Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Une saison inoubliable, dernier épisode

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Par filipe
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Wagner, double buteur à Lyon

1er juin 1979 - 1er juin 2009. Il y a trente ans jour pour jour, le Racing remportait le titre de champion de France. Des stubistes se souviennent.

Résumé des épisodes précédents
Après une victoire facile contre Valenciennes et un match nul à Nancy, le Racing est plus que jamais en position de force à deux journées de la fin du championnat. Mais malgré une saison exceptionnelle, Strasbourg reste sous la menace de Nantes et de Saint-Etienne.
Pour suivre les épisodes précédents d'Une saison inoubliable, rendez-vous sur la page spéciale mise en place sur racingstub.com pour tout savoir sur cette saison exceptionnelle (cliquez ici).

37ème journée : RCS-PSG, mardi 29 mai 1979


Equipe


Faisons d'abord le point sur le classement grâce à aragon : « à deux matchs du titre, Nantes et Saint-Etienne sont à deux points avec une meilleur différence de buts, mais une victoire et un nul et c'est fait, même si nos rivaux remportent leurs deux derniers matchs. »

Cette rencontre attire naturellement la foule et était particulièrement attendue par les supporters du Racing comme nous le confirme dudu : « tout d'abord parce que c'était le dernier match de championnat à domicile de la saison et qu'une victoire pouvait donner le titre mais surtout c'était l'occasion d'effacer la défaite du match aller qui était toujours en travers de la gorge des joueurs et du public strasbourgeois. »

Devant cet engouement, sedna a su faire preuve de prévoyance : « j'avais pris le soin de retirer mon billet à l'avance et 1h30 avant le début de la rencontre, il y avait déjà beaucoup de monde dans les tribunes. Les derniers billets furent rapidement vendus. Il faut dire que la Meinau était amputée de ses virages et quart de virages Ouest à cause du chantier de la tribune actuelle. La capacité était ainsi limitée à 29500 spectateurs, ce qui était déjà beaucoup dans l'espace disponible restant. Les nombreux candidats spectateurs qui n'avaient pas réussi à obtenir le précieux sésame parvinrent à forcer le passage 20 minutes avant le coup d'envoi. On leur a peut-être ouvert les grilles pour éviter de graves incidents. C'est ainsi que de véritables grappes humaines se trouvèrent dans les arbres qui surplombaient la tribune debout ou accrochés aux pylônes d'éclairage et que d'autres étaient juchés sur le toit de la tribune debout. C'est vraiment cette image qui me reste en mémoire quand j'évoque ce match. »

Il faut dire que le début de match du Racing exacerbe encore l'excitation ; les Bleus ouvrent la marque dès les premiers instants de la partie ! « Le but d'entrée délivra tout le monde et surtout déclencha un mouvement de foule incroyable car beaucoup de supporters n'étaient pas encore dans le stade qui affichait plus que complet » se souvient dudu. Et sedna de confirmer : « c'est dans cette ambiance délirante, vraiment du jamais vu à la Meinau, que débuta le match et dès la deuxième minute, Tanter grâce à ses dribbles obtient un coup franc que Piasecki dépose sur la tête de Marx pour le 1-0. Le ton était donné, le Racing ne pouvait plus perdre. »

Cette formidable ambiance était devenue habituelle depuis quelques mois, comme nous le confirme encore sedna : « Les résultats aidant, l'ambiance était assez euphorique durant toute l'année du titre et même si évidemment le public s'enflammait surtout lorsqu'il y avait des buts, dans son ensemble, il participait bien plus qu'aujourd'hui. Je me rappelle que pour les derniers matchs, toutes les tribunes scandaient lors des dégagements au pied des gardiens (bien plus fréquents à l'époque, les passes aux gardiens étant encore permises) "Ho Hisse... Racing... Champion... de France". Cela donnait vraiment une ambiance de fête aux derniers matches de ce championnat. »

L'euphorie fait oublier les risques que viennent de prendre des milliers de supporters car, d'après aragon, «l'engouement de cette fin de saison en Alsace aurait pu provoquer ce jour-là un Heysel avant l'heure. Les 29000 billets mis en vente le furent bien avant le coup d'envoi. Ce 29 mai, il fait une chaleur étouffante sur Strasbourg et tout d'un coup 5000 personnes frustrées devant les guichets fermés s'engouffrent massivement, dans une cohue indescriptible, d'autant plus que les clameurs saluant le but express de Marx montent des tribunes. Certains grimpent sur les échafaudages du chantier, d'autres carrément sur les quatre pylônes, et toutes les bouches d'entrée sont soumises à une marée humaine suffocante. Le match se résumera pour beaucoup à écouter le transistor en n'apercevant du jeu qu'un ballon en l'air de temps en temps... »

