Arnaud Maire, l'élu ?

Une défense Emmenthal*

(* Contrairement à une idée trop solidement reçue, le Gruyère n'a pas de trous)

C'est l'un des faits marquants de ce début de saison. Si le secteur offensif - emmené par un Magaye Gueye en pleine bourre du haut de ses 19 ans - ne se porte pas trop mal avec une deuxième place au classement, la défense est en revanche d'une faiblesse rarement vue du côté de la Meinau, dans la lignée de celle de la saison dernière. Résultat, avec déjà 10 buts encaissés (un record), le Racing ne pointe qu'à une inquiétante 18ème place au général. Sur le papier, les Jean-Alain Fanchone, Milovan Sikimic, Steven Pelé et Stéphane Pichot forment pourtant un secteur assez prometteur. Mais entre les méformes, le manque de condition physique ou simplement la lenteur de la charnière centrale, les 4 hommes sont au coeur de toutes critiques, des supporters, mais aussi de Pascal Janin himself: « J'ai rarement vu une défense qui contrôlait aussi peu le match et le jeu. On est débordés sur des situations basiques. Franchement, on peut se dire parfois que c'est trop gros pour être vrai » (Dernières nouvelles d'Alsace du 30 août). Pour Steven Pelé également, le constat est implacable, « ce qui est sûr, c'est qu'avec deux buts encaissés par match, tu ne peux pas aller loin. Pour l'instant, la mayonnaise n'a pas pris » (L'Alsace du 30 août).

Par conséquent, et en cette fin de période de mercato estival, la priorité va évidemment au bouclage des dossiers de « deux défenseurs et d'un attaquant ». Si le constat est facile, la réalisation l'est beaucoup moins, qui plus est avec un budget plus que serré. Ainsi, la presse s'est fait l'écho de nombreux noms, mais aucun aucune de ces pistes ne s'est concrétisé. Entre le refus des clubs (Ibrahim Tall, Lamine Gassama), les prétentions salariales trop élevées (Radhi Jaïdi, Dianbobo Baldé) ou les rumeurs fantaisistes, le Racing ne voyait rien venir en cette fin août. C'est ainsi que suite à une proposition de Pascal Camadini, ancien bastiais et proche de Philippe Ginestet, Arnaud Maire, solide défenseur de 30 ans, s'est imposé comme la meilleure solution pour compléter la défense alsacienne.

Maire, la rustine idéal ?

Né à Besançon le 6 mars 1979, Arnaud Maire est formé dans le club de sa ville natale et débute dans l'équipe fanion en 2000. En National, le défenseur central jouera 12 rencontres au cours de sa première saison, avant de s'imposer comme un titulaire indiscutable l'année suivante. En 2003, sous les ordres de Stéphane Paille, il parvient même à remporter le championnat et à accéder à la L2. Une saison à l'échelon supérieur qui se solda par une descente immédiate. Il tenta l'opération remontée immédiate avec le club bisontin mais échoua dans sa quête. En fin de contrat, et après 5 saisons et 141 matchs (4 buts), Maire se retrouve en fin de contrat et est contraint de s'entraîner seul. Sur les conseils de son ex-coéquipier David Sauget, alors à Bastia, il effectue un essai qui s'avérera concluant sur l'île de beauté. Rapidement, il s'installe comme titulaire, aux côtés de l'éxpérimenté Florent Laville. Durant ses deux premières saisons, ses performances attisent les convoitises de clubs de L1 et de L2, mais le joueur préfère rester en Corse et prolonger pour deux saisons supplémentaires.

La saison 2007/2008 sera plus difficile avec la retraite de Laville, la mise en concurrence avec le poète Medhi Meniri et le local Grégory Lorenzi, ainsi que des pépins physiques. Maire ne dispute que 20 rencontres, sans réellement convaincre. A l'intersaison, Bernard Casoni, estimant qu'il avait insuffisamment progressé, le place sur la liste des transferts. Une décision probablement destinée à le faire réagir, qui portera ses fruits. Le bisontin parviendra à revenir à son niveau, et à réintégrer l'équipe première. Malgré ses performances et ses qualités humaines reconnues, son contrat n'est pas prolongé. Retour par la case chômage donc. Mais cette fois-ci, il participe durant l'été aux stages UNFP réservés aux joueurs sans club. « C'était un cadeau, une opportunité de faire une vraie préparation. Mais les clubs perçoivent ces stages comme un refuge pour les joueurs au fond du trou. Du coup, ils hésitent. Certains se montrent intéressés, mais les offres n'arrivent pas » (L'Alsace du 28 août)

Et pourtant, des offres arriveront pour lui, de Chypre mais aussi de Strasbourg, offre qui se concrétisera finalement en cette toute fin de mercato. Le Racing qui, pour lui, représente « un challenge sportif vraiment intéressant. Pour la première fois, je retrouve un club qui a les structures de ceux de la L1. C'est une bonne évolution pour moi » (Dernières Nouvelles d'Alsace du 31 août).

Espérons que le Racing pourra bénéficier de l'expérience et la solidité d'Arnaud Maire pour renforcer sa défense.