l'a déclaré Henri Ancel en conférence de presse. C'est le club de vos aïeux, de vos parents, le vôtre et demain celui de vos enfants. La seule chose que je peux affirmer, et je l'ai déjà dit à certains d'entre vous, c'est que je n'étais pas là pour ouvrir un ordre monastique, m'acheter un martinet et me flageller à longueur de temps.
Vous devez dépasser le traumatisme de la liquidation judiciaire pour reconstruire ce nouveau Racing, je l'espère autour de Frédéric Sitterlé.

Quant à la seconde partie de votre question, j'ai offert ma force de travail parce que j'estimais que dans cette période contemporaine relatée plus haut, le Racing disposait d'une fenêtre de tir extraordinaire pour amorcer le renouveau du football français.
On partait d'une feuille quasiment blanche, on pouvait donc être créatif, briser tous les tabous.
Non, je n'offrirai pas ma force de travail volontairement à un autre club français ou bien alors il faudra en faire la demande. De toute façon, compte tenu de l'apathie générale, il y a très peu de chance qu'on me courtise (rires).

Si des irrégularités ont pu être constatées, pourquoi une action en justice n'a-t-elle pas été enclenchée ? Pourquoi en rester aux insinuations dans la presse ?

C'est une question pernicieuse et qui tranche avec le côté un peu « gentillet » des précédentes. Et ne connaissant pas l'antériorité des procédures juridiques entre l'ancienne SASP et l'association, il m'est difficile d'y répondre.

En revanche et si vous me le permettez, à moi de vous poser une question. Vous êtes devin ? Comment pouvez-vous présager de l'avenir ? Comment expliquez-vous qu'à chaque fois qu'un investisseur privé arrive au Racing, il perd systématiquement de l'argent ? Que les investisseurs passent toujours pour le grand Satan ? C'est une fatalité peut-être ou une façon d'obtenir la paix sociale ?

Je crois que vous avez oublié, dans vos analyses, une petite phrase qui est parue dans la presse cette année lors de la rencontre entre Frédéric Sitterlé et Jafar Hilali à Londres : « maintenant nous sommes au même niveau d'informations ».
Vous savez, plutôt que la pseudo polémique liée à cette rencontre, je serais journaliste d'investigation, j'enquêterais sur cette phrase. Et des journalistes d'investigation, on n'est pas forcé de les trouver dans les médias alsaciens.

Qu'est-ce qui vous a, positivement et négativement, le plus surpris à Strasbourg ?

On dit communément que le football pour les responsables c'est 10% de satisfactions et 90 % d'emmerdes. J'ai de la chance, je ne suis pas Président de la SAS.

Ce qui m'a plu c'est assez simple, c'est ce formidable potentiel que ce club a, qui tire une région, et puis aussi l'indéfectible soutien des supporters. Vous battez tous les records d'affluence pour un club de CFA2 et j'espère bien que vous dépasserez celui de France lors de la venue de Vesoul.
Maintenant je vais être très honnête avec vous, compte tenu des problèmes de votre club, j'ai très peu parlé football durant un trimestre.

Maintenant les emmerdes ! Elles sont de différentes natures. Le côté amorphe du RCS par exemple. Au Racing, lorsque vous demandez quelque chose par courriel, vous devez systématiquement reposer la question trois jours plus tard. Est ce que c'est fait sciemment ou pas ?
En tout cas ce club est devenu une succursale d'un service public. C'est terrible alors qu'il ne devrait être motivé que par la compétition, donc le dépassement de soi. Dans tous les services.

Il est bien évident que le déchaînement de la presse à l'encontre de Frédéric Sitterlé est inadmissible. Et j'ai une forte pensée pour sa famille et ses parents. Comment se fait-il qu'un journal sérieux comme les DNA puisse titrer « le bon, la brute ou le truand ? »
Vous remarquerez d'ailleurs que la presse régionale est fort calme en ce moment comme si tous les griefs alignés hier contre Frédéric Sitterlé s'étaient estompés d'un seul coup au nom d'une cause supérieure. Ce timing « par séquence » est quand même insolite, non ? Mais que reproche t-on finalement à Frédéric Sitterlé ? De ne pas avoir mis son argent dans le club ?

Mais il a bien raison ! Premièrement il n'y a pas de convention à l'heure où je vous écris, elle a juste été ratifiée. Secundo, comme la trésorerie a été bien gérée, il n'y en avait pas besoin au moment de mon départ, et tertio je le conjure de ne pas mettre d'argent à partir du moment où on ne sait pas où ce dernier part.

