Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Cama chameleon

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Par zottel
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La main dans son giron ? © bad-boys11111.1

«Est-il con ?» disaient les Cahiers du Football de Laurent Blanc, après quatre ans de chômage. Si la reconversion de Pascal Camadini, elle, allait de soi, cette même question se doublerait de : «Pourquoi le Racing, pourquoi faire, pourquoi aujourd'h


Le Corse du Racing


Les débuts dans le football de Pascal Camadini, âgé aujourd'hui de 37 ans, se perdent dans les tréfonds d'internet. Tout au plus sait-on qu'il est né à Bastia, et qu'il a eu l'occasion un jour d'aider le jeune Thierry Henry, stagiaire comme lui à Clairefontaine, à faire ses devoirs. Ce qui ne rajeunit personne.

Doté d'un gabarit modeste (1,77 m et 67 kg), Camadini s'est spécialisé dans un registre de milieu polyvalent, plutôt porté vers l'avant et les passes de relais vers les attaquants (5 passes décisives en 159 matchs de championnat au Racing). Et aussi, très occasionnellement, buteur (5 buts en championnat au Racing).

Il fait ses débuts en L2, dans le club de sa ville natale, juste après le drame de Furiani (i.e. le 5 mai 1992, une tribune du stade Armand-Cesari s'effondre, causant la mort de 18 personnes tandis 2000 autres sont blessées). Le Sporting et son environnement sont durement affectés, mais se remet lentement : deux ans après, le club accède à la première division, après une saison pleine pour Camadini (41 matchs et 6 buts).

Si il n'a été globalement que l'homme de deux clubs, le Racing et le SC Bastia, Camadini a un peu bourlingué entre ses 23 et 27 ans ; à Perpignan (1995-96 ; 34 matchs, 7 buts), Lorient (1998-99 ; 32 matchs, 5 buts), et au FC Sion (1997-98 ; 27 matchs, 3 buts, dont sa première et unique expérience en Coupe d'Europe).

Mais aucun de ces clubs ne l'aura retenu longtemps. Pourquoi ? Il ne fait nul doute que le cadre de vie est une des priorités pour lui (avant même les questions d'argent : "je ne serai pas gourmand" dit-il concernant une éventuelle prolongation au Racing, 02-04-05). Et il est exigeant. On se souvient ainsi de départ avorté du Racing pour Le Mans, en 2004 : quelques heures après l'annonce de la signature, il revient sur sa décision après... avoir visité Le Mans avec son épouse. Et il re-signe au Racing dans la foulée.

Au total, ce ne sont pas moins de huit années que l'homme a passé en Alsace - sans pour autant être traître à sa Corse natale, qu'il n'a quittée qu'avec peine, et qu'il a retrouvée l'espace de deux ans entre 2005 et 2007 en affirmant qu'il n'aurait pu signer nul part ailleurs. Et lorsqu'il quitte à nouveau Bastia, c'est pour finir sa carrière à Strasbourg et - une nouvelle fois - nul par ailleurs.

Pourquoi Strasbourg, au fait ? Camadini n'a pas l'imagination d'un Morgan Schneiderlin ("...et je me retrouve dans un club [NdA: Southampton] avec des installations extraordinaires, à côté du port d'où est parti le Titanic"). Chez lui, pas d'évocation de la "ville européenne" ou encore de "la cité d'où est parti Robert Wurtz". Lors de ses rares interviews, il parle brièvement de la naissance de sa fille en Alsace, les amis, l'expérience heureuse du dépaysement - une pudeur qui n'est pas forcément la plus mauvaise preuve de sincérité, mais donne un peu de mystère au personnage.



Leader ou homme de l'ombre ?


Revenons-y, sur ce personnage.



Un quasi-inconnu du public


Huit années passées au Racing - très exactement 7 ans et 6 mois -, tout de même, il s'agit d'un des plus longs baux de l'histoire récente avec ceux de Yacine Abdessadki (8 ans et 4 mois) et Guillaume Lacour (7 ans et 8 mois). Pourtant, il n'est pas certain que le souvenir de Camadini ait imprégné la mémoire des supporters à la hauteur du temps passé ici.

La faute d'abord à un jeu plutôt sobre et réfléchi, à défaut d'être spectaculaire. Le football de "Cama" était mature quand il est arrivé au Racing, à 27 ans, et comme tout professionnel, il n'a cessé ensuite de l'épurer pour compenser le déclin physique.

Ceci étant, sa valeur footballistique pure ne fait pas forcément de lui un de ces joueurs qu'on retient. Il n'aura réellement été titulaire à part entière qu'avec Claude Le Roy (2000-01), Ivan Hasek (2002-03) et Jean-Pierre Papin (2007), pendant seulement six mois. Pour le reste, il était ce qu'on appelle "une solution intéressante" ou "une alternative". Ainsi, revenant lentement en grâce auprès d'Antoine Kambouaré, son statut régresse chez Jacky Duguépéroux qui l'avait dans un premier temps nommé "vice-capitaine" avec Mickaël Pagis. Mais sa seule vraie saison blanche est la dernière, sous la férule de Jean-Marc Furlan, où il était clairement en surnombre. Car certes, en dehors de cet épilogue, il n'y a globalement pas de quoi rougir de sa carrière et du temps passé au Racing : bon an mal an, l'éternel remplaçant n'a jamais abattu moins d'une vingtaine de matchs par saison.

