Le Racing outragé ! Le Racing martyrisé !

Les Racingmen ? Ils ressemblent à des soldats sans armes; à quoi peut leur servir de se lever matin, eux qu'on retrouve au soir, désoeuvrés, incertains ? Il n'y a pas d'amour heureux, disait Aragon qui supportait déjà le Racing avant de traîner sur le stub.

Le début de match ressemble à ce qu'on appelle pudiquement un « round d'observation », pour meubler entre les questions SMS. Saisie d'une prudence étonnante, l'équipe qui ne voulait pas qu'on lui "marche sur la gueule" joue comme elle répéterait des katas aux quatre coins du terrain. On fait des passes distraitement, sans enthousiasme excessif, qui filent parfois à de longs mètres du joueur décalé. La récupération manque de pêche, la défense regarde les évènements...

Le Racing est peut-être plus faible qu'il n'y paraissait sur le papier: le meneur est un Marcos Dos Santos de retour de convalescence ; à gauche, Mamadou Dioulde Bah enchaîne un nouveau match à un poste qui n'est pas le sien ; Renaud Cohade est limité physiquement. En défense centrale, le grand Steven Pelé n'est pas là.

Cette sublime entame semble donner de la confiance aux Boulonnais - on les comprend un peu - qui sont les premiers à oser se lancer. On déborde, on cherche Thil, qui a des jambes et une jolie frappe. Après avoir trouvé le petit filet, il est à la reprise d'un ballon mal bloqué par Stéphane Cassard, et marque le premier but ! Cohade est au départ de l'action, si l'on peut dire, en donnant un très bon ballon de contre aux Boulonnais sur le coup franc précédent...

En face, on attend vainement la première accélération collective et décidée du Racing. Boulogne ne force pourtant pas son talent, et sur un horrible cafouillage où ni Cohade, ni Marcos ne se décident à frapper, l'obstacle ne semble pas insurmontable. Par contre, c'est la panique au Racing à la moindre incursion des adversaires ; sur un mauvais renvoi, Grégory Paisley n'est pas loin d'offrir un deuxième but. Il faut dire qu'outre les éclopés du soir, Guillaume Lacour est pour une fois calamiteux, Bah joue à l'envers, Marcos n'aura pas fait la moindre passe intéressante: toute l'équipe joue à l'unisson. Les mots manquent pour décrire ce non-jeu.

En deuxième mi-temps, le Racing connaît une période de mieux - durant quelques 20 minutes : Jean-Alain Fanchone, ou encore Zoltan Szelesi tentent de relever la tête. Le Racing presse davantage, et Ducrocq ou Paisley signent globalement une période légèrement meilleure que la première. Mais il semble aussi que les Boulonnais ont baissé de rythme, et ce sont deux équipes qui rivalisent maintenant de passes loupées et placements hasardeux. L'égalisation semble bien à la portée d'une équipe un peu plus appliquée, mais le Racing n'y parviendra pas.

Le match se poursuit et se termine donc comme il avait commencé. Le Racing est sans idée, désuni (J. Fanchone ou Yassine Bezzaz, qui remplace Marcos, prennent leur chance en solo, largement à côté), tire des coup-francs inoffensifs. Les contres boulonnais sont toujours aussi dangereux. Le jeune David Ledy, entré à la place de Bah, aura, comme au match précédent, une jolie occasion mais frappe trop mollement - décidément... Enfin, l'entrée de Rômulo Marques Antonelli à la place de Kandia Traoré permet d'affirmer qu'il est valide, mais il n'aura pas le temps de toucher un ballon, excepté sur un cafouillage de Boulogne qui aurait pu faire un but un autre jour.

Que s'est-il passé à Boulogne ? Footballistiquement rien du tout. Pour le reste le Racing a perdu un match crucial pour la montée, et Montpellier se porte plutôt bien en revanche. Bien malin qui peut prédire si c'est le Racing solidaire et déterminé, celui d'Amiens, que l'on va voir ces prochains matchs, et si la montée est au bout. Mais si c'est celui de ce soir, il n'y a rien à espérer.