Puisque Henri Ancel se présente comme l'homme des sponsors, et non pas de la mairie, qu'il prenne donc son bâton de pèlerin pour aller frapper à la porte de ces derniers plutôt que de fortement suggérer à Frédéric Sitterlé de payer les 400 ou 500 000 euros qui manquent.
Qu'il n'oublie pas non plus qui est le propriétaire de la marque « Racing Club de Strasbourg ».

Pour en revenir à la presse, cette lapidation est partiale. Le RCS était en ligne avec ses objectifs sportifs et était au dessus de son budget. N'importe quel suiveur du club devrait se féliciter de son bilan, mais non... ici on critique !

La façon dont on a jeté en pâture Matthieu Rabby est insupportable, on l'a presque traité comme un repris de justice.
Cela me rappelle une anecdote avec Patrick Spielmann, je m'étonnais de la sortie des infos à l'extérieur et j'en parle au Président de l'association. Dans une entreprise privée c'est une faute professionnelle, donc un licenciement immédiat, de faire circuler des informations confidentielles à l'extérieur (chiffres par exemple).
Il me répond « qu'il ne faut pas voir cela comme ça ». J'ai beaucoup appris ce jour-là. De toute façon depuis son interview de la mi-janvier où il déclare « que la convention n'est pas acceptable en l'état », il a flingué le processus de signature.

Derrière, les politiques, sans comprendre la mouture de Frédéric Sitterlé, ont surrenchéri. Et lorsqu'ils ont enfin compris que la convention novatrice du Président de la SAS protégeait plus l'association, ils ne pouvaient plus faire marche arrière.
Comment les politiques auraient-ils pu justifier auprès de la population, leur brusque revirement ? Bien joué Spielmann ! Coup de maître ! Et après ? Ce dernier déclare lors de la dernière conférence de presse qu'on a déformé ses propos et qu'entre ce qu'on dit et ce qui est retranscrit dans la presse, il peut y avoir des mauvaises interprétations.
Ce sont les journalistes de l'Alsace et des DNA qui doivent être contents.

Vous l'aurez compris, je n'ai pas beaucoup d'estime pour l'actuel Président de l'association. Lors du « round final » des négociations avec la société REV, Frédéric Sitterlé était présent, pas lors des précédentes discussions, et pour éviter qu'on accuse celui-ci de « gestion de fait », M. Spielmann avait été invité à participer. Après tout c'est lui le responsable de l'association, non ?
Nous avons fini par trouver un accord avec le prestataire et donc un nouveau contrat était à élaborer, lequel sera signé quelques jours plus tard par le Président de l'association après qu'il m'eût demandé de bien le vérifier.

Sauf qu'au Conseil d'administration du 6 février, et en présence de M. Fontanel, il a déclaré à l'élu qu'il suivait particulièrement ce dossier et qu'il s'était personnellement engagé. Sans commentaire.
Au passage, le C.A dans son ensemble n'avait pas été prévenu par M. Spielmann de la venue de l'adjoint du Maire de Strasbourg. Premièrement, les procédures ne sont pas respectées mais surtout c'est un manque flagrant de courtoisie pour l'ensemble des administrateurs, mais aussi pour M. Fontanel.

Pour en revenir à Matthieu, il faut rappeler qu'il était présent dés le début. L'ancienne SASP est liquidée, il n'y a plus de droits sportifs. Dès le mardi, il fait un courrier de demande exceptionnelle au comex (NDLR : comité exécutif) de la FFF. Le mercredi, le comex met gracieusement et gentiment le RCS en CFA2, ce qui est alors une dérogation. Matthieu s'arrange alors avec deux personnes de la direction juridique de la FFF pour qu'ils délivrent les licences, lesquelles sont prêtes physiquement le vendredi.

Le RCS est alors en règle mais pour éviter toute réclamation possible à Forbach, Dominique Crochu récupère à la FFF les licences et saute dans le TGV direction Strasbourg le vendredi soir. Le samedi matin, il y a deux mutations LAFA authentifiées et Frédéric Sitterlé part avec tous les documents à 15h00.
Cinq jours avant, il n'y avait plus de club et là le RCS est en règle, prêt à commencer une compétition. C'est grâce à qui tout cela ? M. Spielmann, président de l'association, et donc observateur privilégié, a sûrement un avis d'excellence sur ce sujet.

Lors de son passage à la Fédération des supporters (NDLR : jeudi 1er mars au local des supporters), Frédéric Sitterlé vous avait parlé de l'objectif de réduire le « gras ». Mais pourquoi Patrick Spielmann cherche t-il obstinément à embaucher une ancienne secrétaire alors qu'il n'y en a pas la nécessité ? Il a déjà été retoqué une première fois en Conseil d'administration à ce sujet.

Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi la presse ne s'intéresse pas à ce genre de choses. Autre exemple : il existe deux employés payés par l'association qui touchent depuis trois ans des heures supplémentaires du même montant chaque mois, ce qui est répréhensible fiscalement. (NDLR : racingstub.com ne dispose pas des éléments pour vérifier cette affirmation de Philippe Chauveau)
J'avais demandé au responsable du Centre de Formation ainsi qu'au Président de l'association le planning de ces deux personnes afin de justifier ces heures supplémentaires et je rappelle que depuis la liquidation judiciaire et la rétrogradation le RCS a beaucoup moins d'activités.
Nouveau motif d'étonnement, notamment face au désir des deux personnes susmentionnées de se rejeter la balle l'un l'autre, avant que je ne propose un avenant aux contrats des deux employés. Lequel devra être validé en Conseil d'administration... si la procédure est respectée bien entendu.
Lorsque je parle de déresponsabilisation au Racing en voici un bel exemple.

Concernant l'équipe pro, et n'y voyez ici aucune volonté de ma part de gêner le groupe, mais je n'ai pas digéré l'élimination à Drancy et plutôt que d'expliquer le pourquoi du comment (j'étais le plus énervé dans la voiture au retour), je voudrais vous raconter ce qu'il s'est passé quelques jours après.

Un membre du sportif vient nous voir en nous disant que « tout s'est bien passé à Drancy » et que « finalement le RCS n'avait pas perdu ». Là, je reste scotché sur mon ordinateur évitant d'exploser pour deux raisons au moins.
La première, je déteste la stigmatisation des banlieues et notre délégation a été extrêmement bien accueillie lors de cette rencontre. J'en profite pour remercier les supporters du Racing qui ont fait le déplacement. Chapeau les gars !
Deuxièmement, je n'ai pas vu la prime de victoire arriver sur le compte de l'association alors je ne peux accepter ce discours lénifiant surtout en provenance du sportif.
Je suis dans une logique de compétition permanente, j'espère que vous l'aurez compris.

Si la volonté de Frédéric Sitterlé est de « réduire à néant la cinquième colonne », selon les propos rapportés par la presse, votre départ - ainsi que celui de Matthieu Rabby - signe-t-il l'échec de cet objectif ?

On peut bien entendu voir cela comme ça mais c'est donner beaucoup d'importance à Matthieu et à moi-même.
Non, ce qui est désagréable, et je me suis entretenu à ce sujet avec Frédéric Sitterlé et Dominique Crochu, c'est que nous avons perdu la bataille médiatique, nous nous sommes fait enfoncer dans toutes les lignes et le temps que nous comprenions d'où venait l'attaque, une autre apparaissait. Nous n'avons pas maîtrisé le calendrier, nous nous sommes fait imposer un storytelling qui n'était pas le nôtre. On n'a jamais pu expliquer le projet.
Qui plus est, et fort logiquement, Frédéric Sitterlé ne voulait pas s'abaisser à répondre à des attaques quotidiennes ou personnelles. Le Racing vaut mieux que cela, non ?

L'autre paramètre qui me frustre est d'un autre ordre. C'est une question de compétence. Matthieu Rabby a négocié le contrat Nike pour l'équipe de France et là il venait en CFA2 pour organiser des matches.
De mon côté, le dernier entraîneur que j'ai eu l'honneur d'interviewer c'était Ottmar Hitzfeld au siège de la Fédération suisse à Berne. Un double vainqueur de la Ligue des Champions, s'il vous plaît. Dans mon ancien métier, j'ai mené des négociations avec en face de moi IG Metall, le puissant syndicat de la métallurgie allemande à propos de budgets faisant passer celui du Racing pour une goutte d'eau. Lors des rencontres à la Meinau, je tenais la buvette et je passais la raclette.
Alors, question motivation, Matthieu et moi, n'avons de leçons à recevoir de personne.

Il y a un moment où il faut se poser les vraies questions et savoir pourquoi le Racing est structurellement volcanique. Il n'y a jamais de fatalité, mais des actes qui engendrent des processus. C'est aussi à vous, supporters, de savoir ce que vous désirez vraiment.
Rabby, Chauveau, ce n'est pas le plus important je crois. Ce sont des variables d'ajustement. Moi, je ne suis pas là pour vous instrumentaliser. Je vous ai juste donné ma vérité.

