Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

« Le but de Keshi gravé dans ma mémoire »

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Par filipe
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Le 13 mai 1992, il était là. Titulaire face à Rennes dans l'équipe qui ramenait le RCS en D1. Après le succès face à ces mêmes Bretons samedi, rencontre avec Olivier Dall'Oglio, un homme vivant avec enthousiasme ses deux passions : le foot et la p

Son parcours
Après des débuts à Alès (197 matchs professionnels), Olivier Dall'Oglio arrive à Strasbourg en 1989 où il évolue comme titulaire pendant deux saisons. Perdant sa place à l'arrivée de Gilbert Gress, il dispute tout de même les matchs de barrages dont celui - mythique - face au dernier adversaire en date du Racing, le Stade Rennais (4-1), qui mit fin à trois années de D2 pour le RCS. Parti ensuite à Perpignan pendant une saison, il goûte enfin à la D1 du côté de... Rennes (26 matchs) : c'est là qu'il met fin à sa carrière suite à une rupture des ligaments croisés du genou. O. Dall'Oglio devient alors l'entraîneur de l'équipe réserve d'Alès puis rejoint Nîmes en 1998 où il s'occupe des moins de 18 ans avant de prendre en charge le centre de formation pendant 5 ans. Avec ses jeunes, il atteint la finale de la Coupe Gambardella 2004 où les Nîmois doivent s'incliner face au Mans.
Entre 2005 et 2006, Dall'Oglio passe le DEPF (diplôme d'entraîneur professionnel de football) et arrive à Troyes en janvier 2007 : l'entraîneur troyen, un certain Jean-Marc Furlan, a en effet décidé d'écarter des joueurs de son groupe. Le club étant légalement obligé d'assurer leur entraînement par un entraîneur diplômé, Dall'Oglio est recruté pour assurer cette mission jusqu'en juin, date à laquelle il retourne à Alès pour prendre la tête de l'équipe qui évolue en DH (6ème division).
Parallèlement à ce parcours, il s'adonne à son autre passion : la peinture. Il a d'ailleurs exposé son travail du 24 août au 13 septembre 2007 à Alès.

Une reconversion pas comme les autres qui méritait bien un entretien, quelques jours après la victoire en championnat face au Stade Rennais. Un beau succès par trois buts d'écart qui rappelle quelques souvenirs...

Le Racing 1989/1992

(racingstub) Le match de barrage face à Rennes reste un souvenir marquant pour de nombreux supporters du Racing. Comment l'avez-vous vécu ?
OD'O : Le match face à Rennes reste un souvenir très fort car jouer les matchs de barrages est un vrai parcours du combattant et là, on se retrouvait à l'aboutissement d'une saison fort éprouvante...
Nous étions hyperconcentrés et le stade de la Meinau était plein à craquer, nous nous sentions forts, je crois que le but de Keshi restera toute ma vie gravé dans ma mémoire... superbe et quel culot ! Le stade s'est levé et là on a compris que si l'on restait bien soudés, une fête incroyable se préparait.
Au coup de sifflet final, j'ai revu défiler toute ma saison, la plus dure de ma carrière, qui se terminait en apothéose et en communion avec tout un public qui retrouvait l'élite du football... de la folie !
Les jours qui ont suivi ne furent qu'invitations dans toute la ville, les joueurs ne voulaient pas se quitter, ensemble nous avons vécu des moments inoubliables... nous avons vraiment réalisé le bonheur que nous avions procuré à toute une région.

Pourtant, avant cette fin de saison remarquable, vous n'aviez pas beaucoup joué sous les ordres de Gilbert Gress. Vous qui étiez habitué à être titulaire auparavant, comment avez-vous vécu cette saison 91-92 ?
Pour ma part ce fut une saison très éprouvante. Dès le début Gilbert Gress ne comptait pas sur moi et je n'ai jamais su pourquoi, mais j'avais décidé de me battre jusqu'à la fin de la saison quoi qu'il arrive !
Parfois j'étais au bout du rouleau, un jour je n'ai pas pu me lever : baisse de tension, épuisement physique mais surtout nerveux... Il serait long de tout raconter car une saison en marge de l'équipe, c'est long et très frustrant.
Vous pouvez vous imaginer alors ce que représentait pour moi une montée avec le Racing en tant que titulaire face à Rennes !

