Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Légende : Antoine Schmitt

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Par conan
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Histoire de l'ange blond de la Meinau, peut-être le plus grand talent pur qu'ait connu le Racing.

Comme un signe, la naissance d'Antoine Schmitt est marquée du sceau du miracle. Février 1945, le troisième Reich vit ses derniers mois mais refuse d'abdiquer face à l'avance des alliés. Les combats font rage à Colmar, sorte de Stalingrad version alsacienne. C'est au milieu des ruines, des bombes et de la mort que naquit Antoine Schmitt, dans un lieu et une époque ou il était plus question de survie qu'autre chose...

La guerre enfin terminée, son père pu enfin reprendre son poste d'instituteur, un instituteur à l'ancienne, un notable du village rude, sévère et profondément anticlérical. Dès les premières années de sa vie, Jules Ferry, Jean Jaurès et Victor Hugo furent sans nulle doute les premières muses du petit Antoine. Cela explique notamment son goût pour la poésie et le militantisme dont il fit preuve notamment lors de Mai 68.

Son père fut muté en Algérie, alors département Français, et c'est sous le soleil de Sidi Bel Abbès qu'Antoine Schmitt passa l'essentiel de sa jeunesse, loin de son Alsace natale. Très vite, dans son quartier, sa frimousse blonde se fit remarquer lors des interminables parties de football que se livraient les gamins sous le soleil d'Afrique du Nord. Une technique et une vitesse hors du commun étaient les caractéristiques de ce pur enfant du football des rues rêvant que d'une chose, rejoindre le championnat métropolitain pour imiter ses idoles de l'équipe de France Just Fontaine et l'Alsacien Raymond Kaelbel. C'est d'ailleurs aujourd'hui avec émotion qu'Antoine Schmitt raconte avoir suivi la fantastique demi finale de la Coupe du Monde 1958 opposant l'équipe de France au Brésil de Pelé et Garrincha devant la vitrine d'une boutique de postes de télévison....

Mais, une fois encore, la guerre et l'histoire allaient faire basculer le destin d'Antoine Schmitt. L'Algérie devient indépendante dans le sang et des centaines de milliers de pieds noirs sont forcés de quitter le pays. La famille Schmitt fit partie de ces réfugiés entassés sur des bateaux et débarquant à Marseille en 1962. Elle rejoint ses proches dans l'Alsace natale... Antoine Schmitt avait alors 17 ans, un talent absolument incroyable, mais était alors un parfait inconnu dans son pays. Si très vite, les recruteurs du Racing remarquèrent le grand potentiel de ce joueur, on ne peut pas dire qu'ils crurent véritablement au talent du blondinet de Sidi Bel Abbès qui ne pratiqua son art que dans les équipes amateurs dans un premier temps. Pourtant, sa chance, il l'aura à l'age de 19 ans dans des circonstances très sulfureuses. Auteur d'un exploit à la Meinau en gagnant 2-0 contre le Milan AC en Coupe des villes de foire, le Racing devait tenir ce résultat dans l'enfer de San Siro. Paul Frantz, devant une avalanche de forfaits au poste d'ailier, lance ce jeune débutant dans le grand bain. Le résultat dépasse toutes les espérances, et Antoine Schmitt, plein de culot, rend véritablement fou son vis à vis qui n'est autre que le grand Cesare Maldini. Le Racing se qualifie en ne perdant que 1-0 et la prestation du petit blondinet Alsacien laisse sans voix les journalistes et observateurs, la Gazetta del'o Sport n'hésitant pas à le comparer à Garrincha au niveau du style de jeu...

A même pas 20 ans, Antoine Schmitt est un phénomène et contribue pleinement au bon parcours du Racing, tant en Championnat qu'en Coupe d'Europe, livrant une prestation de tout premier ordre au Camp Nou et atteignant sans doute le sommet de son art face au FC Bâle. Les défenseurs suisses se souviennent encore du feu follet qui leur a tout fait à la Meinau lors d'une splendide victoire 5-2 ! Malheureusement, le phénomène, victime d'une grosse entorse au genou ne sera pas de la fin de saison 64-65 que le Racing acheva sur les rotules, laissant passer le titre lors des dernières journées et se noyant à la Meinau face aux terribles Anglais de Manchester United...

