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Alors que début octobre 2006 le Racing s'apprête à fêter son centenaire, Claude Le Roy et Patrick Proisy sont invités à s'expliquer devant la police sur leur contribution à l'Histoire du club. Deux jours d'interrogatoire pour une plongée en eaux t
Poli Jean-Baptiste, le prophète
« Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et tu verras bientôt le cadavre de ton ennemi passer ». Dans d'autres circonstances, Claude Le Roy n'aurait certainement pas renié ce type d'envolée lyrique que l'on doit en l'occurrence à Lao Tseu. Mais en ce mardi 26 septembre 2006 il est fort peu probable que l'ancien manager et entraîneur du Racing ait eu l'occasion de se répandre en bonnes formules devant les enquêteurs de la SRPJ de Strasbourg.
En effet l'enquête instruite depuis 2003 par le juge Jean-Baptiste Poli sur les transferts suspects du Racing prend un coup d'accélérateur brutal en ce début d'automne, où pas moins de 30 policiers interrogent séparément et simultanément 6 suspects pendant 48 heures. Parmi eux se trouvent Patrick Proisy et Claude Le Roy.
L'Equipe Magazine daté du 9 décembre dernier nous permet d'en savoir plus sur cette garde à vue au cours de laquelle les enquêteurs ont évoqué dans le détail les commissions illégales versées à différents agents, les factures injustifiées payés par le club ou encore les rétrocessions d'argent lors de différents transferts effectués par le Racing.
Racing vache à lait
L'enquête a d'abord permis d'établir que deux sociétés d'agents basées en Suisse étaient à Strasbourg comme des poissons dans l'eau : Planet's Player appartenant à Gilbert Sau et Team Consult de Nicolas Geiger, qui, à l'occasion de plusieurs transferts, facturèrent au Racing des commissions dont les montants apparaissent « extravagants » aux enquêteurs, « injustifiés » et/ou « détournées » au profit de personnes extérieures aux transactions.
C'est ainsi qu'au cours des transferts de Fischer, Marsiglia, Pedersen, Beye, Bagayoko, Camadini, Camara, N'Janka, N'Do, Hemdani et Luyindula, le Racing aurait dépensé un total de près de 20 millions de francs en commissions injustifiées pour le compte de ces agents de joueurs (Gilbert Sau, Nicolas Geiger mais aussi Stéphane Courbis).
Qui Per gagne ?
L'opération financière qui déclencha toute l'affaire est le versement par Strasbourg de 175 000 francs - dont une partie en espèces - à Per Pedersen (joueur danois acheté 7,5 MF à Blackburn 6 mois auparavant et dont les performances furent désastreuses) pour qu'il accepte de quitter rapidement le club. Les enquêteurs ont pu établir que Claude Le Roy avait pleinement connaissance de cette opération tout comme celle du transfert nébuleux de Gonzalo Belloso au cours duquel le Racing déboursa une plus-value injustifiée de 1,2 millions de dollars pour le compte d'une société basée aux Bahamas.
11 transferts suspects
Au total ce ne sont pas moins de 11 transferts effectués entre 1998 et 2003 qui semblent entachés d'illégalités, parmi lesquels on retrouve ceux concernant plusieurs joueurs venus d'Afrique, continent dont Claude Le Roy est un des plus grands défenseurs médiatiques.
Dans les faits, l'enquête démontre que l'ancien sélectionneur du Cameroun a profité de la naïveté de Pierre N'Janka et de Joseph N'Do pour réaliser d'importantes opérations financières à leur détriment.
Pire encore, le Racing déboursa en 1999 près de 2,5 millions de francs pour l'achat d'Henri Camara, joueur qui ne portera jamais le maillot alsacien (à cause d'un quota de joueurs hors CEE mal maîtrisé par les dirigeants) et dont le transfert fut finalement annulé en raison de commissions occultes versées à la société Team Consult : le Racing n'a jamais récupéré l'argent de ce transfert.
Proisy, l'arroseur arrosé
L'enquête fait aussi toute la lumière sur le départ de Pegguy Luyindula à Lyon en août 2001, seul transfert où Claude Le Roy n'est pas mis en cause (il fut licencié 9 mois auparavant) au contraire de la société IMG dont la double casquette (propriétaire du Racing et agent de joueurs via sa filière britannique) est dénoncée par les enquêteurs.
Au cours de ce transfert entaché de plusieurs irrégularités, les dirigeants du Racing sont allés jusqu'à antidater un document dans le but de réduire la plus-value due à Niort, le club formateur de Luyindula. Opération qu'a admis Patrick Proisy devant les enquêteurs, ces derniers lui apprenant à cette occasion qu'IMG avait réalisé différentes transactions frauduleuses à l'insu de celui qui était encore président du Racing.
