RCS - Dijon, côté tribunes

Beaucoup de curiosité autour de ce premier match de la saison, sans doute encore un peu plus que les autres débuts de championnat tant l'enjeu est important et tant les surprises ont été nombreuses durant la trêve avec entre autres le prix incroyablement bas des abonnements, le changement de logo et l'arrivée de JPP à la tête des pros. Résultat : plus de 8 000 abonnés déja cette année qui se pressent aux grilles du stade accompagnés par quasiment autant d'autres fans des Bleus et Blancs. Beaucoup de curieux peut-être mais surtout beaucoup de passionnés. La boutique est prise d'assaut et un quart d'heure avant le coup d'envoi les queues devant les entrées semblent interminables. On sent l'impatience et l'excitation gagner un peu tout le monde.

A l'échauffement, les joueurs exhibent un maillot floqué du nom de N'Diaye éloigné des terrains pendant un bon petit moment à cause d'une rupture des ligaments croisés. Petite preuve de solidarité bien utile vu le combat que sera cette saison en deuxième division. Enfin, peu avant le coup d'envoi le speaker présente au public la toute dernière recrue bulgare, Gargorov, lequel baragouine quelques mots en français (notamment un « merci pour l'accueil »), geste qui s'inscrit parfaitement dans la politique de rachat du club auprès du public.

Enfin les premières émotions fortes quand les joueurs pénètrent sur le terrain. La petite surprise annoncée par Ginestet et (presque) pressentie par tout le monde est bien le changement de la musique à l'entrée des pros. C'est Virginie Schaeffer qui saute et Jump le nouvel ex hymne d'une terre unie. Le Kop déploie un maillot géant du centenaire accompagné d'une banderole « ramenez nos couleurs en L1 ». Puis une minute de silence est observée pour Jean Husson, un des membres fondateurs des Meinau Boys et grand supporter du RCS et du Karlsruher SC. La bâche des ex Blue Pirates (association de fans des deux clubs) fait sa réapparition dans les travées de la Meinau juste pour l'occasion. Les indépendants de la Populaire Ouest déploient une longue banderole noire « Une page de l'histoire des tribunes se tourne RIP Jean » et les UB90 un « RIP Jean ». A noter que la minute est remarquablement bien respectée par les 15 000 personnes présentes vendredi soir.

Deux torches illuminent le Kop et durant les quinze premières minutes la Meinau est assez chaude et les chants du Kop se font bien entendre. Mais une fois que l'excitation du premier coup d'envoi de la saison retombe un peu, l'ambiance s'en ressent aussitôt. Tout le monde est rivé sur les nouvelles recrues, concentré à examiner le moindre de leur geste et de leur positionnement. Et surtout on attend tous un but après la disette de l'an dernier. Alors il faut attendre un peu avant la fin de la première mi-temps pour que la Meinau s'enflamme un peu en conspuant l'arbitre coupable d'avoir sifflé un pénalty généreux à l'adversaire et enchaîner avec un carton jaune à Cassard. La pression est mise sur le tireur dijonnais qui... tape le poteau ! Explosion de joie, l'adrénaline est libérée et surtout le chat noir de l'an dernier dont on a cru un instant revoir le bout des moustaches est bien mort et enterré. Et la mi-temps vient à point nommé pour reprendre des forces, s'hydrater un peu et surtout échanger déjà les avis sur les nouvelles recrues.

A la reprise, les UB90 déploient la banderole habituelle « pour un football populaire stop business » avec un « Stop Thiriez » pour compléter un message directement adressé au grand manitou de la LFP présent dans les travées de la Meinau ce soir-là. Quelques « la Ligue on t'enc... » et « Eurosport on t'enc... » plus tard (les deux institutions étant responsables selon eux du décalage des matches de Ligue 2 le vendredi, lundi ou mardi), les chants d'encouragement reprennent mais plutôt timidement. En fait, las de donner sans rien en retour la Meinau attend vraiment qu'on la fasse vibrer pour s'enflammer. L'entrée en jeu de Gasmi donne beaucoup d'espoir aux supporters strasbourgeois et son coup franc ainsi que les dernières occasions de ses coéquipiers en fin de match ont le don de redonner du souffle aux tribunes alsaciennes qui poussent de toutes leurs forces leurs protégés... Mais en vain.

Match nul donc et 0 but au compteur. Les habituels rentre-tôt sont déjà partis ou ont fait semblant en restant malgré tout sous les portes les pieds dans les starting block, les râleurs râlent, les impatients sont déçus, les plus sages préfèrent rester prudents, les optimistes eux ont le sourire. Pendant que chacun vit la fin du match à sa manière, les joueurs se rejoignent tous au milieu de terrain avec le staff puis se dirigent vers le Kop et saluent tout le public de la Meinau. Un moment assez inhabituel tant ils étaient nombreux, surprenant aussi (après un match nul ce n'est pas évident) mais tellement bon !

A coup sûr, l'effort est mis plus que jamais par le Racing pour redorer l'image du club et des joueurs auprès de tous les fidèles. Cependant, le meilleur moyen pour y arriver reste la performance de l'équipe car si tous les passionnés étaient impatients comme rarement de revoir leur Racing après la longue trêve, ils sont encore plus impatients d'avoir des résultats. Et les quelques sifflets entendus lorsque l'arbitre a mis fin à ce tout premier match sont déjà des avertissements très forts : le public a été exceptionnellement courageux et indulgent l'an passé, cette saison il n'épargnera vraiment personne s'il sent que la remontée est mal engagée.