Au fond, c'est peut-être tout simplement le caractère du Camadini qui le pousse à ne pas tant se mettre en avant. Avare d'interviews, il n'est pas non plus du genre à s'offusquer d'être remplaçant ; mis à l'écart par Jean-Marc Furlan en 2008, et convaincu qu'il se trompe, il ne songe pourtant pas à aller trouver l'entraîneur dans son bureau : "A quoi bon ?"

Le résultat ? Plutôt effacé dans les médias et sur le terrain, Camadini ne bénéficie pas image très forte à Strasbourg. D'après quelques témoignages, on se souvient même d'un homme distant, parfois hautain - ce qui ne rend pas forcément justice d'un garçon qui a choisi la région parmi d'autres, mais peut aussi correspondre tout simplement à une personnalité de taiseux. Et en Corse ? Pour le supporter de Bastia en 2005, c'est avant tout... un Corse, un des quelques footballeurs professionnels issu de l'île et qui ne renie rien, et aussi un footballeur accompli de 33 ans. Ajoutons à ça qu'il fut très utile à l'équipe pendant ses années bastiaises.

La vérité est sûrement quelque part entre le décalage culturel, un niveau de jeu moyen et la discrétion. Mais il y a plus : trop d'esprit et d'orgueil, peut être, pour jouer avec enthousiasme le rôle d'une créature des médias. Tous les Pascals corses ne s'appellent pas Olmeta.



Le sage


Car Pascal est quelqu'un d'intelligent : les journalistes sportifs, qui savent flairer le diplômé en puissance parmi les odeurs de vestiaire, le notaient souvent avec plaisir - non sans déplorer la parcimonie de sa parole. Et rapportaient à l'occasion les saillies qui émaillaient ses interviews, comme ce déménagement de la famille "et du poisson rouge", de Bastia à Strasbourg en 2007.

Plus sérieusement, on lui reconnaît une certaine hauteur vis-à-vis du fonctionnement du milieu ; c'est à dire, la versatilité des supporters, l'individualisme des coéquipiers toujours prêts à remettre l'unité de l'équipe en question. Il l'a dit et répété : si - comme n'importe qui - il aime les meilleurs côtés du football, l'ambiance des stades, des vestiaires, le salaire aussi - comme il l'a reconnu assez honnêtement, le sport... il affirme aussi peu lui feront regretter les "relations humaines qui [y] prévalent" (interview à l'Alsace, août 2008).

Qu'on ne s'y trompe pas pourtant : il n'y a pas chez lui de timidité ou de haine de son métier. Au contraire, Cama peut être un garçon plus impliqué que ne le laisse penser son dédain pour son image publique. Ainsi, sa récente allusion au fait qu'il fallait peut-être davantage "rentrer dedans" aux joueurs dénote le meneur d'hommes. En 2004-2005, alors qu'Antoine Kambouaré est encore entraîneur et que Camadini vit probablement sa meilleure période en tant que joueur (dans la foulée du mandat d'Ivan Hasek), Pascal Johansen le décrit carrément comme le vrai leader de l'équipe, le joueur le plus mature. Alors que le brassard allait officiellement à Christiant Bassila ou Cédric Kanté, Camadini était apparemment un de ceux dont les paroles comptaient.

Les méchants objecteront que l'équipe ainsi pilotée a réussi un des pires débuts de saison de l'histoire du Racing. Certains même se rappelleront que, d'après la rumeur, lors de ses débuts au Racing, les rapports de Cama avec Corentin Martins - icône incontestable du Racing - étaient très mauvais.

L'intermède à Bastia (2005-2007) confirme néanmoins son goût pour les responsabilités dans le vestiaire, et cette sagesse que lui reconnaissent ses pairs. Sans qu'il ne soit cependant possible d'en démêler le statut à part qu'y ont naturellement les joueurs nés du pays, tout comme au Racing.



Bel-ami


On ne serait pas complet sans évoquer la célèbre affaire judiciaire impliquant Pascal Camadini. C'était la si belle époque du président Pascal Proisy : alors que le FC Sion avait libéré gratuitement le joueur, le Racing avait dû le rémunérer deux millions de francs (300 000 euros), ainsi que son agent le douteux Gilbert Sau. Pascal Camadini a toujours nié les conclusions du procès, mais enfin, on laissera le juge seul juge. Qu'en penser sur le fond ? La pratique n'est certainement pas propre au Racing et au joueur, mais manque au minimum de classe. A moins qu'il ne s'agisse d'un montage "à la Le Roy" pour verser une banale prime de transfert promise et due au joueur, ce qui est sensiblement différent.

