L'éruption de la faim

Après l'euphorie des débuts contre Forbach et l'ASIM, le Racing est progressivement entré dans le dur à mesure que l'été brillait de ses derniers feux. C'est surtout la défaite à domicile contre Pontarlier, la première depuis un an et demi, qui a jeté un froid avant que le baromètre ne suive ces derniers jours. L'automne est donc finalement arrivé, accompagné comme il est d'usage par les premiers frimas, les tours champêtres de coupe de France et une nette recrudescence dans la consommation de mets caloriques - parce que tout de même nous sommes en Alsace, et qu'à défaut de truster les palmarès sportif il faut au moins honorer son rang au tableau d'honneur du taux de cholestérol. Le spectateur en goguette cet après-midi du côté de la route de Colmar ne devrait donc pas être outre mesure surpris de humer les odeurs de knacks et knepfle plutôt que celles, plus habituelles, de l'Usine Suchard voisine. Il y aura à boire et à manger pour des supporters surtout affamés de points au classement et qu'on espère en nombre au moins stable (5.000 selon les organisateurs, un bon millier de moins selon les esprits plus chagrins).

Au moment où leur public commencera sa petite phase de somnolence postprandiale, les joueurs donneront le coup d'envoi d'une rencontre qui doit permettre de corriger les imperfection entrevues face aux Haut-Doubiens. François Keller a notamment insisté ces derniers jours sur l'importance du réalisme et de la solidité à la récupération, deux domaines dans lesquels ses troupes ont largement péché lors de leur dernière sortie à la maison. Le talent individuel, et une certaine réussite, ne suffiront pas pour gagner tous les matches et il faut aussi savoir fermer les espaces, presser et relancer collectivement. Pour ce faire, François Keller peut compter sur un groupe plus étoffé, où Adel Benchenane et Gauthier Pinaud marquent leur retour tandis qu'arrivent les néo-amateurs Francisco Donzelot et Benjamin Genghini Un temps incertain pour cause de douleurs persistantes au genou droit, David Ledy sera bien présent. Seul manque à l'appel Thomas Martin, qui souffre de ce qui est le « mal du siècle » selon les hebdomadaires du jeudi et votre oncle aux lombaires grinçantes.



L'adversaire du soir est en quelque sorte le petit poucet de la division puisque Steinseltz ne compte que 649 âmes au recensement de 2006 et évolue pour la première fois dans un championnat national. Le FCS a connu des progrès réguliers ces quinze dernières années sous la houlette de Lucien Stohr, et a fini par occuper un vide laissé en Alsace du Nord par le déclin déjà ancien du FC Wissembourg et celui, plus récent, du FR Haguenau. Les joueurs de l'Outre-forêt ont honorablement négocié ce début de championnat avec deux victoires pour autant de défaites et un nul. Il y a certes cette déculottée subie du côté d'Illzach, mais elle a été compensée la semaine suivante par une nette victoire contre Thaon les Vosges. La force de Steinseltz réside avant tout dans son collectif et ses automatismes, puisque l'équipe s'organise autour d'une ossature de joueur ayant connu les montées successives du club, renforcés par quelques jeunes dont Ludovic Mazerand, le fils de Richard, ancien pro du Racing et actuel entraîneur de Weyersheim.

Si le Racing parvient à gommer ses difficultés au milieu de terrain, et si le gardien steinseltzois ne sort à son tour le match de sa vie, la victoire ne devrait pas être très loin. Mais avec des si on mettrait Cleebourg en bouteille de vin nouveau...