Le témoignage de paplo confirme cette incroyable ambiance : « je suis arrivé à la super-bourre et comme la Meinau était pleine comme un oeuf, j'ai assisté à toute la rencontre sur la pointe des pieds (quoiqu'avec mes 1m81 je faisais partie des grands à l'époque).»
Enfin bonjour24, également présent ce soir-là, va dans le même sens : « le match était programmé à 20h30 mais à 19h00 toutes les places debout étaient pleines ; c'est à ce moment-là que le speaker du stade demande de faire de la place pour les supporters arrivants par le train spécial. Franchement dans les tribunes on était déjà épaule contre épaule. A 20h00, sous la pression, les responsables (irresponsables dirait-on aujourd'hui) ont ouvert les grilles du stade et environ 5000 supporters sans billets sont rentrés dans le stade. Un ami à moi, muni d'un billet, n'a jamais pu accéder aux tribunes et a écouté le match à la buvette. Avec la chaleur ce jour-là, plus le monde, pas question de quitter la tribune pour allez boire un coup à la mi-temps ; et a la fin du match il n'y avait plus rien à boire. »

Sur le terrain, les Strasbourgeois font leur match et doublent le score rapidement. « On cru cependant à l'égalisation mais le but de Bianchi fut annulé pour une main » souligne sedna, «une péripétie sans incidence. Le Racing creusait l'écart dans la liesse qu'on imagine par Wagner à la 19ème minute. » Rien ne semble pouvoir arrêter le RCS car « le reste de la rencontre fut un feu d'artifice du Racing tellement il dominait les Parisiens. C'était une ambiance de corrida et encore un grand moment à la Meinau » affirme dudu, rejoint par sedna : « le Racing montrait véritablement sa supériorité et le spectacle était de très grande qualité. La deuxième mi-temps repartit sur les mêmes bases et Gemmrich inscrivit le troisième but de la tête à l'heure de jeu. Le Racing se créa encore de nombreuses occasions mais le score en resta là » (3-0).

Mais cette victoire ne suffit pas pour obtenir le gain du championnat. « Le transistor annonce que Nantes a battu Lyon 5-1 et Saint-Etienne s'est défait d'Angers 4-0 : il faudra donc aller chercher le titre à Lyon » annonce aragon. « C'était vraiment la fête à la Meinau et tout le public fêtait ses héros qui allaient (on en était tous certains) êtres sacrés champions trois jours plus tard » (sedna), « autant dire que l'ambiance était chaude bouillante... » (dudu). Le lendemain, se souvient enfin aragon, « les DNA titreront justement : "La motivation plus forte que la crainte" ».

38ème journée : Lyon-RCS, vendredi 1er juin 1979


Equipe


dudu se souvient bien évidemment comment il a passé cette soirée exceptionnelle : « Nous avions décidés avec quelques amis d'aller manger à "la Ville de Bâle" et d'écouter en même temps le match à la radio... Tout d'abord nous écoutions le match relativement calmement mais au fur et à mesure de la rencontre, nous commencions à monter en pression et à parler de plus en plus fort, ce qui avait le don d'énerver un couple de touristes à côté de nous.... »

sedna a lui aussi suivi la rencontre à la radio : « j'avais l'oreille collée à mon poste de radio pour ne rien manquer de la retransmission du but par but sur France Inter. Comme tous ceux qui étaient présents à la Meinau le mardi précédent, j'étais très confiant avant ce match et bien que Nantes et Saint-Etienne pouvaient encore nous dépasser en cas de défaite, grâce à de meilleures différences de buts, cette défaite n'était tout simplement pas imaginable. »

Suivez vous aussi la rencontre sur France Inter comme sedna :
> Téléchargez ici le multiplex France Inter du 01/06/79 (48 min) !

Le début de match est compliqué face à des Lyonnais sans complexes : « en début de rencontre, Lyon est poussé par son public, inhabituellement très nombreux sans doute en partie composé de Stéphanois venus en voisins puisque les Verts se déplacent à Bastia dans le même temps. Le Racing a un peu de mal à rentrer dans le match... pendant 20 minutes » nous apprend aragon. « Et puis arriva ce premier but de Roland Wagner » intervient dudu « qui déclencha des cris hystériques de notre table et qui fit réagir fortement les touristes qui voulurent se plaindre auprès du patron du restaurant qui arriva tout de suite... Nous nous attendions à nous faire engueuler par le patron mais à notre grande surprise il dit aux touristes : "vous êtes à Strasbourg ici et le Racing va être champion de France ; si cela ne vous plait pas et bien tant pis pour vous... allez les jeunes mettez-moi le son plus fort et allez les Bleus !" Bien entendu nous nous sommes exécutés immédiatement. »