Reliquat de l'ère Proisy, inégalement apprécié, sur le plan sportif, par certains responsables (Jean-Marc Furlan, Jacky Duguépéroux, Marc Keller)... Pascal Camadini doit en fait d'entretenir encore de solides rapports avec le Racing à son amitié avec Philippe Ginestet. Dès 2005, alors que la question de la retraite se pose, Camadini parle de "monter une société" avec Ginestet (23-06-05). Et c'est son ami qui le fait revenir en 2007, en conditionnant ce retour à une reconversion au sein du club qui se fait toujours attendre - officiellement du moins.

Enfin, c'est bien sûr Philippe Ginestet qui vient de l'introniser "coordinateur sportif" (bénévole) dans le cadre d'un stage universitaire. Un titre mystérieux, de sinistre mémoire pour les détracteurs du précédent titulaire Ferhat Khirat - détracteurs qui comptent parmi eux Jean-Pierre Papin. Mais enfin ça y est, Cama's back.



En conclusion...


Il est finalement peu surprenant de voir aujourd'hui Pascal Camadini préparer des diplômes qui pourraient lui donner un jour une place éminente dans un club de foot. Et pourquoi pas, le Racing.

Faut-il s'en préoccuper ? Il y a peu de raison de douter de son attachement à la région et au club, pas plus que de son amitié sincère pour Philippe Ginestet. On peut quand même se méfier de la capacité de Ginestet à s'entourer des bonnes personnes au bon moment - au niveau auquel il a élevé la maladresse à ce sujet, c'en est même presque un don. Quant à Camadini, bien qu'il soit incontestablement fin et réfléchi, il n'est pour le reste pas facile à saisir et ne donne pas beaucoup de certitudes. Ne serait-ce qu'en termes de compétence ; il n'a encore que bien peu de références en dehors du terrain.

Quel sera le rôle exact de Cama ? On aurait pu interpréter son arrivée comme un demi-désaveu de Pascal Janin (déjà...). Mais sa contribution au domaine sportif semble, d'après les dernières déclarations, se cantonner à des fonctions qui n'étaient pas attribuées pour l'instant. Sous le titre clinquant de "coordinateur sportif", on devine l'envie de Philippe Ginestet de déléguer un maximum ses charges de président, comme il le souhaitait déjà en embauchant le bibelot Khirat, en élevant Jean-Marc Furlan au rang de "manager à l'anglaise" ou en se retirant carrément (et brièvement) cet été.

Mais attention ! Pascal Camadini ne sera pas que l'"oeil de Moscou", comme il l'a assuré en reprenant la plaisante expression utilisée sur le Stub. On ne peut qu'espérer, effectivement, qu'il soit davantage, les problèmes du Racing ne se limitant pas a priori à un défaut d'espionnage. Ni une carence en révolutions de palais.

Bref ; on n'y comprends rien, mais il y a intérêt à ce que ça coordonne dur. Dans les conditions actuelles, bon courage et bienvenue à tous ceux qui rejoignent encore la galère Racing. Mais surtout : réussissez !

zottel

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Stammtisch
  • tenseur Ça ne passera pas chaque année
  • tenseur Notre maintien très probable tiens du miracle, tant le niveau du racing à été souvent décevant
  • titof67 Un joueur à 24 ans voir 26 peux déjà aider mais pas que des jeunes de 19 ans
  • takl +1000 pour le patriarcat
  • takl je vous laisse deviner à quel niveau je place l'instinct
  • takl si déjà on fait les trucs sans réfléchir, autant se laisser guider par l'instinct.
  • takl J'espère qu'on fera surtout avec ni tête
  • takl :)
  • lamazonienbleu Espérons qu'on construise avec cette base et qu il n'y ait pas un énorme chamboulement sans queue ni tête
  • lamazonienbleu Il y aura de nouveaux jeunes, espérons qu ils soient choisis aux bons postes et qu ils soient bons
  • lamazonienbleu Perso les joueurs d expérience je n y crois pas...
  • titof67 Pour moi il faut un joueur d'expérience par ligne. Et un gardien d'au moins 24 ans avec de la bouteille
  • tenseur En effet *
  • tenseur En effer
  • lamazonienbleu Curieux de voir le vrai sens du projet cet été
  • lamazonienbleu Pourtant il y une base de joueurs pour faire une très belle équipe aussi
  • lamazonienbleu Une meinau qui gronde et se vide.... Et tu deviens vite Troyes
  • lamazonienbleu Le départ des derniers vieux, des arrivées de nouveaux gamins sans cohérence sportive
  • lamazonienbleu Faudrait pas grand chose pour que ça s ecroule
  • tempest La chance du racing est qu'actuellement les clubs promus de L2 sont tous plus ou moins des canard boîteux

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