Honni soit qui malt y pense

Suivre le Racing c'est définitivement aimer le contre-pied. Les saveurs et les souvenirs des différentes Oktoberfest sont déjà quelque peu estompés dans les mémoires, ou les foies, et l'on commence à peine à humer la bière de Noël. C'est pourtant précisément ce moment creux qui voit le RCS entamer, trop tôt ou trop tard c'est selon, son cycle brassicole. Les Bleus se déplacent demain après midi rue de Berstett, à deux pâtés de maisons de l'usine historique de la famille Hatt, avant d'accueillir samedi prochain le Sporting club de Schiltigheim. Deux derbies, deux matches entre voisins et, au fond, presque jumeaux.

Car le FC Kronenbourg est un club très similaire au Racing des origines. Fondé seulement deux ans après ce qui était alors le FC Neudorf, il s'agit également d'un club de faubourg, solidement implanté dans un quartier populaire et périphérique, à une époque où les déplacement intra-urbains étaient moins courants qu'aujourd'hui. Kronenbourg a ensuite connu un destin moins fameux que son homologue neudorfois, mais fait néanmoins partie, avec l'ASS, les Pierrots Vauban et le FCSK06, des quatre clubs strasbourgeois ayant connu le plus haut niveau amateur national. C'était au tournant des années 1970 pour deux saisons en CFA (1969-1970), puis CF3 (1970-1971) après la réforme des championnats nationaux. L'entraîneur d'alors était une très grande figure du football strasbourgeois, bien connue du côté de la Meinau, Edmond Haan.

Le FCK évolue aujourd'hui au niveau départemental, en Promotion d'Excellence, avec une réputation d'équipe difficile à jouer sur son terrain. Promu cette saison, le club figure d'ailleurs dans le peloton de tête de son groupe avec une invincibilité toujours préservée. L'an dernier, les Cronenbourgeois avaient également atteint la demi-finale de la coupe d'Alsace, éliminant en chemin de beaux pedigrees (Weyersheim, Sarre-Union, Biesheim) avant de chuter face au futur vainqueur de l'épreuve, l'ASIM. Se reposer sur l'écart de divisions en espérant un match facile serait donc la dernière des erreurs à commettre pour un Racing qui a déjà connu des difficultés en coupe face à Duttlenheim, équipe encore moins bien placée dans la hiérarchie.

La tâche sera d'autant moins aisée que François Keller n'aura guère de marge de manoeuvre pour composer son groupe. Aux indisponibilités déjà connues (Nyatchou Ndema, Sow, Martin, Pinaud) s'est ajoutée celle d'Anthony Sichi (adducteurs) et le match de la réserve presque simultané à Vauban empêche de puiser à loisir dans le vivier des jeunes pousses. Le coach devrait donc reconduire une équipe globalement similaire à celle vue en Côte d'or avec une assise défensive identique et une ligne d'attaque légèrement remaniée du fait des blessures et méformes. Alexandre Gisselbrecht, Adel Benchenane, Benjamin Genghini et Tommy De Jong devraient ainsi être en balance pour deux ou trois places de milieu offensif, ou attaquant de soutien au côté de l'inamovible David Ledy.



Si le Racing passe ce sixième tour,il accèdera aux deux derniers stades de la phase éliminatoire de la Coupe de France, marqués par un tirage au sort national et l'entrée en lice des clubs de Ligue 2. Ce qui changerait fatalement la perspective, puisque le club quitterait le haut du panier pour une position intermédiaire autorisant déjà les rêves d'exploits face à des équipes mieux classées dans la hiérarchie.