Quelques minutes plus tard, Wagner double la mise et « ouvre largement la voie du succès qui ne fait alors plus aucun doute » souligne aragon. A Strasbourg, c'est l'explosion de joie, n'en déplaise aux nouveaux amis de dudu : « après le deuxième but, nous n'avons plus entendu les touristes de la soirée mais dans tout le restaurant il y avait une ambiance digne des travées de la Meinau. »

« Le doublé de Wagner dans la première demi-heure avait scellé rapidement le sort de la rencontre et la deuxième mi-temps fut longue, non pas à cause d'une quelconque inquiétude (le but d'Yves Ehrlacher sur un centre de Roland Wagner s'ajoutant à l'heure de jeu), mais parce qu'on avait hâte de voir le Racing sacré » se souviennent encore sedna ainsi qu'aragon « Ehrlacher ajoute un troisième but à la 65ème alors que le Racing joue depuis un moment à une touche de balle devant des Lyonnais dépassés. Les dernières minutes seront émouvantes, les Alsaciens ne voulant plus lâcher le ballon et le faisant tourner comme pour mieux savourer ces instants historiques... »

Tandis que dans le restaurant fréquenté ce soir-là par dudu et ses amis, l'ambiance est indescriptible : « Que dire des réactions après le troisième but de Yves Ehrlacher. C'était tout simplement de la folie pure et simple et j'ai revécu un instant identique en 1998 lors du troisième but d'Emmanuel Petit avec l'Equipe de France en finale de la coupe du Monde. »

« C'est fait, Strasbourg est champion de France, avec panache, comme ne manqueront pas de souligner les journaux avec un bel ensemble : "Le match du sacre, le match du panache" (DNA) ; "Le Racing a conquis le titre avec panache" (Nouvel Alsacien) ; "Strasbourg champion panache" (L'Equipe) ; "Le triomphe des bleus, un sacre réussi" (France Football) » souligne aragon (3-0).

Pour dudu le restaurant est désormais trop petit pour fêter dignement ce titre. Maintenant c'est à la ville qu'il s'attaque : « c'est à environ 10 minutes de la fin du match que nous sommes sortis du restaurant et avons commencé à partir en ville avec les voitures où les regroupements de supporters commençaient à se faire et où les concerts de klaxons faisaient rage. Je me souviens avoir fait plusieurs fois le tour de la ville sur le capot de la voiture d'un ami qui n'avait déjà plus de voix ni de... klaxon.»
« L'ambiance en ville était - comment dire... irréelle car la folie régnait partout. Pas tout de suite après la fin du match mais un peu comme après la finale de la coupe du Monde 98, c'est-à-dire que c'est monté en puissance. Finalement la majorité des supporters se sont retrouvés Place Kléber et là c'était le délire complet. C'est vrai que l'on peut comparer avec le titre de champion du Monde mais c'était encore plus fort car c'était quelque chose dont nous rêvions depuis des mois et à cet instant, notre équipe ne l'avait fait qu'avec des joueurs français (sauf Toko mais qui n'était pas un titulaire) ce qui semblait improbable en début de saison... »
« Vivre ce sentiment de plénitude et se dire que les Nantais, les Stéphanois (même si eux jubilaient avec la signature de Platini) et les Monégasques (tenants du titre) étaient tous derrière nous et que les champions de France, et bien c'étaient nous les Strasbourgeois... Je repense à cette nuit de folie et je me revois du haut de mes 22 ans, vivre un instant magique qui reste gravé à jamais dans ma mémoire... »

Comme le rappelle justement dudu, les adversaires du Racing étaient nombreux... aragon le souligne également : « Les "grands" de l'époque - les trois derniers champions, Monaco, Nantes et Saint-Etienne - ne vivaient pas du tout une saison blanche ! Ce qui ajoute au mérite du Racing et n'en fait nullement un titre au rabais. Saint-Etienne et Nantes nous ont collé aux basques jusqu'au bout, mais surtout en seconde partie de saison. »

Le lendemain, samedi 2 juin, l'accueil des champions de France à la gare de Strasbourg puis sur le trajet vers l'hôtel de ville est extraordinaire. « Le déchaînement total ce retour des joueurs à Strasbourg et l'accueil place de la gare où les anciens comparaient cette liesse à celle connue lors de la Libération... » (dudu).
Dans une légitime euphorie, les joueurs, le staff et les supporters du club fêtent le titre de champion de France du Racing partout dans la ville. Les stubistes cités dans l'article sans doute aussi (merci à eux pour leur participation, avec un coup de chapeau particulier à sedna, le seul stubiste à avoir partagé ses souvenirs pour l'ensemble des rencontres de cette saison exceptionnelle !).
Sans doute que tout le monde, ou presque, est convaincu que cette saison inoubliable en appellera rapidement d'autres. Mais en coulisses, le conflit grandissant entre acteurs et producteurs met de plus en plus en péril l'avenir du club.
Trente ans plus tard, la saison 2 n'a toujours pas été écrite.

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filipe

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