Sur pieds au début de la saison 65/66, Antoine Schmitt effectue un début de saison prodigieux, début de saison qui lui ouvre tout grand les portes de l'équipe de France. Comme au Racing, sa première apparition sous le maillot frappé du coq fut une rencontre des plus importantes : la France affrontait la Yougoslavie qu'elle devait absolument battre pour jouer la Coupe du monde 1966 en Angleterre. Antoine Schmitt fut à la hauteur, car c'est lui qui délivra au Nantais Philippe Gondet la passe décisive sur le but qui envoya la France à la Coupe du Monde ! 8 ans après avoir rêvé devant le marchand de téléviseurs, Antoine Schmitt allait à son tour porter le maillot de Fontaine et Kaelbel ! Hélas, un destin cruel allait frapper le plus grand espoir du football français... 4 jours à peine après sa première sélection, Antoine traversa la rue menant à son domicile. Il n'avait pas vu une voiture folle débouler à toute allure et fut violemment renversé. Dans le coma durant près de trois semaines, Antoine Schmitt échappa de peu à la mort. Mais à l'image de ses jambes et de sa vie, ses jambes furent brisées en mille morceaux... Il n'était alors plus question de football de haut niveau, il s'agissait simplement d'apprendre à remarcher. Pourtant, Antoine n'abdiqua pas dans un premier temps, et il se rétablit avec beaucoup de courage dans le travail de rééducation. Hélas les médecins le déclarèrent définitivement inapte à la pratique du football...

Tout ce travail pour rien... Privé de sa passion, Antoine Schmitt, alors qu'il n'avait qu'à peine 22 ans sombra dans une grande dépression. On le dit alcoolique et même drogué. Ses cheveux ont poussé et il sympathisa avec des écologistes et des anarchistes. Sa vie est désormais vouée à l'activisme, au militantisme pour la fin de la guerre au Viet Nam. Mai 68 sera le point culminant de cette sombre période, il fut en effet en première ligne pour jeter des pavés. Il fut même arrêté et mis en garde à vue !

Pourtant, c'est à cette époque que le garçon rencontra Florence, qui deviendra son épouse et apaisa son âme en peine. C'est elle qui le convainc en 1969 de délaisser Woodstock et les autres festivals musicaux pour retourner sur les terrains de football. Bien sûr, plus à haut niveau, mais sur les petits terrains champêtres des championnats amateurs. C'est sous le maillot du petit club de Barr qu'il commença a retâter le ballon, un petit miracle en soit quand on connaissait son état médical 4 ans plus tôt. Bien sur, le physique n'est plus là, Antoine, qui boitait déjà en marchant, n'étaient plus capables des arabesques et démarrages foudroyants qui avaient fait sa célébrité. Ne parlons même pas de ses 20 kilos superflus, prix d'une longue période d'inactivité. Pourtant le toucher de balle, l'inspiration, les gestes techniques, en définitive le talent, ces qualités étaient toujours là, elles lui permirent de survoler son sujet et de se rappeler au bon souvenir des dirigeants du Racing.

C'est Paco Matéo qui en 1970 lui proposa de réintégrer son club de toujours. Pas question alors d'intégrer l'équipe Une, mais d'encadrer les jeunes des équipes réserve et leur faire profiter de son expérience (un comble à seulement 25 ans !) . Les débuts sont très difficiles, la réserve du Racing étant une toute autre histoire que l'équipe de Barr... Mais Antoine Schmitt serre les dents, retrouvant toute sa rage de vaincre qui lui avait jadis permit de porter le maillot de l'équipe de France. Cette rage fut accrue par le désir de faire mentir ce médecin qui l'avait déclaré inapte à jamais à la pratique du football. Tout simplement, il s'agissait pour lui de prendre une revanche sur la vie. Ses efforts furent longs, mais enfin récompensés à la fin de la saison 71/72, Lorsqu'il rentra en fin de match face à Angoulême pour le compte de l'avant dernière journée. Le public de la Meinau fit une longue ovation pour ce véritable miracle. Antoine Schmitt fut désormais à classer dans la catégorie des mystères de la science, il jouait de nouveau sous le maillot d'un club de D1 !

