« Yo, mais siiiii, tu connais donc ! »

« Pontarlier » ça sonne bien à l'oreille et c'est facile à prononcer. Bref, ça change des douceurs auditives toute relatives des zones de villégiature des premières contrées vaincues par le Racing que furent Forbach, Thaon les Vosges ou Illzach-Modenheim (renommé ASIM pour l'occasion, ah les tricheurs !). Mais « Pontarlier » ça sent surtout le souvenir « piège ». Vous savez, le genre de souvenir qui vous rappelle quelque chose que vous connaissez mais que vous avez du mal à identifier correctement sur le coup. Le genre de souvenir qu'on se risque parfois à balancer à la face du monde pour étaler sa connaissance et ne pas être ridicule... jusqu'au moment où les idées se précisent et où l'on prend conscience qu'il n'y avait aucun avantage à lâcher la bête devant l'auditoire. C'est un peu comme ce nom d'acteur qui vous rappelle quelque chose, que vous balancez en société dans une discussion sur le cinéma d'art et d'essai sino-norvégien jusqu'à ce que les idées se fassent beaucoup plus claires - en général une seconde suffit - et que vous vous rendiez compte que l'acteur susnommé tourne essentiellement dénudé dans des films suédois avec des filles de l'Est où le râle semble être le moyen privilégié pour communiquer.

[titre1] « [i][i]Absinthe, disconnecting people[/i][/i] »[/titre1]
Même si Pontarlier se situe dans le trou du cul du monde, vous pouvez avoir (presque) bonne conscience car la ville et la région ne sont pas synonymes de luxure mais bien d'absinthe, ce spiritueux aux neurotoxiques si puissants qu'il peut provoquer des hallucinations, voire, dans certains cas extrêmes, des sorties corporelles. Et de l'alcoolisme à l'alpinisme il n'y a qu'un pas... et 800m d'altitude plus exactement puisque Pontarlier se vante d'être la deuxième ville la plus haute de France. Se targuer de ne pas être premier à un record dont tout le monde se fout, est un défi à la logique qui fait se poser de sérieuses questions sur l'intégrité des synapses des autochtones, lourd héritage des effets du fameux spiritueux dans la région. Car quand on y regarde de plus près, on se rend compte qu'à Pontarlier, on craque complètement et à tous les niveaux (merci encore à wikiblabla, déclarée source de bien-être pour votre science). Voici un rapide tour d'horizon :

Histoire : tous les bons manuels d'histoire nous parlent de la Guerre de 100 ans voire de la guerre de 30 ans en cas de promo ; à Pontarlier les locaux ne mentionnent que la guerre de ...10 ans (!),aussi illustre à 800m d'altitude qu'inconnue au niveau de la mer. Les littéraires penchent pour une référence évidente à la guerre des boutons et à l'âge des protagonistes. Les mathématiciens avancent le nombre insuffisant de doigts sur les mains pour compter de manière exhaustive toutes les années, et les historiens eux cherchent encore, puisqu'ils sont payés pour cela.

Economie : c'est à Pontarlier se trouve l'usine au marketing le plus troublant, j'ai nommé Nesquik. C'est quand même une marque qui a remplacé son effigie Groquik, le gros monstre pédophile qui balançait dans les années 1980 au milieu des enfants qu'il avait « une énorme envie », par Quicky, le lapin qui vole avec ses oreilles... Nesquik, c'est fort, et pas qu'en chocolat (n'en parlez pas à Jean-Luc Delarue ou Eric Judor, ce ne serait pas leur rendre service).

Nouvelle technologie : enfin, passons rapidement sur la « pullulation de campagnols des champs vecteurs de l'échinococcose » qui touche le coin, ainsi que sur Amyot l'entreprise, fierté locale, leader en France dans les « mandrins de tours » (wwoouuahhhh !) pour se tourner vers le progrès, le vrai : Pontarlier s'est en effet vue décerner le label de « Ville Internet ». J'imagine que, lépreux ou bien portants, les bras vous en tombent tant ce titre suscite d'interrogations :

1. Comment un tel concours peut exister ?
2. Comment des villes peuvent oser se porter candidate ?
3. Comment évalue-t-on qu'une ville est une « ville Internet » ? Les critères semblent donc particulièrement obscurs. En même temps, pour Pontarlier, quand tu as l'impression que tout le monde marche complètement déconnecté sans jamais être sur le même réseau, tu fais tes preuves rapidement...

Bref, plus on cherche des infos sur Pontarlier, plus on a l'impression de vivre un épisode de la quatrième dimension, quelque part entre la paille et le nez de Jafar Hilali. Il ne nous reste plus qu'à nous raccrocher rapidement à quelque chose qui nous rassure donc qu'on connait, donc le foot. Tiens oui, le foot, c'est une bonne idée ça le foot.

C.A.P ET DIEM

A Pontarlier, on y trouve de belles herbes assurément, un beau gazon peut-être, un club de foot, rien n'est moins sûr...Attendez que je regarde... Pontarlier... On retrouve le nom d'Isabey qui est descendu de la montagne pour aller à Chochaux, sinon sur place ben... ah oui, il y a bien un truc qui a un nom de diplôme le « C.A.P », qui se traduit par Club Athlétique de Pontarlier. Et ?... ben pas grand-chose à dire de plus si ce n'est que c'est petit club amateur, donc respectable, qui a gravi les échelons (très) petit à petit dans un cadre (très) bucolique, ce qui est finalement (très) commun à tous les clubs de la grande famille des « chais pas qui ». Si on fait l'effort de s'y intéresser de vraiment plus près, on constate que l'équipe actuelle compte a priori deux frères nés la même année... à six mois d'intervalle ; donc mieux vaut faire l'effort de ne pas s'y intéresser plus que ça finalement.

« Les hommes déprécient ce qu'ils ne peuvent comprendre. » (Goethe)

C'est donc contre un club totalement flou à cause d'une plante qui rend complètement fou que le Racing va devoir encore une fois sortir son football total samedi. Sorties corporelles contre sorties Kehiennes, décilitres d'absinthe contre hectolitres de Picon, le choc des cultures aura bien lieu.

Mais à y regarder de plus près, on constate que l'absinthe et le Racing ont un parcours presque similaire : par le passé tous les deux ont influencé les plus grands de ce monde puis tous les deux furent bannis par les professionnels du milieu pour être réintroduits tout récemment sans grande pompe et quasiment dans l'indifférence générale du pays tout entier. Ah mais voila, entre addictions qui font tourner la tête, on va bien finir par se comprendre, non ?