On connaît le caractère de Gress : quels étaient vos rapports avec lui ? Et plus généralement quelle était l'ambiance au sein de l'équipe ?
Gilbert Gress avait une pression énorme sur les épaules pour son retour très (trop) médiatisé, je n'ai pas eu beaucoup d'échanges avec lui et nous avons eu une altercation en début de saison lors d'un entraînement.
Sa manière de manager son équipe ne m'a jamais plu, je pense qu'un coach doit faire passer son équipe avant sa propre personne... mais je ne tiens pas à m'étendre sur le sujet, on a vu la suite de sa carrière !

Avant l'arrivée de Gress, vous avez joué deux ans avec Léonard Specht comme coach. Quels souvenirs gardez-vous de ces deux années ? Y a-t-il un ou plusieurs joueurs qui vous avaient particulièrement impressionné à Strasbourg ?
J'ai vécu de bons moments en Alsace, j'ai rencontré des personnes vraiment intéressantes sur le terrain et en dehors, des garçons comme Youri Djorkaeff, vraiment doué devant le but, Ivan Hasek qui a une personnalité hors du commun, simple, humble et terriblement efficace sur le terrain... plein d'autres m'ont marqué comme Dacourt et Djetou, les stagiaires pleins d'ambition et de talent naissant, Sansone et Leboeuf qui ont fait des prouesses ces années-là.

« je n'oublierai jamais la joie
dans les rues de Strasbourg
»


Avez-vous conservé des contacts réguliers avec des joueurs connus lors de votre passage au Racing ?
Je revois régulièrement Franck Orsoni qui habite Nîmes comme moi et Sylvain Sansone qui est coach vers Valence. L'année dernière j'ai fait un tournoi avec les frères Cobos et Nestor Subiat à Agde. Et mon bon pote reste Gilles Leclerc, propriétaire vinicole dans le Gard : eh oui le foot mène à tout !
De toute façon, lorsque l'on se revoit nous n'avons pas l'impression que tant d'années se sont écoulées, preuve d'une grande amitié.

Justement, à Strasbourg, il existe très peu de manifestations permettant de rassembler les anciens joueurs du club. Pensez-vous que les anciens sont demandeurs de ce genre de retrouvailles ?
Il n'est pas facile d'organiser des rencontres d'anciens surtout au moment de déterminer une date car nous sommes éparpillés aux quatre coins de la France ou à l'étranger avec des emplois du temps différents.
Mais quelle joie de revoir les amis, nous apprécions de nous retrouver sur un terrain et autour d'un verre et de retrouver des personnes que l'on n'a pas revu depuis des années !

Quels étaient vos rapports avec les supporters du Racing ? Comment qualifieriez-vous l'ambiance des tribunes de la Meinau au début des années 90 ?
Mon premier souvenir avec les supporters alsaciens fut plutôt délicat car le club venait de dégringoler en D2 et les gens étaient déçus, et de plus notre début de saison très moyen n'arrangea pas la situation. On fut vite pris en grippe...
Les rapports se sont peu à peu arrangés et j'ai connu des gens extra, je n'oublierai jamais la joie dans les rues de Strasbourg après la victoire face à Rennes et la montée en D1.
Je garde finalement des souvenirs extra des supporters, même si c'est un public plutôt difficile. Par contre je n'aimais pas du tout ces groupuscules nazillons très agressifs...
Je me souviens bien de "Madame Cigogne", elle nous faisait des cadeaux alors qu'elle avait peu d'argent, elle possédait une grande cigogne en plastique qui a voyagé de stade en stade, je me rappelle lui avoir donné mon maillot bleu avec le numéro 14 après un match, elle l'a enfilé de suite sans même le laver : extraordinaire !

