Amara Diané, joueur de l'année

Tout au long de cette triste saison pour le Racing, match après match, les stubistes ont voté pour le baromètre. Ils ont chaque semaine désigné les meilleurs et les pires joueurs du Racing, match après match. Ce sont ces votes qui ont désigné le joueur de l'année, après de savants calculs qui auraient collé une bonne migraine au plus intégriste des Byzantins. Il serait vain de tenter de les expliquer ici, car cet article prendrait vite l'allure d'un traité de physique nucléaire et ce n'est pas le but, il faut en convenir.

Mais malgré la nébulosité du mode de désignation de l'heureux lauréat, nul ne tentera d'émettre une contestation à l'énoncé du verdict. Amara Diané est le joueur de la saison 2005/2006, et c'est mérité !

La trajectoire de l'attaquant ivoirien a été relativement fulgurante, même si son arrivée de Reims s'est effectuée plus ou moins sur la pointe des pieds. A l'intersaison, les gloses étaient surtout consacrées au vrai faux départ de Marc Keller, le vrai départ de Philippe Ginestet qui s'avérera en fait faux, le vrai de vrai départ de Mamadou Niang, le vrai faux début de saison de Pagis qui s'avéra en fait un faux vrai départ pour l'OM qui deviendra vrai par la suite et enfin au début d'une saison où le Racing aurait vraiment tout faux de bout en bout.

Amara Diané est alors plutôt vu comme un remplaçant lors de ses débuts sous le maillot bleu, mais très vite, ses gris-gris et sa grande activité font une excellente impression. Ses spectaculaires entrées en cours de jeu face à Auxerre et Monaco et sa titularisation à Gerland face à Lyon sont très remarquées. Pourtant très vite, une étiquette de joueurs talentueux mais totalement inefficace devant le but lui colle à la peau durant ses premiers mois à Strasbourg. Il faut dire que le Racing, totalement aphone offensivement, s'enfonce doucement mais sûrement dans les bas fonds du classement....

Pathétique en championnat, le Racing brille paradoxalement en Coupe UEFA. Amara Diané porte sa pierre à l'édifice de ce beau parcours continental en étant l'auteur de fort belle prestation à Bale ou à Rome, deux des (rares) temps forts de la saison du Racing. Il marque d'ailleurs son premier but en bleu au stade St Jakobs, ouvrant ainsi la voie à un formidable succès en Suisse. Pourtant, en championnat, il lui faut attendre le mois de décembre pour connaître enfin le déclic. Celui-ci se concrétise lors de la 17e journée par un but splendide qui offre la victoire au Racing sur le terrain de Nancy, première victoire de la saison en championnat.

Cette prise de conscience, conjuguée avec l'éclosion, hélas éphémère, de Kevin Gameiro, fait souffler un vent d'espoir sur le stade de la Meinau. Face au PSG, il ouvre le score. Face à Ajaccio, il marque un but important qui offre l'avantage au Racing. A Toulouse, il provoque (bien malgré lui !) le penalty de la victoire. Face à Troyes, il ouvre une nouvelle fois le score. Rebelote contre Le Mans et à St Etienne. Enfin face à Lille, il arrache le but de l'égalisation lors des arrêts de jeu. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Amara Diané donne énormément de sa personne au cours de cette sortie d'hiver. On croit alors au miracle d'un impossible sauvetage, le Racing ne pointant plus qu'à deux points de Troyes, premier relégable. Malheureusement, l'équipe ne sait pas comment pleinement faire fructifier la période d'euphorie de son jeune attaquant, se faisant la plupart du temps bêtement remonter au score...

Hélas, Amara Diané n'a pas les épaules assez large pour porter à lui tout seul ce Racing, affaiblit par toutes les luttes intestines ainsi que par le manque de volonté d'une large majorité de l'effectif. Ses neuf buts ne suffisent pas à maintenir le club au sein de l'élite mais sa saison suffit pour attiser les convoitises des meilleurs clubs du pays. Lyon est le premier à se montrer intéressé mais le PSG semble à ce jour tenir la corde. Arrivé au Racing pour une bouchée de pain, le club strasbourgeois réalisera une belle plus-value lors de la vente de son petit bijou, empochant plusieurs millions d'euros bienvenus en ces temps de vaches maigres. Son départ semble en effet inéluctable, il parait en effet inconcevable de conserver un tel joueur en Ligue 2.

Si Amara Diané marque cette funeste saison de son empreinte, le météore Kevin Gameiro en est le rayon de soleil. Dauphin de l'Ivoirien, le jeune attaquant issu du centre de formation a montré par son culot, son envie et son talent qu'il avait l'étoffe d'un véritable phénomène. Malheureusement il fut foudroyé en pleine ascension par une terrible blessure au genou qui le tient éloigné des terrains jusqu'à mi septembre. Puisse-t-il un jour revenir à son meilleur niveau... Quoiqu'il en soit, Kévin Gameiro a fait rêver le public de la Meinau. Même si ce fut bref, très peu de joueurs du Racing peuvent se vanter de cet exploit ces dernières saisons.

Enfin, Stéphane Cassard apparaît à la troisième marche du podium. Malgré un gros passage à vide en cours de saison, qui lui a coûté à un moment donné sa place de titulaire au profit de Nicolas Puydebois, il est l'auteur lors de la fin de la saison de très belles prestations, souligné par une énorme cote de popularité auprès des fans. Personne dotée de grandes qualités humaines, le public a apprécié son grand professionnalisme. Ce professionnalisme qui a tant manqué au Racing... Stéphane Cassard est en définitive l'un des très rares au sein de l'effectif à échapper à la critique...