Le bon cru du Président

De 1989 à 2000, tour du monde en 97 sélections, d'un match nul contre l'Eire à un match nul contre l'Angleterre, Laurent Blanc aura été de toutes les aventures et mésaventures de l'Equipe de France, voulant même renoncer à l'équipe de France après le coup de Trafalgar bulgare ! Trois campagnes mondiales, France-Chypre, France-Bulgarie, déceptions et finalement France-Brésil : consécration ! Trois campagnes européennes, Danemark-France, République Tchèque-France et finalement ? Consécration, bien sûr ! France-Italie pour un dernier match officiel sous ce maillot bleu étoilé, un peu, beaucoup, grâce à lui... Un but de Trezeguet pour finir une carrière internationale en apothéose...

Mais revenons deux ans en arrière. France-Paraguay, à Lens, 1/8ème de finale de coupe du Monde, de LA coupe du Monde. Voilà 113 minutes que les tentatives de nos Bleus, qui assiègent sans discontinuer les cages d'une accrocheuse équipe du Paraguay, terminent systématiquement dans les bras d'un Chila encore vert mais déjà bien en chair, Goliath devant lequel Robert Pirès a compris qu'il n'y avait pas que son jeu qui demandait à être musclé. Djorkaeff, Trezeguet... Tout le monde a tenté sa chance et l'on se dirige résolument vers les tirs au but. Mais voilà que, sur un centre de Robert Pirès, David Trezeguet, dos au but, est bien inspiré de piquer sa tête vers la gauche et... Mais tout le monde s'en souvient de ce but en or, non ? Le « Président » sera privé d'une finale qui se jouera déjà sur la tête de Zidane, la faute au dénommé Slaven Bilic, l'actuel sélectionneur croate. Qu'importe puisque l'affront sera lavé deux ans plus tard...

En club, Laurent Blanc, défenseur-buteur, milieu offensif reconverti libéro, a pas mal bourlingué, testant tour à tour tous les principaux grands championnats d'Europe et quelques clubs français, laissant partout un excellent souvenir, celui d'un « grand monsieur ». Il participe aux grandes heures de son club formateur, Montpellier, avant de rejoindre Naples, nouvellement orpheline de Maradona. Aventure éphémère puisqu'il retrouve la France dès la saison suivante, une saison dans sa ville natale de Nîmes, deux chez les Verts de Saint-Etienne avant de rejoindre Guy Roux pour la consécration auxerroise : doublé coupe-championnat en 1996. De belles performances qui lui valent de rejoindre le Barca qu'il quittera pour l'Olympique de Marseille après un an seulement mais non sans avoir raflé une Coupe des Coupes et la Coupe du Roi. Avec Marseille il sera finaliste malheureux de la coupe de l'UEFA ; en disgrâce du côté de l'OM qui s'en mordra les doigts, Laurent Blanc n'en a pas pour autant terminé avec les grands d'Europe, lui qui passera encore quatre saisons à l'Inter de Milan (1999-2001) puis à Manchester United (2001-2003), disputant au passage une demi-finale de Ligue des Champions, avant de raccrocher définitivement les crampons sur un titre de champion d'Angleterre.

De Laurent Blanc on se souvient les 1m92, les montées rageuses, le signe de croix en entrant sur le terrain, le bisou sur le big mac de Barthez ou les chaussettes à mi-mollet...

Et bien, il faudra s'habituer à le voir, lunettes sur le nez et sucette au coin des lèvres, arpenter la touche des terrains du haut niveau, parce que c'est parti, et bien parti, pour durer ! Pour sa première expérience en tant qu'entraîneur, l'ancien libéro des Bleus, inexpérimenté, mais bien assisté, il est vrai, par Jean-Louis Gasset, s'apprête en effet à relever avec succès son premier défi, à savoir qualifier les Girondins pour la Ligue des Champions titillant au passage un Lyon toujours intouchable.

Maintenant, on aura un autre champion du Monde à citer après Deschamps, s'agissant du poste de sélectionneur national...