Avez-vous d'autres anecdotes, des souvenirs concernant vos trois saisons au RCS ?
J'ai beaucoup de souvenirs de mes années en Alsace, il serait trop long d'évoquer tout cela ou bien il faut faire un livre mais j'ai vraiment rencontré des gens qui m'ont fait évoluer dans ma vie et cela ne s'oublie pas.
Je veux citer les personnes qui ont marqué mon passage en Alsace comme Monsieur et Madame Bord avec qui j'ai lié amitié, mais aussi Albert Gemmrich, adjoint de Léonard Specht, ainsi que Patrick Spielman et sa femme qui nous avaient si bien accueillis lors de notre arrivée. Bien d'autres sont à citer comme E. Malka, un ami dentiste que je n'oublie pas... mais la liste serait trop longue.


Dall'Oglio, l'entraîneur

Venons-en à votre poste d'entraîneur d'Alès...
Je suis l'entraîneur de l'équipe fanion qui évolue en Division d'Honneur, c'est mon club formateur puisque j'y ai joué onze ans (de cadet à l'équipe de Division 2).
Aujourd'hui le club est tombé bien bas (il fut relégué administrativement) : le Président, un ami, m'a demandé de venir l'aider à reconstruire le club.

Avez-vous pour objectif d'entraîner un jour un club professionnel ? Avez-vous déjà reçu des propositions dans ce sens ?
Je suis détenteur du DEPF (diplôme d'entraîneur professionnel de football) qui me permet d'entraîner au niveau professionnel, ce qui reste mon ambition. Mais il faut un peu de "chance" et des relations ; et puis je suis surtout considéré comme un formateur par les présidents de clubs...
Pour l'instant, je ne reçois que des propositions de postes de directeurs de centre de formation mais je veux absolument coacher des séniors, c'est cela que j'avais prévu : d'abord travailler avec les jeunes et puis passer avec les pros (pour tout connaître du football !)

« les formateurs sont peu
considérés dans les clubs
»


A propos des centres de formation, vous disiez en mars 2002 dans l'Humanité : « Le foot, on en a fait tout un plat alors que ce doit être un plus. Moi, cela me rend fou d'entendre un manager ou un parent parler de plan de carrière pour un gamin ». Du coup, on ne risque pas de vous revoir à la tête d'un centre !
La France possède de très bons formateurs, passionnés et très professionnels mais ils sont peu considérés dans les clubs, il n'y a qu'à voir leurs rémunérations par rapport aux autres membres du staff ! C'est un signe.
Je pense aussi que les jeunes joueurs doivent rester proches de leurs familles, qu'ils s'épanouissent autant sportivement qu'intellectuellement.
La France reste un grand pays en matière de formation, et l'implication de ces hommes de terrain y est pour beaucoup !

Est-il vrai que vous avez effectué un stage d'entraîneur dans un club brésilien ? Si oui, que pouvez-vous nous en dire ?
Il y a deux ans j'ai fait un stage au Brésil, dans le club du Vasco de Gama, dans le cadre du DEPF pour la FFF, j'en ai ramené un rapport que j'ai présenté à Clairefontaine.
C'était un rêve de footballeur, je l'ai réalisé grâce à un ami nîmois installé à Rio qui m'a mis en contact avec les responsables du club, j'ai pu voir Romario et Alex à l'oeuvre ainsi que tout le fonctionnement d'un des principaux clubs Carioca.


Dall'Oglio, l'artiste

Parlons de votre autre passion : la peinture. Depuis combien de temps peignez-vous ? Qu'est-ce qui vous attire dans cet art ?
Je me suis passionné pour le dessin très jeune, mais je n'ai commencé à peindre véritablement sur des toiles qu'à mon arrivée à Strasbourg. Ma mère souhaitait que je lui fasse un tableau, un vrai, alors je me suis lancé et depuis je n'arrête pas !
Par la suite, dans un désir de progression, j'ai pris des cours du soir aux beaux arts de Perpignan et à Rennes où j'ai rencontré un peintre qui m'a beaucoup aidé. J'ai commencé à faire des expositions de groupe et j'ai peu à peu vendu autour de moi quelques "oeuvres".

