Amara Diané, c'est fait !

La signature d'Amara Diané marque la fin d'une tractation qui n'aura pas fait l'ombre d'un mystère tant l'intérêt du Racing était prononcé. Pourtant, l'affaire ne s'est pas faite du jour au lendemain. Début novembre, Marc Keller et une bonne partie de son staff avaient évoqué sans équivoque l'intérêt du club pour cet attaquant longiligne qui répétait alors ses gammes dans une L2 où il semblait un peu à l'étroit. Un peu trop à l'étroit. D'ailleurs une frange du public rémois l'accusera même d'excès de facilité ou d'une certaine nonchalance. Le hic, c'est que nonchalant ou pas, Reims ne peut se passer de lui et au dernier mercato, malgré les offres sonnantes et trébuchantes du board strasbourgeois, la Direction rémoise refuse en bloc de laisser filer leur attaquant vedette.


Lens, Auxerre, Lille, Monaco et les autres...

L'occasion aussi pour le président Jean-Pierre Caillot de faire monter les enchères: pratique courante dans le foot, surtout quand un joueur attire de nombreuses convoitises. Et Amara était convoité. Pas par n'importe qui. D'abord il y a eu le RC Lens puis rapidement l'AJ Auxerre qui, dans les dernières heures, avait tenté de se rapprocher pour arracher l'affaire. Bref, les deux mêmes clubs qui à une certaine époque pistaient avec insistance... Karim Hagui. Gage d'un certain flair? Sûrement. Et même, Guy Roux se renseigne rarement sur le menu fretin. Sans compter les malins lillois assez réputés pour l'audace de leurs recrutements, et qui lorgnaient aussi sur le buteur champenois. Même le grand Monaco avait gardé son nom sur un bout de liste dorée. Idem pour Sochaux ou encore Utrecht, le Chievo Verone et Anderlecht.


Dithyrambes rémois et acharnement strasbourgeois

Finalement, une fois le maintien rémois acquis, c'est sûrement le club qui le voulait le plus qui l'a eu. Car depuis ce fameux mois de novembre où Diané a commencé à (beaucoup) intéresser les dirigeants strasbourgeois, ces derniers n'ont pas lâché un pouce de terrain. Quant aux éloges, de part et d'autres, ils n'ont pas été taris. Déjà surnommé le « TGV » en allusion à sa vitesse d'exécution alors qu'il se baladait véritablement en DH à Roye en 2002-2003 (26 buts et 16 passes décisives) avant d'en faire autant en National avec Reims en 2003-2004 (19 buts en 35 matches), le Président J-P Caillot le présente aujourd'hui comme un « Mamadou en puissance (...) » avec l'expérience en moins. Un « phénomène », selon le même Caillot. Côté Racing ? C'est simple, comme cela a été dit et redit, Dugué et l'équipe dirigeante avaient déjà fait des pieds et des mains pour essayer de le faire venir dès le mercato. Une insistance rarement vue : « J'aurais vraiment voulu l'engager maintenant » confiera alors l'entraîneur strasbourgeois qui voit en lui « une marge de progression importante ». Quand on connaît le sens de la mesure et le flegme du coach providentiel du Racing - en plus de sa connaissance du football - on peut traduire cela par « il peut casser la baraque et devenir un très très grand si il s'en donne la peine ».


Au pied de la montagne

Et de toute façon, de la peine, il devra s'en donner. Pas le choix. Car si le joueur était une star à Reims où il pouvait se permettre des relâchements coupables sans que son équipe ne puisse se passer de lui, la donne ne sera absolument plus la même la saison prochaine en L1. La donne? C'est le duo d'attaquant actuel du Racing composé de Niang et Pagis : l'une des artilleries les plus lourdes de l'élite. Un duo du genre « indéboulonnable » sauf offre financière pharaonique pour l'un des concernés ou prestations très haut de gamme d'un remplaçant. Et si Niang devait partir - ce qui semble hélas inéluctable malgré les attentes financières élevées du Racing - un troisième ivoirien pourrait bien rejoindre le Racing : Bakari Koné, prodige de poche lorientais qui survole le classement des buteurs de L2, qui fait fantasmer une bonne moitié de la L1, pour lequel le Racing tiendrait la corde, et qui ne viendrait pas sur les bords du Krimmeri pour couper les rondelles de citron à la mi-temps. Et si ce n'est pas lui, ce sera sûrement une autre « pointure ». Alors forcément, quels que soient les cas de figure, Diané devra cravacher, même pour espérer accrocher une place sur l'aile droite où il peut aussi évoluer... D'autant plus que pour l'heure Abdessadki est toujours strasbourgeois et qu'aux dernières nouvelles, le milieu égyptien Abd Rabo a de très fortes chances de le devenir.


Joker de luxe

Emulation, concurrence, compétition... Visiblement, ce sont les maîtres mots de la saison à venir, avec le souci d'avoir des solutions alternatives de qualité pour inciter chacun à ne rien lâcher. Peut-être la seule chose qui a manqué au Racing depuis que Jacky Duguépéroux a repris les choses en main. Un coach parfois embêté par l'absence de possibilités quand un joueur important du dispositif manquait à l'appel, notamment en attaque. Bref au vu du profil prometteur de Diané, un luxe. Certes, un luxe qui n'en est pas vraiment un étant donné le possible prêt de M'Phela, le retour sûrement long de Mouloungui, ou encore l'inexpérience de Carlier et de Gameiro ; mais un luxe tout de même car l'arrivée de Diané se serait négociée autour de 700 000 euros (plus que pour Mickaël Pagis à l'époque !) avec un intéressement sur la revente (10 à 15%), plus un éventuel prêt du jeune attaquant sud-africain Abel M'Phela. Un luxe car le joueur a du potentiel, car il intéressait du monde et du beau monde, car avoir un « TGV » en Alsace est toujours quelque chose de compliqué, et (encore une fois) car aucune garantie n'a pu lui être donnée mais qu'il a tout de même consenti à relever le défi. Il a sûrement les qualités pour y arriver et c'est tout le bien qu'on lui souhaite.