Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Final countdown

Note
0.0 / 5 (0 note)
Date
Catégorie
Humeur
Lectures
Lu 4.444 fois
Auteur(s)
Par id
Commentaires
11 comm.
dsc-0414.jpg
© denisub90

J-2, J -1, H-5, H-4... Le compte à rebours final de RCS-Bayonne a marqué toute cette semaine au fer rouge. Dans d'autres clubs, ce décompte annonce en général un moment d'exception. Chez nous c'est l'extrême onction.

We're leaving together...


D'habitude, il faut subir les railleries sur le Racing des amis, parfois de la famille, plus souvent des collègues, et de manière générale des gens qui ne vivent le foot par le fast-food cathodique de la ligue des champions ou de Téléfoot. Cette semaine, les chambreurs ont changé d'attitude et de regard. Cette semaine on a lu les journaux. Cette semaine on me demande ce qui se passe au Racing et on se soucie de savoir s'il n'y a rien qui peut être fait pour changer la situation. Cette semaine, on me demande si je vais bien. Finalement, je me dis que les railleries avaient du bon, elles étaient la preuve infâme que tout allait bien au Racing, et qu'il était encore vivant.


But still it's farewell...


Aujourd'hui, c'est D-Day, le Dernier jour. Au boulot, je n'ai cessé de me faire violer par des souvenirs du Racing, si bons qu'ils en étaient douloureux : RCS-Rennes et Keshi, la Coupe de la Ligue 1997 et Stéphane Collet, Liverpool et Zitelli, Inter et Ismaël, ainsi que tous les autres couples moins prestigieux mais qu'on se régale de ressasser autour d'une bière d'après-match tels que Besançon et le but de Rouxel ou Lille et le quadruplé de Nouma. Et j'ai le coeur qui me pince, sans doute pour me rappeler que je ne rêve malheureusement pas.

Ce soir, je me prépare pour le match comme d'habitude, ou presque. Je mets un t-shirt bleu conformément à l'appel des supporters. Bleu, la couleur de l'espoir, l'espoir c'est beau mais, comme dirait l'autre, c'est quand il y en a beaucoup que ça peut poser problème. Je fouille dans mon bazar d'écharpes pour chercher la plus belle d'entre elle afin de bien présenter à l'enterrement. Un peu comme une fille le matin dans la salle de bain, mes essayages durent une éternité et je ne suis toujours pas content. Je laisse tomber et saisis mon écharpe habituelle, celle avec des couleurs douteuses, avec un noeud non défait et qui sent encore les derniers exploits du Racing, donc pas très frais. Le Racing ne m'en voudra pas, cela fait quelques années que lui n'est pas très beau non plus et je ne lui ai jamais rien dit.


And maybe we'll come back to earth, who can tell...


L'avant-match avec les amis ressemble à tous les autres entre blagues, sourires, bières plus fraiches que les chips. Sauf que je suis ailleurs, et pour une fois l'alcool n'y est pour rien. Je ne cesse de me dire que c'est la dernière fois. Sur le chemin qui mène au stade, j'ai l'impression que chacun de mes pas engouffre tous les éléments du paysage si familier, et détruit à jamais chaque élément de cette habitude. Je deviens une sorte d'Attila des souvenirs, mais plus urbain qu'herbeux.

Quelques voitures qui nous croisent klaxonnent en voyant nos couleurs, ça ressuscite, un peu. Une saucisse blanche comme repas du condamné plus tard, je me présente avec tous les autres anonymes de ce cortège funéraire vers l'entrée du stade. La fouille est plus que légère, pour la première fois je suis déçu. J'ai presque envie de dire au stadier qu'avec ma pièce de 1 euro je suis prêt à doubler son salaire pour qu'il recommence à me palper et surtout qu'il prenne son temps car c'est la dernière fois. Mais j'entre sans rien dire dans l'enceinte et dois me satisfaire de ces préliminaires bâclés.

Je regarde devant moi : putain que la Meinau est belle ! Putain de sirène, putain de naufrage. Mon regard est attiré par les escaliers qui mènent au kop. Au fur et à mesure que j'avance, ma vision se réduit petit à petit et se concentre vers le quart de virage nord-ouest. Je ne vois plus que les marches de l'échafaud qui m'appellent. Plus que la prise de poids, c'est la prise de conscience qui rend plus lourd chacun de mes pas. D'un coup, un sourire vient vers moi et m'éblouit d'un « Le kop est presque plein, dépêche-toi ! ». Une claque venue de nulle part me démonte le coeur, je me dépêche avec des frissons déjà plein le dos. J'entre dans le quart de virage à toute vitesse et je me prends une deuxième claque : je vois du bleu partout, des corps serrés les uns contre les autres et ces chants d'avant-match qui appellent au dernier combat pour les joueurs, pour le Racing, pour nous aussi.


