Stupeur et tremblements

Après le show, le froid. A peine remis de la dernière sortie à la Meinau, les supporters strasbourgeois sont tombés des nues en découvrant les DNA de ce matin, selon lesquelles le manager général du Racing, Marc Keller, serait sur le point de quitter le club. Nouvelle inattendue qu'a semblé entretenir l'intéressé dans l'émission régionale Sportshow, répondant évasivement tout en mettant en avant les intérêts du club et de l'équipe. Rien n'est officiellement confirmé, mais la mine de dépit affichée par Keller et ses propos voilés semblent n'avoir convaincu personne. Sauf retournement de situation, il devrait donc démissionner de son poste dès l'intronisation du nouveau président, Philippe Ginestet, prise de pouvoir supposée à l'origine de ce nouveau coup d'éclat. Les deux hommes ne seraient en effet pas sur la même longueur d'onde, certains désaccords profonds ayant conduit Marc Keller à prendre cette décision, qui fait l'effet d'une bombe dans les rangs des fans strasbourgeois. Les DNA révèlent que le futur président aurait notamment essayé d'imposer le maintien de son ami Camadini dans l'effectif, mais gageons ce que n'est pas la seule source de conflit. Après un mois d'avril radieux, l'espoir de jours enfin heureux au Racing semble éclipsé par le retour aux orages.

Déception et incompréhension. La surprise est totale, et la pilule difficile à avaler. Après des mois de galère, le club semblait enfin voguer dans des eaux plus calmes, et filer vers la stabilisation. Maintien acquis, coupe d'Europe l'an prochain, ambiance à la Meinau et petite flamme populaire, comment songer que ce n'était que la partie émergée d'un iceberg décidément à la dérive ? Avec l'assainissement des finances du club et la résurrection d'une équipe courageuse donnant envie de s'y identifier, la seule préoccupation semblait sportive : arriverait-on à conserver l'équipe et à la renforcer pour jouer enfin le haut de tableau ? Patatras, la construction était plus fragile qu'on ne le pensait, et des conflits d'hommes risquent encore de la mettre à bas. La maison Racing semble n'être décidément qu'une cabane en paille. L'heure n'est plus au modelage de l'équipe, mais à celle de ses dirigeants, encore et toujours, sous réserve de confirmer la gravité de la situation.

Rumeur et tumeur. Le mal qui ronge le Racing semble donc profond et loin d'être guéri. La transition paisible de Gindorf à Ginestet s'annonce compromise, même si pour le moment les informations filtrent difficilement. Ginestet attend l'occasion pour s'exprimer, Keller choisit de rester réservé, Gindorf semble aux abonnés absents, tandis les supputations vont bon train sur les forums de supporters. Les dirigeants actuels du club sont censés se réunir aujourd'hui et demain et tous espèrent qu'il en sortira un démenti heureux. Pour conduire le manager du Racing à partir, les divergences doivent être profondes, tant sur la philosophie que sur les méthodes du nouveau président. De là à prendre parti, cela semble un peu tôt vu le peu de lumière qui est fait sur cette affaire. Avec le recul d'Egon Gindorf, Marc Keller était en fait presque un président de fait. Refuse-t-il de laisser les rennes à Ginestet, ce dernier prétend-il remettre de l'ordre dans l'organigramme du pouvoir ? Y a-t-il d'autres motivations qui séparent ces hommes que tout semblait rapprocher pendant des mois ? La poursuite de la reconstruction du Racing ne réussit-elle donc pas à primer sur les différents ? Pourtant, si beaucoup sombrent dans le manichéisme en prenant d'ores et déjà fait et cause pour Marc Keller, victime, on a du mal à imaginer que Ginestet puisse se passer de Keller, de son travail et de sa popularité, et soit même disposé à engager un bras de fer avec lui. Les spéculations les plus folles se dessinent, quelle est donc la clé de toute cette histoire ?

Dénouement et dénuement. On voudrait croire à un classement de l'affaire, mais le ton semble grave, et on peut penser que si l'annonce de cette nouvelle crise n'était que spéculation médiatique, les dirigeants du club auraient pris la peine de désamorcer la bombe. Il n'en est rien, renforçant les craintes à quelques heures d'un verdict attendu. Sans connaître le fond de l'affaire, il y a fort à parier que les supporters n'en resteront pas là, et que le départ de Marc Keller devra se faire pour de bonnes raisons. Car à l'heure actuelle, c'est toute l'image du club qui est éclaboussée, et notamment la nouvelle présidence, avant même son entrée en fonction. Et sans Marc Keller, c'est toute la reconstruction du Racing depuis la funeste ère Proisy qui se trouverait mise à nue...