Camadini, trempé jusqu'au cou
Enfin, parmi ces transferts suivis de près par la justice, l'un concerne un joueur de l'effectif actuel du Racing : Pascal Camadini. Arrivé gratuitement en 1999 de Sion, 5 millions de francs sont cependant dépensées frauduleusement par le Racing à destination de l'agent du joueur (Gilbert Sau qui obtient 3 millions) et de Pascal Camadini lui-même à hauteur de 2 millions de francs, même si ce dernier conteste la version pourtant étayée des enquêteurs.
Le sourcier et la cruche
Au cours de leur garde à vue, Le Roy et Proisy, les deux ex-amis de trente ans, n'ont cessé de se renvoyer la balle. Si Claude Le Roy affirme que rien n'était fait sans l'aval du président, ce dernier jure que toutes les négociations étaient uniquement menées par le manager du club.
A la lecture de ce dossier de l'Equipe Magazine, Patrick Proisy apparaît au final tel qu'on pouvait l'imaginer : naïf, absent, procédurier, sans envergure. Lui tout comme Claude Le Roy - dont la défense sans réels arguments s'est effritée au fil de l'interrogatoire - sont désormais mis en examen pour « abus de biens sociaux, faux et usage de faux ».
100 MF liquidés en 7 ans
Tandis que les enquêteurs poursuivent encore leurs investigations un peu partout dans le monde, dans les diverses contrées où l'argent du club a été gaspillé (100 millions de francs selon un audit commandé par la ville), les conclusions de la police judiciaire devraient aboutir à la tenue d'un procès dans un futur proche.
Il n'y sera bien sûr que très peu question de foot. Personne ne s'y demandera comment un club parmi les meilleurs en 1997 a pu se séparer d'un Vencel pour un Chilavert ou d'un Martins pour un Garay. A ce probable procès, on ne parlera que comptes en banque et gros sous autour d'un club qui a bien failli disparaître au printemps 2003, croulant sous un déficit de 12 millions d'euros.
Mais peu importe finalement. Bien que beaucoup d'eau ait déjà coulé sous les ponts, si la suite de l'enquête policière confirme les premières conclusions présentées samedi dernier, ni Patrick Proisy, ni Claude Le Roy ne pourront rien contre la force du courant.
Il sera alors temps de s'asseoir au bord de la rivière.
« Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et tu verras bientôt le cadavre de ton ennemi passer ». Dans d'autres circonstances, Claude Le Roy n'aurait certainement pas renié ce type d'envolée lyrique que l'on doit en l'occurrence à Lao Tseu. Mais en ce mardi 26 septembre 2006 il est fort peu probable que l'ancien manager et entraîneur du Racing ait eu l'occasion de se répandre en bonnes formules devant les enquêteurs de la SRPJ de Strasbourg.
En effet l'enquête instruite depuis 2003 par le juge Jean-Baptiste Poli sur les transferts suspects du Racing prend un coup d'accélérateur brutal en ce début d'automne, où pas moins de 30 policiers interrogent séparément et simultanément 6 suspects pendant 48 heures. Parmi eux se trouvent Patrick Proisy et Claude Le Roy.
L'Equipe Magazine daté du 9 décembre dernier nous permet d'en savoir plus sur cette garde à vue au cours de laquelle les enquêteurs ont évoqué dans le détail les commissions illégales versées à différents agents, les factures injustifiées payés par le club ou encore les rétrocessions d'argent lors de différents transferts effectués par le Racing.
Racing vache à lait
L'enquête a d'abord permis d'établir que deux sociétés d'agents basées en Suisse étaient à Strasbourg comme des poissons dans l'eau : Planet's Player appartenant à Gilbert Sau et Team Consult de Nicolas Geiger, qui, à l'occasion de plusieurs transferts, facturèrent au Racing des commissions dont les montants apparaissent « extravagants » aux enquêteurs, « injustifiés » et/ou « détournées » au profit de personnes extérieures aux transactions.
C'est ainsi qu'au cours des transferts de Fischer, Marsiglia, Pedersen, Beye, Bagayoko, Camadini, Camara, N'Janka, N'Do, Hemdani et Luyindula, le Racing aurait dépensé un total de près de 20 millions de francs en commissions injustifiées pour le compte de ces agents de joueurs (Gilbert Sau, Nicolas Geiger mais aussi Stéphane Courbis).
Qui Per gagne ?
