Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le retour de Monsieur Vencel

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Par zottel
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© Karim Chergui

La critique revient souvent au sujet du football moderne : sans âme, pollué par les mercenaires et les spéculateurs. Ce spectacle ordinaire fait d'autant mieux rejaillir ce que peut avoir d'exceptionnel un homme comme Alexander Vencel.

Les années strasbourgeoises

La carrière d'Alexander Vencel commence dans l'un des clubs de sa ville natale, le Slovan Bratislava, dans la lointaine Slovaquie (ex-Tchécoslovaquie). Il y fera ses premières armes, mais est encore un gardien quelconque et totalement inconnu. Puis survient la fin de la guerre froide, et le défunt bloc de l'Est devient le nouvel eldorado des recruteurs européens. Tandis que les plus grands clubs font main basse sur les joueurs connus à l'Ouest, pour avoir brillé dans les compétitions européennes (Savicevic au Milan AC...), les autres clubs réalisent des "coups" restés fameux (Boksic à Marseille...). Le Racing Club de Strasbourg n'est pas en reste, pour le meilleur (Ivan Hasek, 1990-94,...), ou le moins bon (Tomasz Frankowski, 1993-94...). Quand le Racing tourne la page Jean Wendling / Gilbert Gress, en 1994, c'est encore vers des joueurs de l'Est méconnus qu'on se tourne ; le Russe Alexander Mostovoï (1994-1996), qui arrive de Caen, Vencel (1994-2000), plus tard Jan Suchoparek (1997-1999). 'Alex' devint l'un des joueurs emblématiques d'une des plus belle équipes qu'ait connu le Racing.

Les débuts sont difficiles : arrivé à Strasbourg à 27 ans, l'âge qu'ont aujourd'hui Mickaël Landreau ou Sébastien Frey, Vencel est lui quasiment inexpérimenté. A l'époque personne (sauf Max Hild) n'aurait misé une bière sur l'avenir de ce grand gaillard timide. Il lui faut cependant faire oublier ses prédecesseurs de l'époque Gress II, Sylvain Sansone (titulaire de 1989 à 1993), et l'éphèmère mais brillant Joël Corminboeuf (1993-1994).
Le Racing de Roland Weller/Jacky Duguépéroux campe alors en bonne place dans un championnat de France qui était à l'époque d'un excellent niveau, comme en témoignent les performances du PSG, de Bordeaux ou d'Auxerre dans les coupes européennes. Le Racing s'offre lui-même quelques frissons en 1996 en Coupe de l'UEFA, avant d'être sorti par le Milan AC en 16èmes de finale. C'est un club ambitieux, mais encore irrégulier.
Mais petit à petit, le Slovaque arrive à maturité. On attribue à Michel Ettore (actuel FC Metz), entraîneur des gardiens arrivé en 1997, le mérite de cette transformation. Sous la houlette du Lorrain, l'atavisme familial se manifeste (son père fut gardien de la Slovaquie à la Coupe du monde 1970) et Alexander Vencel franchit les fameux paliers qui font les grands joueurs. En championnat, il accumule les arrêts reflexes et des claquettes sublimes, dont il sera, en France, l'un des spécialistes de l'époque. En 1997, son arrêt décisif lors de l'ultime scéance de tirs de buts de la Coupe de France face à Bordeaux permet au Racing de remporter son premier trophée depuis 1979. Alex est à son somment en 1998 : Patrick Proisy vient d'accéder à la présidence, Strasbourg vit la dernière campagne européenne de la superbe équipe de Weller/Duguépéroux. Sans complexe, les Racingmen éliminent en huitèmes le Liverpool FC (3-0, puis 0-2) ; Vencel est le héros du match retour, en tenant à bout de bras une équipe décimée par les blessures, et sous les applaudissements d'Anfield Road ! En quarts, le Racing est à un cheveu de l'exploit contre l'Inter de Milan (2-0 puis 0-3), malgré deux matchs d'anthologie de Vencel et un pénalty de Ronaldo arrêté.

Vencel brille au Havre

Alexander Vencel n'aurait jamais du quitter Strasbourg : ce sera une décision unilatérale du "génial" Claude Le Roy, qui lui préfère Thierry Debes, auteur d'un bel intérim en 1999-2000. A 34 ans, Alex devient indésirable et est bradé en 2001 au Havre AC (D2), récent relégué. Nul doute que le président Louvel et Jean François Domergue ont arrosé au champagne cette bonne affaire. Vencel, toujours impeccable de professionnalisme, continuera sa carrière jusqu'à l'age de 38 ans, en 2005, en étant régulièrement cité parmi les meilleurs gardiens de Ligue 2. S'il ne peut éviter la descente en 2003, après la remontée en L1 de 2002, il est toujours deuxième meilleur gardien de L2 en 2004, derrière... Debès. En 2005, c'est encore lui qui sauve le maintien du HAC en L2, grâce notamment à match somptueux, et un penalty arrêté chez le leader troyen... Les supporters du HAC ne s'y trompent pas : les adieux du Stade Jules Deschazeaux, en 2005, furent magistraux, à l'image de l'ovation reçue à Strasbourg lors de son passage en 2002.

Quel avenir au Racing ?

Impossible de ne pas évoquer ici les qualités humaines du Slovaque. Tous les supporters qui l'ont cotoyé peuvent témoigner de sa franchise, de sa générosité, de son humilité. Son engagement pour le Téléthon, aussi bien ici qu'au Havre, en est la preuve. Il vient aussi de démontrer sa fidélité et son esprit club en revenant en Alsace. On est bien loin des traditionnelles déclarations d'amour frelatées, et des négociations au couteau auxquelles on assiste à chaque mercato.

N'oublions pas enfin que, même si sa discrétion le laisse peu transparaître, Alex est intellectuellement brillant (titulaire d'un diplome d'ingénieur, etc...).

Difficile donc de ne pas se réjouir de la venue d'un tel personnage, qui semble posséder tout à la fois du talent, de l'expérience, du professionalisme, de l'enthousiasme, l'intelligence, une mentalité "Racing", et probablement suffisamment d'humilité pour ne pas empiéter sur les prérogatives de ses collègues (défaut que l'on a prété à Philippe Sence). Bref, quasiment la panoplie complète d'un cadre technique. Une collaboration fructueuse avec Jean Pierre Papin (auxquel on prête généralement des qualités similaires), voire même avec l'ensemble du staff que réunit petit à petit Philippe Ginestet, semble d'ores et déjà acquise. En fait, hormis Claude Le Roy, personne ne s'est jamais fâché avec Alexander Vencel... C'est pourtant sur ce point que restent quelques interrogations. Le personnage est sympatique, mais, dans un contexte strasbourgeois assez tendu, avec de nombreux joueurs qui tentent de négocier leur sortie, l'avenir en L2 semble dependra du charisme du staff (et de sa générosité financière). Ainsi, dans le secteur des gardiens, Vencel va devoir rapidement régler le conflit ouvert entre Stéphane Cassard, Nicolas Puydebois, et le Racing : qui sera titulaire l'an prochain ?

zottel

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