Quels sont vos supports et techniques ?
Aujourd'hui, je travaille surtout avec de la peinture acrylique, des collages, des bombes aérosols, des craies grasses, etc. sur des grandes toiles.

« la peinture me permet
de m'évader
»


Où puisez-vous votre inspiration ?
Je fais de la Figuration Libre où je laisse aller mon imagination. Mon inspiration peut venir de mes lectures, de mes observations de la vie quotidienne, de mes voyages...
J'aime bien des peintres comme Combas ou Matisse notamment.

Certaines de vos oeuvres ont-elles un rapport avec le football ou le monde du sport ?
Les sujets de ma peinture n'ont rien à voir avec le monde du football (pour l'instant), ce sont deux mondes différents pour moi !
Mais peindre reste très complémentaire du football car cela me permet de penser à autre chose. Le foot occupe beaucoup mon esprit et encore plus depuis que je suis coach, la peinture me permet de m'évader...

Connaissez-vous d'autres sportifs « actifs » dans le domaine de l'art ?
Outre Cantona, je sais qu'André Amitrano peint aussi, il doit en exister d'autres certainement que je ne connais pas.

Et si les dirigeants du Racing vous proposaient d'exposer vos oeuvres à la Meinau, seriez-vous intéressé ?
Pour le moment, j'expose en permanence dans un restaurant alésien et je prépare pour 2008 une exposition dans un hôtel nîmois.
Je sais que le fait de peindre et d'être entraîneur de football en même temps n'a pas toujours bonne presse auprès des présidents de club, ils ne comprennent pas vraiment que cela puisse être complémentaire...


Le Racing 2007/2008

Revenons au RCS : avez-vous vu certains matchs joués par Strasbourg cette saison ? Quels sont les joueurs strasbourgeois qui ont retenu votre attention ?
Cette année je n'ai pas vu un match entier du Racing, mais je suis leur parcours car je m'intéresse toujours à mes anciens clubs. Je connais très bien R. Cohade qui est d'Alès, j'ai joué avec son père et je l'ai eu en formation à Nîmes Olympique après son passage à Lyon.

Quel est votre sentiment sur le parcours du Racing ces dernières années ?
J'ai toujours pensé que le Racing était un club à dimension européenne, il en a le stade, la ferveur du public mais pas la stabilité en interne, à partir de là c'est difficile de construire.
Le choix des hommes aux postes clés reste un enjeu majeur pour la réussite d'un club, ensuite il faut les laisser bosser et leur faire confiance !

« j'avais donné mon accord puis
du jour au lendemain,
plus rien
»


Vous avez côtoyé Jean-Marc Furlan à Troyes. Pouvez-vous nous parler de lui, de sa méthode de travail ? Et ses adjoints Emmanuel Pascal et Nouredine Bouacherra ?
Jean-Marc Furlan fait du bon boulot, j'ai appris à mieux le connaître à Troyes, avec Nouredine ils forment un bon duo. Il a un rapport très proche avec ses joueurs, il leur parle souvent : la communication et la préparation mentale sont très importantes dans son approche.
Je ne connais pas E. Pascal mais je connais bien F. Khirat, un proche du Président, avec qui j'ai joué à Alès. D'ailleurs il m'avait contacté en début de saison pour venir au Racing, j'avais donné mon accord puis du jour au lendemain, plus rien... Ainsi va le monde du football !

... et le monde du Racing. Pour conclure, un petit mot à passer aux supporters du RCS qui liront cette interview sur racingstub.com ?
Le Racing possède un public, certes parfois dur avec les siens, mais qui sait répondre présent lorsque son équipe en ressent le besoin. Ce sont des gens passionnés par la vie de leur club de coeur, en tout cas je n'oublierai jamais la clameur des tribunes après cette victoire contre Rennes...
J'ai répondu avec plaisir aux questions et je vous souhaite une bonne saison, je reste quoiqu'il en soit un supporter fidèle du Racing.


Merci à O. Dall'Oglio pour sa disponibilité et sa confiance. Rendez-lui visite et découvrez quelques-unes de ses oeuvres sur son site : www.art-dalloglio.com.

filipe

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