I guess there is no one to blame, we're leaving ground...


L'entrée des pros se fait dans un moment d'émotion intense et le match est lancé comme la dernière charge avec comme seules armes tantôt l'énergie du coeur, tantôt l'énergie du désespoir. Pour la première fois de ma vie de passionné, je regarde constamment le tableau d'affichage avec ce paradoxe de vouloir retenir chaque minute qui ose changer à un rythme semble-t-il irrégulier, et celui de vouloir dans le même temps en finir une fois pour toute. Les négociations avec le temps n'avancent guère, chaque seconde nous rapproche de la fin, et pendant ce temps nos cordes vocales plient mais ne rompent pas.

Puis vient LE but. On ne sait pas de qui, on ne sait pas comment mais on le sait et on le ressent, c'est bien ça le principal. Les chants redoublent de force et d'émotions et cette fois-ci on ne retient plus le temps, qu'on en finisse, vite ! Les autres tribunes, belles de la mobilisation du public, chantent à l'unisson. Les passionnés et les joueurs ont su redonner les lettres de noblesse à cette passion qui ne s'achète pas et qui ne se vit pas à huis-clos que dans les esprits cocaïnés et immatures.


Will things ever be the same again? It's the final countdown !


L'arbitre siffle la fin officielle de la rencontre mais de notre côté rien ne s'arrête : tout n'est que chants, cris, sourires, larmes aussi, et surtout communion avec tout le peuple bleu. J'étais venu pour un adieu et je me retrouve à quitter le stade en lui soufflant à l'oreille « à bientôt ». Finalement, la vie du Racing restera jusqu'au bout un compte à rebours dans l'attente du dernier match de Guingamp, dans l'attente d'un repreneur, dans l'attente de la suite tout simplement. Les prochains rendez-vous nous feront cocher, chacun à notre manière, chaque jour qui nous rapproche de la prochaine échéance qu'elle soit positive ou inquiétante, mais tant qu'il y a des échéances, il y a la vie. J-6, J-5, J-4. Le nouveau compte à rebours du RCS est enclenché au rythme du battement du coeur de ses amoureux pour qui, plus que jamais le Racing... c'est d'la Bombe bébé !

id

Commentaires (11)

Commentaire

Ne sera pas affiché, mais uniquement utilisé pour afficher votre éventuel gravatar.

Enregistre dans un cookie vos informations pour ne plus avoir à les resaisir la prochaine fois.

Annuler

Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch
  • islay Geiss ©
  • il-vecchio Hein?? A 13h on mange! On ne passe pas d'exam! Verdammi la France n'est plus la France dans ce cas!
  • mediasoc si tu as ton brevet, le Racing risque de te recruter, attention
  • pando67 je suis en troisieme mdr je passe l'oral du brevet dans 2h
  • guigues hopla
  • il-vecchio Je pense au gamin en seconde qui explique les trois états de la matière simultanés au prof de physique-chimie.
  • il-vecchio et tu découvres 1) les trois états de la matière 2) les effets de la Hefeweizen
  • il-vecchio 'tin le matin, 30 secondes de Stamm avant de prendre le train
  • gibi68 Ou nous faire chanter
  • goldman Amir au Racing?? mdr il va chanté.??
  • murbleu Tout ça pour aller ch..r solide en écoutant les commentateur Amazon
  • takl amis de la poésie bonsoir
  • takl tu chies liquide/solide avec des gaz
  • takl ça c'est les chiottes le matin après trop de Hefeweizen
  • murbleu On a des gaz quand on prend un but de l'OL dans les arrêt de jeu
  • murbleu Comme quand on voit le Racing: on se liquifie quand on prend un but de Metz
  • murbleu voir diagramme de température - pression :)
  • murbleu liquide-solide-gaz
  • murbleu Il existe bien un point triple pour lequel une substance peuit se trouver en trois état simultanément
  • takl je crois que c'est impossible de bouillir et d'être en fusion en même temps mais je suis une quiche sidérale en physique

Mode fenêtre Archives