L'opération financière qui déclencha toute l'affaire est le versement par Strasbourg de 175 000 francs - dont une partie en espèces - à Per Pedersen (joueur danois acheté 7,5 MF à Blackburn 6 mois auparavant et dont les performances furent désastreuses) pour qu'il accepte de quitter rapidement le club. Les enquêteurs ont pu établir que Claude Le Roy avait pleinement connaissance de cette opération tout comme celle du transfert nébuleux de Gonzalo Belloso au cours duquel le Racing déboursa une plus-value injustifiée de 1,2 millions de dollars pour le compte d'une société basée aux Bahamas.
11 transferts suspects
Au total ce ne sont pas moins de 11 transferts effectués entre 1998 et 2003 qui semblent entachés d'illégalités, parmi lesquels on retrouve ceux concernant plusieurs joueurs venus d'Afrique, continent dont Claude Le Roy est un des plus grands défenseurs médiatiques.
Dans les faits, l'enquête démontre que l'ancien sélectionneur du Cameroun a profité de la naïveté de Pierre N'Janka et de Joseph N'Do pour réaliser d'importantes opérations financières à leur détriment.
Pire encore, le Racing déboursa en 1999 près de 2,5 millions de francs pour l'achat d'Henri Camara, joueur qui ne portera jamais le maillot alsacien (à cause d'un quota de joueurs hors CEE mal maîtrisé par les dirigeants) et dont le transfert fut finalement annulé en raison de commissions occultes versées à la société Team Consult : le Racing n'a jamais récupéré l'argent de ce transfert.
Proisy, l'arroseur arrosé
L'enquête fait aussi toute la lumière sur le départ de Pegguy Luyindula à Lyon en août 2001, seul transfert où Claude Le Roy n'est pas mis en cause (il fut licencié 9 mois auparavant) au contraire de la société IMG dont la double casquette (propriétaire du Racing et agent de joueurs via sa filière britannique) est dénoncée par les enquêteurs.
Au cours de ce transfert entaché de plusieurs irrégularités, les dirigeants du Racing sont allés jusqu'à antidater un document dans le but de réduire la plus-value due à Niort, le club formateur de Luyindula. Opération qu'a admis Patrick Proisy devant les enquêteurs, ces derniers lui apprenant à cette occasion qu'IMG avait réalisé différentes transactions frauduleuses à l'insu de celui qui était encore président du Racing.
Camadini, trempé jusqu'au cou
Enfin, parmi ces transferts suivis de près par la justice, l'un concerne un joueur de l'effectif actuel du Racing : Pascal Camadini. Arrivé gratuitement en 1999 de Sion, 5 millions de francs sont cependant dépensées frauduleusement par le Racing à destination de l'agent du joueur (Gilbert Sau qui obtient 3 millions) et de Pascal Camadini lui-même à hauteur de 2 millions de francs, même si ce dernier conteste la version pourtant étayée des enquêteurs.
Le sourcier et la cruche
Au cours de leur garde à vue, Le Roy et Proisy, les deux ex-amis de trente ans, n'ont cessé de se renvoyer la balle. Si Claude Le Roy affirme que rien n'était fait sans l'aval du président, ce dernier jure que toutes les négociations étaient uniquement menées par le manager du club.
A la lecture de ce dossier de l'Equipe Magazine, Patrick Proisy apparaît au final tel qu'on pouvait l'imaginer : naïf, absent, procédurier, sans envergure. Lui tout comme Claude Le Roy - dont la défense sans réels arguments s'est effritée au fil de l'interrogatoire - sont désormais mis en examen pour « abus de biens sociaux, faux et usage de faux ».
100 MF liquidés en 7 ans
Tandis que les enquêteurs poursuivent encore leurs investigations un peu partout dans le monde, dans les diverses contrées où l'argent du club a été gaspillé (100 millions de francs selon un audit commandé par la ville), les conclusions de la police judiciaire devraient aboutir à la tenue d'un procès dans un futur proche.
Il n'y sera bien sûr que très peu question de foot. Personne ne s'y demandera comment un club parmi les meilleurs en 1997 a pu se séparer d'un Vencel pour un Chilavert ou d'un Martins pour un Garay. A ce probable procès, on ne parlera que comptes en banque et gros sous autour d'un club qui a bien failli disparaître au printemps 2003, croulant sous un déficit de 12 millions d'euros.
Mais peu importe finalement. Bien que beaucoup d'eau ait déjà coulé sous les ponts, si la suite de l'enquête policière confirme les premières conclusions présentées samedi dernier, ni Patrick Proisy, ni Claude Le Roy ne pourront rien contre la force du courant.
Il sera alors temps de s'asseoir au bord de la rivière.