Pour conclure, comprenez ceci : le Racing pourrait être le dernier de la dernière compétition du football français et jouer sur un champ de patates, vous retrouveriez les mêmes personnes de l'association sur la photo et les mêmes schémas. Tant qu'il y a un pigeon pour payer.
Sauf que Sitterlé a bien compris tout cela. Rappelez-vous, ce sont les mêmes personnes qui sont présentes au Racing depuis vingt ans qui vous expliquent que c'est le « bordel » au Racing...
Elles ne se rendent même plus compte qu'elles font partie de ce « bordel ». Comme on dit à New-York, ça manque de « Mensch » dans ce club.


Propos recueillis entre le 29 mars et le 2 avril. Article préparé par @filipe, @manwithnoname, @rachmaninov et @strohteam .

redaction

Commentaires (14)

Flux RSS 14 messages · Premier message par zottel · Dernier message par misfits

  • Sympa les crabes.
  • Intéressant mais il est normal que dans l'association ce soit les mêmes personnes depuis 20 ans .Ce ne sont pas les mêmes qui ont géré la section professionnelle du RCS et vouloir leur mettre la faute sur le dos , c'est un peu , beaucoup pousser .
    Il a raison sur beaucoup de points , la crise dans le foot, on le savait .
    Des profiteurs il y en a et en aura dans tous les clubs de foot car penser que c'est seulement le cas à Strasbourg . Faut mettre de l'ordre mais il pense être plus honnête que les autres , je n'y crois plus . Actuellement c'est , faut s'en mettre plein les poches , alors faut pas plus con que les autres .
  • Quoi qu'il en soit, extrêmement intéressant comme interview.
  • Je l'ai rencontré a plusieurs reprises, notamment dans le cadre du Mojito, ce type m'a vraiment fait une grosse impression sur sa manière de voir le foot et le fonctionnement d'un club...
  • "le Racing, c'est une femme qu?on a tabassé pendant vingt ans et qui a honte de sortir de sa cuisine" :-s
    J'ai quand même l'impression que Chauveau et Rabby faisaient du bon boulot, largement en-dessous de leurs qualifications et largement sous-rémunérés... mais sans doute étaient-ils trop gênants pour Ancel et Spielmann.
  • Il serait vraiment "sympa" que l'autre camp ouvre enfin sa tronche et donne sa version des faits.
    Parce que les fins de non recevoir, ça va un temps.
  • Waouh, ça c'est un interview complet ! Cela donne une vision intéressante de la situation. J'avoue que j'en suis pantois ... Mais au final, est-ce que ce Monsieur est susceptible de revenir intégré l'administratif strasbourgeois un jour ou est-ce schluss de chez schluss ?
  • Extrèmement intéressant ! Ca donne vraiment le sentiment qu'on perd plus une compétence qu'un agitateur, n'en déplaise à certains...
  • Un brulôt au vitriol dont certains auront peine à ressortir indemnes. Une fois de plus, la cinquième colonne n'est pas dévoilée pas plus que les noms des profiteurs. Il eut aussi été intéressant qu'il nous narrât ses méthodes de négociations.
    Une vision intéressante du Racing et du foot, des vérités assenées qui font mal, mais comme toujours dans les conflits, on omet sa propre part.
    Je suis dans l'attente des avis de MM. Ancel et Spielmann.
    Même durant les plus larges victoires, le bordel continue. :-w :(

    Merci à la Rédaction-Mànnschàt de nous avoir livré les opinions de M. Chauveau et d'avoir posé les questions.
  • Merci à Polo & à Racingstub pour cet article, qui a le mérite de mettre noir sur blanc ce que les milieux autorisés se racontaient depuis longtemps. Une critique & une déception :
    - le titre qui ne colle pas vraiment au c?ur de l'article à mon avis
    - l'absence de réaction volontaire de l'association

    Vivement un débat sur le football avec Polo Breitner. A la fédé ou ailleurs lors d'une des ses prochaines venues à Strasbourg.
  • Un article passionnant.
  • Bravo, j'ai été scotché par la lecture de cette interview, c'est bizarre on a l'impression que c'est parlé, pas tapé ? Qu'importe...dommage d'avoir perdu ces deux types compétents qui bossaient pour quasimment rien...
  • Notons qu'avec plus de 3900 lectures, cet article est le plus lu du stub depuis le début de cette saison et l'un des plus lus de l'ère "amateur" ! Il mériterait d'être repositionner en Une demain ^^
  • J'ai eu vent de cet article et quel article !!! c'est la raison pour laquelle je m

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  • raukoras Et vivement qu'il parle mieux, ça lui permetra de s'éloigner des EDL façon bingo-MK
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  • takl futur antérieur : [lien]
  • takl mais bon on a pas le droit de les exterminer. Y'en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.
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  • takl il manque plein de choses dans la dernière phrase, dont des mots, la honte.
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