L'Abécédaire de la saison (1/3)

A comme Automne : Après les volées de bois verts de la fin d'été, c'est une équipe a ramasser à la pelle et valdinguant au gré des bourrasques, qui s'enfonce dans les parfums automnaux. Kombouaré emporté par une nuée de canaris jaunâtres et ébouriffés, ne refera plus surface. Exit la légèreté calédonienne, place à la rigueur Duguépérousienne. A l'heure où tout se meurt, le Racing remet ses pendules à l'heure, justement...


B comme Bordeaux : Lors de la 13ème journée, après la légère éclaircie niçoise, les Girondins de Bordeaux viennent se heurter à un Cassard en état de grâce à la Meinau. Le Racing, à la peine dans le jeu, colmate les brèches et s'en remet au courage pour récolter le point de parité. Alors que les plus impatients des spectateurs quittent leurs fauteuils, Pagis s'élève au-dessus de la masse pour écoeurer Ramé. Ce soir-là, les mouches ont changé d'âne.


C comme Coupe : Tour à tour brun, roux puis blond sous les projecteurs, rasé puis long, le cheveu d'Alexander Farnerud, surnommé unanimement le M. Coupe de la Meinau, a eu du mal à s'en faire une. Représentatif de ses atermoiements sportifs, la tignasse du suédois n'a flamboyé que le temps d'un hiver avant de retomber dans la valse hésitation et la banalité glabre. Maladroit ou malchanceux, peut-être est-il temps pour lui de s'essayer à la coupe au bol ?


D comme Dégâts (des os) : En posant ses valises dans la capitale européenne, Rémy Vercoutre avait l'avenir aussi bleu que les crêtes vosgiennes qui crèvent l'horizon les soirs de juin. Les cages alsaciennes lui étaient promises et la tonicité de ses interventions arrivait à faire oublier combien parfois elles étaient téméraires. Quand les joueurs de champs furent mis au pilori, il échappa à la vindicte populaire. Même la cigogne, l'animal symbole récemment réintroduit, ne voulut pas être en reste et passa au-dessus de sa chaumière. Rémy a une famille maintenant. Oui mais sur les bords du Krimeri rien ne se passe comme ailleurs. Il suffit pour celà de se rappeler le pauvre Francis Llacer constamment cambriolé ou enrhumé lors de son passage dans la région. Malheureusement, Rémy n'a pas su voir le danger diffus dans les couloirs du stade. La fracture du métatarse. Devaux et Kanté n'y avaient pas échappé. Karim Haggui n'allait pas tarder à lui succomber. Le mal frappa Vercoutre au 5ème métatarse du pied gauche. C'est donc le pied gauche dans le plâtre que Rémy regarda Stéphane Cassard s'installer entre les poteaux. Par une surprenante alchimie, ce dernier se révéla être la sérénité qui manquait à la défense strasbourgeoise. Vercoutre se trompa de plan de reconquête et Cassard gagna la bataille. Rémy hérita de la coupe, et c'est, malgré l'amertume, lesté d'un nouveau trophée qu'il s'en retourne chez lui pour une saison que tout le monde lui souhaite les doigts de pieds en éventail.


E comme Espoir : L'espoir de s'en sortir. L'espoir de voir Bassila réussir une transversale. L'espoir de ne plus retourner dans la charrette. L'espoir d'avoir sa part de soupe aux pois. L'espoir d'avoir définitivement exorcisé la malédiction messine. L'espoir de ramener la coupe et l'Europe à la Meinau. L'espoir de garder, enfin, les meilleurs. L'espoir fait vivre, quoi.


F comme Football : Et le football dans tout ça ? S'il s'est affiché sous sa forme la plus parodique lors d'un été de chien, peu à peu il s'est manifesté, au gré des humeurs, par intermittence, avant de s'affirmer plus volontaire lors de mémorables soirées où les adversaires s'essoufflèrent à suivre la Samba alsacienne. Orientant tout d'abord le jeu de son équipe sur les côtés afin de rassurer et soulager un axe central défensif à l'agonie, Jacky Duguépéroux sut imposer un losange plus audacieux lors de l'hiver suédois, puis revenir à nouveau sur les flancs pour pallier les blessures de Pagis ou les sporadiques éclipses de Farnerud. « On ne s'en sort que par le jeu » n'a cessé de professer le coach strasbourgeois. Le jeu lui a donné raison.


G comme Gindorf : Le débonnaire président du Racing pensait s'être offert la fin de règne idéale. A coup de paternalisme tranquille et de saucisses tièdes, il avait réussi à redonner un visage humain à un club défiguré. Egon Gindorf s'apprêtait donc à goûter une retraite méritée et bien nécessaire pour digérer tout le gazon brouté au Stade de France. Seulement voilà que le roi n'est pas assoupi que déjà les pics sont de sortie dans les couloirs du royaume. L'héritier est-il vraiment légitime à ce trône fraîchement restauré et à nouveau présentable ? Adieu cannes à pêche, côtes monégasque et Derrick en numérique. La succession est ajournée. Il lui faut reprendre le sceptre. Moralité ? Ben, aucune.


H comme Hymne : Quand le virage entonne, L'hymne d'une terre unie, Tout le Racing frissonne, A l'appel de ce cri ! Chez nous on dit...
« jetzt geht's los », pas vrai ?