Malgré un physique fragile et de nombreuses petites blessures, le miracle se poursuivit durant deux saisons. En 72/73, son entente avec Marco Molitor fit des ravages sur les terrains de D2. L'année suivante, il parvint à faire oublier l'étoile filante Libuda. Stephan Kovacs, le sélectionneur de l'équipe de France, l'appela même dans le groupe qui devait affronter l'URSS pour le compte des éliminatoires de la Coupe du Monde. Malheureusement, Antoine ne joua pas cette rencontre et n'eut donc pas l'honneur d'inaugurer le tout nouveau Parc des Princes. Que cela ne tienne, le bonheur était tout autre pour lui, il résultait du simple fait de rejouer au football tous les week end et de régaler le public de la Meinau de ses dribbles et facéties...

Les saisons suivantes, marquées sous le sceau de la médiocrité pour le Racing, furent plus difficiles. Souvent blessé, Antoine Schmitt ne put rien pour sauver le club d'une nouvelle relégation. Mais Elek Schwartz compta encore sur l'ange blond de la Meinau en D2 ou ses (trop rares) associations avec le génie Ivica Osim firent des merveilles et contribuèrent à la remontée du Racing. Ce fut là sa dernière année au Racing, il décida à 31 ans de prendre du recul avec le football de haut niveau... Il signa un contrat amateur avec le FC Mulhouse, pour s'amuser dans un premier temps. Puis, le club Haut Rhinois connu les délices de l'ambition sportive et gravit tous les échelons. Antoine Schmitt ne fut pas étranger à cette progression et connu la consécration en 1983 avec la montée en D1 de Mulhouse ! Il avait alors 38 ans et décida sur cet exploit de quitter définitivement le monde du football.

Aujourd'hui Antoine Schmitt a coupé les ponts avec le monde du football. Il coule une retraite paisible près de Colmar en compagnie de Florence et s'adonne a sa nouvelle passion, la peinture. Il ne se reconnaît plus du tout dans la philosophie du football business, conception qu'il ne manque pas de critiquer lors de ses très rares, mais acides déclarations publiques. Patrick Proisy parla de lui intenter un procès en diffamation lorsqu'il se moqua ouvertement de sa gestion du Racing en 2001 dans les colonnes de L'Alsace... Mais Antoine Schmitt en a désormais cure de ces remues ménages. Il laisse couler la vie et se souvient de son parcours atypique et incroyable...


NB : Antoine Schmitt n'existe pas. Cette légende a été rédigée à l'occasion du 1er avril 2005.

conan

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  • titof67 Un joueur à 24 ans voir 26 peux déjà aider mais pas que des jeunes de 19 ans
  • takl +1000 pour le patriarcat
  • takl je vous laisse deviner à quel niveau je place l'instinct
  • takl si déjà on fait les trucs sans réfléchir, autant se laisser guider par l'instinct.
  • takl J'espère qu'on fera surtout avec ni tête
  • takl :)
  • lamazonienbleu Espérons qu'on construise avec cette base et qu il n'y ait pas un énorme chamboulement sans queue ni tête
  • lamazonienbleu Il y aura de nouveaux jeunes, espérons qu ils soient choisis aux bons postes et qu ils soient bons
  • lamazonienbleu Perso les joueurs d expérience je n y crois pas...
  • titof67 Pour moi il faut un joueur d'expérience par ligne. Et un gardien d'au moins 24 ans avec de la bouteille
  • tenseur En effet *
  • tenseur En effer
  • lamazonienbleu Curieux de voir le vrai sens du projet cet été
  • lamazonienbleu Pourtant il y une base de joueurs pour faire une très belle équipe aussi
  • lamazonienbleu Une meinau qui gronde et se vide.... Et tu deviens vite Troyes
  • lamazonienbleu Le départ des derniers vieux, des arrivées de nouveaux gamins sans cohérence sportive
  • lamazonienbleu Faudrait pas grand chose pour que ça s ecroule
  • tempest La chance du racing est qu'actuellement les clubs promus de L2 sont tous plus ou moins des canard boîteux
  • arthas Encore un été d'enfer à la Meinau en vue, comme dirait Schilles
  • arthas Sans oublier le chantier qui va commencer à impacter le nombre de places peut-être

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